Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je suis militant associatif, membre actif de la Ligue amazighe des droits humains et président de l’association Ouzkan pour le développement. Cette dernière structure a été fondée, au douar Ouzkan, cercle de Bouizakarne, province d’Agoulmim, le 12 novembre 2006, mais dont le récépissé de légalisation n’a été reçu que le 22 février 2007. Toujours est-il que nous essayons, autant que faire se peut, de soutenir les nombreux citoyens spoliés, injustement, de leurs terres ancestrales.
Pourquoi cet intérêt pour la problématique de la terre ?
Pour la simple raison que c’est la pierre angulaire de tout développement rural et une source de vie pour toutes les populations autochtones amazighes. Reste que les complications bureaucratiques faites autour de la conservation foncière les inquiètent au plus haut point. Ainsi, nous avons fait de cette question de la terre et la protection de l’arganier notre principal souci et notre raison d’exister. Ce qui veut dire s’opposer, forcément, aux intérêts des mafias locales de mèche avec certains services de l’Etat pour s’approprier illégalement des terres de plusieurs hectares à des prix extrêmement bas.
Une plainte a été déposée contre vous, pour quelle raison ?
En effet, travailler sur la question sensible de la terre est semé d’embûches de toutes sortes et nécessite, parfois, de payer un certain prix au combat que nous menons. Simplement parce que nous nous opposons au Makhzen et les mafias locales, capables d’user de tous les moyens en leur possession, pour satisfaire leurs gros appétits immobiliers. C’est dans ce contexte que nous avons organisé un colloque international, avec la participation effective du Congrès mondial amazigh, la Ligue amazighe des droits humains et l’association Ouzkan, le 10 février 2007, à la Maison de la culture à Bouizakarne. Et ce pour y examiner ce phénomène inquiétant des expropriations illégales et écouter les doléances des victimes venues très nombreuses.
Quelle a été la réaction de ces mafias ?
Naturellement, elles n’étaient nullement contentes des tournures qu’ont pris les événements, à cause principalement du dévoilement de leurs basses œuvres devant le public et les autorités. Elles ont donc décidé de réagir au quart de tour en m’intentant un procès, dont la première audience aura lieu 9 juillet 2007. Et ce sans que le tribunal ne fasse une quelconque enquête pour savoir c’est ce qui m’est reproché est réellement vrai. Mais le plus étrange dans cette affaire, c’est que nous n’avons de cesse d’interpeller tous les organismes publics, dont le domaine de compétence recouvre les questions de la terre, pour diligenter une enquête et faire la lumière sur les nombreuses expropriations qui ont eu lieu dans la région. Surtout que nous avons en notre possession toutes les preuves nécessaires. Mais voilà, c’est moi qu’on poursuit pour la simple raison que je fais mon travail de sensibilisation ! Surprenant, n’est-ce pas ?
De quel genre de soutien avez-vous le plus besoin ?
Considérant ce procès comme une atteinte grave à la liberté d’expression et d’opinion, une violation dangereuse des droits de l’homme et une intimidation préoccupante de tous les militants et autres animateurs associatifs, j’appelle tous les partis politiques, les syndicats nationaux, toutes les organisations de la société civile, les associations des barreaux des avocats, pour me soutenir dans cette épreuve et faire de la liberté d’expression et d’opinion un principe sacré auquel il ne faut jamais renoncer. Quoi que puisse en être le prix. Surtout qu’il est à craindre qu’on revive, encore une fois, les années de plomb après les inquiétantes régressions par rapport aux acquis des droits de l’homme constatées ces derniers jours un peu partout sur le territoire national
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