jeudi, juillet 12, 2007

Mohamed Mernich : « J’ai produit ‘’ Tilila’’ avec mon argent propre et sans l’aide de personne. »

Mohamed Mernich n’est pas n’importe qui. Il est l’un des pionniers qui ont mis les premiers jalons de la belle aventure du cinéma amazigh. Même s’il est autodidacte, cela ne l’a pas empêché d’être à l’origine de plusieurs films qui ont connu un succès à faire rêver plus d’un. Cet entretien sera donc l’occasion de parler de son domaine de travail, à savoir le cinéma amazigh, de ses efforts pour le faire évoluer, dans le bon sens du terme, et son souhait de l’inscrire, coûte que coûte, dans la durée.

Pouvez-vous vous présenter et, ensuite, nous parler de votre expérience cinématographique ?

Je m’appelle Mohamed Mernich Outtalb. Je suis né en 1951 à Ounzoud dans la région de Chichaoua. Je suis considéré parmi les fondateurs du jeune cinéma amazigh. D’ailleurs, j’ai produit plusieurs films qui ont connu pas mal de succès. C’est à ce titre que l’on m’a rendu hommage lors du festival de Sidi Kacem, - il a eu lieu du 12 au 16 avril 2007- qui a vu la projection de nombre de présentations amazighes. Le premier film que j’ai réalisé a été " Tigigilt " en 1992. Il a d’ailleurs connu en son temps un succès phénoménal. Jusqu’à présent, j’ai réalisé quelque 20 films majoritairement en format vidéo. Mais dernièrement, j’ai commencé à faire un cinéma qui répond aux standards internationaux. Pour cela, j’ai réalisé et produit de mon argent propre trois courts métrages ( Manque, Avidité et Doute) et un long métrage ( " Tilila "). Ce dernier film a été l’objet de l’engouement de beaucoup de public, car plusieurs salles et nombre de festivals à travers le Maroc l’ont projeté.

Qu’en est-il de votre film " Tilila " et quel est son contenu ?

J’ai commencé cette aventure sans compter sur l’aide de personne. Je pense que faire des films 36 mm est quand même une importante évolution, un grand pas pour le film amazigh. Mais ce n’est pas du tout un travail de tout repos. Reste qu’il permettra à coup sûr d’ouvrir de grands horizons au film amazigh : d’une part, parce que le public qui va désormais le suivre va être important et, d’autre part, parce qu’il aura, enfin, la possibilité de participer aux grands festivals internationaux. Quant au film " Tilila " ( secours, sauvetage…), je l’ai tourné dans des décors réels et comme l’indique son titre, il sous-entend des aventures enchevêtrées et des événements emmêlés, puisque l’action de porter secours ne peut être que la conséquence de ce genre de situations. D’ailleurs, le fait que Hassan sauve la jeune fille de la pendaison et la protège contre les villageois et l’ogre de la forêt, m’a convaincu que " Tilila " est absolument le meilleur titre à un film de ce genre.

Que pouvez-vous nous dire de l’aide de la Commission d’aide au cinéma qui a décidé, pour la première fois de son histoire, d’accorder 1.9 million de dh au film " Tamazirt ufella " ( Le pays des hauteurs) que vous comptez réaliser ?

Je suis très content de cette aide morale et matérielle. Je ferai tout mon possible pour être à la hauteur de la confiance qui m’a été faite. En tous les cas, soyez-en sûrs, nous, les acteurs et les cinéastes amazighs, allons déployer tous nos efforts pour ne pas décevoir et donner ainsi à notre cinéma la place qu’elle mérite.

Qu’en est-il du contenu de ce nouveau film ?

Il va être tourné dans des décors réels situés principalement dans le Sud, Meknès et d’autres régions marocaines. Il verra la participation des plus grandes stars du cinéma amazigh. Celles bien sûr qui ont déjà fait leurs preuves dans les films télévisuels, vidéo et VCD. Quant au contenu, ce long métrage va essayer de jeter un nouveau regard sur les tribus amazighes, qui, malgré la marginalisation chronique, sont restées terriblement attachées à leurs valeurs ancestrales. On y racontera l’histoire de l’une d’elles, perchée dans une montagne, qui, au lieu d’accepter l’offre alléchante des autorités locales de descendre s’installer dans la plaine avoisinante, a exigé qu’on lui construise plutôt une route pour la désenclaver. Pour ne pas passer outre les règles sacrées de l’hospitalité, la tribu n’a pas trouvé mieux que d’égorger la seule vache qu’elle possède lorsqu’un représentant des autorités lui a rendu visite. Mais celles-ci, restées insensibles à toute cette sollicitude, n’ont jamais tenu leurs multiples promesses. Arrêtons-nous là, si vous le voulez bien, et laissons au lecteur l’occasion de découvrir la suite lorsque le film sera fin prêt.
Cet entretien a été réalisé en arabe par Lahcen Bazir
Je n'ai donc fait que sa traduction en français.

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