L’argent et la politique ont toujours été un cocktail on ne peut plus détonant. Conscientes de ses dangers multiformes, les démocraties occidentales ont, comme toujours, anticipé en faisant appel à la force de la loi. Et ce juste pour réguler le phénomène en espérant moraliser davantage la vie politique. Mais, ne nous illusionnons pas, en en finir est tout simplement de l’ordre de l’impossible. Tellement que c’est un problème compliqué, complexe, emberlificoté même. D’ailleurs, régulièrement, des têtes tombent ici et là faute d’en avoir pesé tous les risques.
Que dire alors de pays où la démocratie est bien un vain mot et la loi n’est invoquée que pour réprimer le pauvre et bâillonner l’opposant ? C’est le cas malheureusement de notre très cher et beau pays. Si vous suivez un tantinet soi peu l’actualité marocaine, vous aurez certainement l’occasion d’entendre parler du scandale immobilier qui a éclaboussé le secrétaire particulier du roi, Mohamed Mounir Majidi. Et là, il faut savoir gré à la presse qui l’a révélé. Car, dans ce cas de figure, il en faut du courage, beaucoup de courage, car les risques peuvent vraiment être terribles.
Reste que ce Mounir Majidi n’en est pas à son coup d’essai. Il y a quelques années, ce jeune loup aux dents démesurément longues- diplômé juste d’un simple MBA dans une université américaine- s’est déjà illustré par l’affaire qui a fait grand bruit en son temps, celle des panneaux publicitaires. En fait, c’était son premier coup de maître, sa première poule aux œufs d’or. Et c’est vraiment le cas de le dire. Étant dans une situation de monopole, l’affaire peut brasser non pas des milliers, mais des millions de dirhams. S’ensuit une autre affaire non moins juteuse : usant probablement des ses relations et de son pouvoir, il a vendu au prix fort sa société de téléphonie à Maroc Télécom.
Parallèlement à ses succès fulgurants, toujours douteux dans des pays comme le Maroc, s’effectue en même temps son rapprochement avec l’entourage du chef de l’Etat. En un temps record, il est nommé PDG du holding royal et secrétaire particulier du roi. Ainsi, il devient tout naturellement l’homme fort du capitalisme marocain. Largement tributaire, comme nous le savons tous, du bon vouloir de la monarchie. Désormais, rien ne peut plus se faire dans ce domaine sans son aval. De fait, l’homme est on ne peut plus puissant. Et gare à celui qui se montre récalcitrant !
C’est donc dans ce contexte que le ministre des affaires islamiques Ahmed Taoufik lui a vendu, dans un mépris absolu de la loi et même de la moralité islamique, la terre des Habous de Taroudant -dont il est d’ailleurs originaire- à un prix défiant toute concurrence : 50 dh le m2 alors qu’il en vaut normalement 450 dh. Beaucoup de gens ont raison de reprocher à ce ministre cette transaction douteuse. Mais que peut-il réellement contre la toute puissance d’un proche du roi ? Absolument rien. On peut facilement imaginer que dans ce cas il n’a fait qu’obtempérer aux ordres. Même si ses contorsions verbales absolument pathétiques ne convainquent que lui. Et encore !
Moralité de l’histoire, au Maroc, les premiers à transgresser la loi sont ceux qui sont censés la faire respecter. Au royaume désenchanté, l’histoire se répète. Malheureusement. Comme sous Hassan II, l’élite actuelle, tout aussi vorace si ce n’est plus, ne montre aucun scrupule lorsqu’il s’agit de s’enrichir au dépens, le plus souvent, de tout un peuple souffrant de misère, de pauvreté et d’exclusion. Qu’elle continue donc … puisque la bénédiction du régime lui est accordée !
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