Il y a des peuples qui font l’histoire et il y en a qui le subissent. Les Amazighs en sont, hélas, l’exemple le plus parfait. Si, actuellement, tout le monde essaye de se placer et avancer ses pions sur l’échiquier politique marocain, ils ont encore brillé par leur incompréhensible et désespérante absence.
Que diable attendent-ils pour s’organiser au sein d’un mouvement, englobant toutes leurs tendances et toutes leurs sensibilités régionales et intellectuelles, pour parler en leur nom ? Ne savent-ils pas que certains « attentismes » peuvent être dangereux et même fatals ? Pourquoi encore une fois laisser leurs ennemis- souvent les Islamistes arabistes amazighophobes- les plus irréductibles le faire à leur place ?
Il est sincèrement triste de voir que le mouvement amazigh est incapable de se structurer pour mieux défendre ses plates-bandes. On dirait que les Amazighs n’apprennent jamais de l’histoire. On n’a tous vu qu’ils se sont dévoués par des centaines de milliers pour mettre les Français et les Espagnols dehors. Hélas, la suite est très connue : leurs grands sacrifices ont été empochés, tranquillement, par les « militants » des salons feutrés- comme les a appelés feu El Khatabi.
Ainsi, en guise de reconnaissance, ils n’ont eu, ces dernières soixante années, que racisme officiel et institutionnel, destruction de leur identité et leur culture, falsification de leur histoire, expropriation de leurs terres, dépossession de leur richesses symboliques et naturelles, leur exclusion totale et massive, l’exil de leur jeunesse, leur clochardisation azimutale...
Il est vraiment grand temps que les Amazighs arrêtent de bayer aux corneilles. Primo, en mettant leurs petits conflits personnels à côté. Secundo, en mettant l’intérêt général de l’amazighité et des populations amazighes au-dessus de tout. Pour ce faire, il est vraiment impératif qu’ils ne ratent en aucun cas, cette fois-ci, leur rendez-vous avec l’histoire. Sinon, ils vont à coup sûr le regretter pour toujours. Si bien évidemment, entre temps, ils n’ont pas disparu. Comme le souhaitent ardemment leurs ennemis fort nombreux.
À titre d’un humble militant qui a cœur la défense des siens, je lance un appel solennel à tous les Amazighs- de l’intérieur et de la diaspora- pour mettre en place, le plus tôt sera le mieux, une grande organisation amazighe qui va regrouper tous les militants et toutes les associations amazighes du Maroc. Sa mission sera double : représenter et parler au nom des masses amazighes dans cette période déterminante de l’histoire du pays et réfléchir, ensemble, aux solutions possibles de nos problèmes.
J’en appelle donc au sens de responsabilité de tous les Amazighs sincères et dévoués pour au moins réfléchir à ma proposition. Qui sait ? Peut-être qu’il aura les faveurs de tout un chacun. En tous les cas, il faut absolument faire quelque chose. Il va sans dire que la léthargie et l’apathie ne sont plus tenables. Il appartient à tous d’agir avant qu’il soit, une fois de plus, trop tard. C’est peut-être une occasion qui ne va plus jamais se représenter.