dimanche, janvier 29, 2006

Irak: Karamyan ou le génocide des Kurdes

Saddam Hussein était un tyran sanguinaire qui n’a jamais hésité à massacrer ses propres populations pour se venger de telle ou telle révolte ou tout simplement pour réaliser son rêve totalitaire d’arabiser totalement l’Irak.

Les Kurdes, ce peuple martyre nullement gâté par le destin, ont subi plusieurs massacres, mais le plus célèbre est de loin celui d’Al-Anfal. C’était une opération militaire d’une rare violence qui s’est étalée sur une période d’un an et demi. Plus exactement du printemps de 1988 jusqu’à la fin de 1989.

Quelque 182 mille hommes, femmes, enfants, vieux de Karamyan, une région kurde au nord de l’Irak, ont été déportés dans le sud, dans le plus grand secret. Ce n’est qu’après la chute du régime de Saddam, avec l’intervention américaine, que l’on a commencé à découvrir le terrible sort réservé à tous ces innocents dont le seul tort est de ne pas être des Arabes. Plusieurs charniers ont été d’ailleurs découverts un peu partout dans le désert irakien. Il est plus que probable qu’ils avaient été passés tous aux armes, car, à ce jour, aucun d’eux n’est revenu.

L’ex-dictateur irakien fait face en ce moment même à son procès dans une autre tuerie qu’il a perpétrée contre un village chiite, Dojail. À la suite d’un attentat raté contre sa personne, en guise de représailles, 184 personnes de ses habitants ont été tout simplement massacrées par les forces de l’ordre.

Les familles kurdes attendent donc impatiemment leur tour pour affronter Saddam dans un tribunal et panser un peu les blessures on ne peut plus douloureuse à cause de la perte des leurs dans des conditions pour le moins effroyables.
Lahsen Oulhadj

mercredi, janvier 18, 2006

Golfe: haro sur les immigrants

" Les pays arabes du Golfe seront en danger si jamais ils se décident à accorder massivement la citoyenneté aux travailleurs immigrés, car cela risque de changer radicalement leur composition ethnique et culturelle ", tel est l’essentiel de ce qui ressort des propos alarmants tenus par le ministre bahreïni du travail, Majid Ben Mouhsine al-Alaoui, le 15 janvier 2006, lors d’un entretien avec le journal panarabe, Asharq-alawsat.

Le ministre a tout à fait raison de s’inquiéter car le Golfe est la seule région au monde où les populations de souche sont minoritaires. Il faut dire que le boom économique qui a suivi l’exploitation des richesses importantes en pétrole, les besoins étaient énormes en termes de main d’œuvre. Il était donc tout à fait logique de faire appel aux étrangers. Mais pas n’importe lesquels. Il fallait qu’ils fussent dociles et bon marché. Ce qui fut décidé, fut appliqué. Dès le début des années soixante-dix, des milliers et des milliers d’Indiens et de Sri lankais ont été invités pour travailler moyennant des salaires dérisoires dans les multitudes de chantiers et d’usines qui avaient éclos un peu partout dans la région.

Des décennies après, l’on vient se rendre compte d’une chose importante : ils sont, dans la majorité des cas, hindous, boudhistes et même chrétiens. Autrement dit, ils ne sont ni musulmans et encore moins arabes. Ce qui, à terme, peut constituer un gros problème pour les pays hôtes. D’où les craintes justifiées, mais légèrement exagérées, du ministre Bahreïni du travail qui affirme qu’ " il est possible que la culture arabe disparaisse à jamais dans le Golfe, qui risque de devenir un melting pot qui n’a absolument rien à voir avec les valeurs et l’identité de cette région du monde ".

Il a mis en garde les gouvernements locaux contre les dangers de toute décision internationale ou de lois législatives qui tendraient à les obliger à accorder la citoyenneté du pays d’accueil à ces immigrants. D’où son appel à limiter drastiquement leur nombre par un certain nombre de mesures pour le moins expéditives.

Cependant, une question se pose : pourquoi donc les monarchies richissimes du Golfe, si elles avaient réellement à cœur la défense de leur identité, n’ont-elles pas fait venir les millions d’Égyptiens et de Jordaniens misérables qui ont le mérite d’être arabes et de surcroît musulmans ? Pour une raison simple : se méfiant comme de la peste de leurs voisins, les pays du Golfe ont peur d’une déstabilisation de leurs pouvoirs par une présence forte de leurs ressortissants. Ils ont donc opté pour des pays lointains et de culture complètement différente. Sauf qu’il y a un prix à payer, ce dont s’inquiète à juste titre le ministre Bahreïni.
Lahsen Oulhadj

jeudi, janvier 12, 2006

Bonne année à tous les Amazighs du monde

Si vous ne l’avez pas deviné, je suis amazigh (berbère). Oui, j’appartiens à ce peuple vieux comme le monde qui vit sur une aire géographique pour le moins large.

Il occupe pratiquement toute l’Afrique du Nord. Plus précisément : cela va de l’océan atlantique jusqu’au confins égyptiens. Et de la Méditerranée jusqu’à l’Afrique subsaharienne. Sans oublier la diaspora qu’on trouve dans pratiquement dans tous les pays du monde et qui compte plusieurs millions de membres.

C’est aujourd’hui, le 12 janvier, que tous ces Amazighs du monde fêtent leur propre jour de l’an qui est ponctué par plusieurs festivités culturelles et culinaires qu'il serait vain de détailler ici.

À cette occasion, je fais mes vœux de bonheur, de prospérité et surtout de liberté à ce peuple qui continue de résister et de vivre tant bien que mal.

Que l’année qui vient soit meilleure que l’année précédente !

dimanche, janvier 08, 2006

Le glas a-t-il sonné pour le régime syrien ?

Chronique:

Le régime baâthiste de Syrie est dans de beaux draps. Il semble même que ces jours sont comptés. Complètement déconnecté de la réalité, il ne sait pas que le monde a changé de fond en comble. Ce qui fonctionnait il y a quelques années n’a plus cours. D’où une série d’erreurs d’appréciation majeures. Jugeons-en !

La première, ce qui lui a valu d’ailleurs d’être dans la ligne de mire des Américains, est son opposition virulente à l’ invasion de l’Irak. Comme cela ne suffisait pas, il a aussi permis, ce qui a davantage aggravé son cas, l’infiltration de centaines de combattants jihadistes en Irak via son territoire. Ce que les Américains n’ont absolument pas digéré et n’ont de cesse de le faire savoir.

D’ailleurs, ils ont essayé tout pour l’amener à de meilleurs sentiments, mais en vain. Lassés, ils ont décidé de lui imposer des sanctions économiques unilatérales. Ce qui est, même si le régime syrien ne le montre pas, pareil un coup de massue qui l’a, par conséquent, un peu plus isolé, à tous les niveaux.

La deuxième, et qui risque de l’emporter, est son implication au Liban d’où il s’est retiré, un peu honteusement, sous les pressions tous azimuts des puissances occidentales. Ce qu’il n’a d’ailleurs jamais accepté et l’a fait savoir par la violence la plus extrême : une suite d’attentats sanglants ont visé principalement tous ceux qu’il soupçonnait de s’opposer à ses visées dans ce pays. Notamment des journalistes et des hommes politiques. Rafic Hariri, personnalité pro-occidentale très respectée et ancien premier ministre, en est d’ailleurs la victime la plus célèbre.

Les premières conclusions du rapport onusien de Detlev Mehlis montrent sans ambages que la main syrienne est derrière son assassinat. Nonobstant les dénégations répétitives des officiels de Damas, il y a des signes qui ne trompent pas. À titre d’exemple, le suicide spectaculaire, dans son bureau, du ministre syrien de l’Intérieur, Ghazi Kanaan. Et juste après son interrogation par le même Mehlis.

Avec ses actes insensés, la Syrie a réussi la gageure de se mettre à dos la France, grande amie des Arabes, car Rafic Hariri n’était pas n’importe qui. Il était un proche plus qu’intime du Président Jacques Chirac. Il est donc tout à fait normal que celui-ci fasse les mains et les pieds pour confondre les commanditaires de l’attentat et pourquoi ne pas les traduire devant une cour de justice.

La France est vraisemblablement derrière le pavé dans la mare du vice-président démissionnaire et l’un des hommes lige d’al-Assad père, Abd Halim Kheddam, qui séjourne actuellement à Paris. Il n’a pas hésité à impliquer personnellement l’actuel président Bachar al-Assad dans le meurtre de M. Hariri. Qui pis est, il appelle rien de moins qu’à un changement du régime à Damas. C’est carrément une rébellion des hommes forts du pouvoir syrien qui commence à poindre son nez.

Il est certain que les évènements vont s’accélérer pour la dictature d’al-Assad, connue par ses violations massives des droits de l’homme. Elle est dorénavant et irrémédiablement dans le collimateur de la communauté internationale. Reste une question : tiendra-t-elle encore combien de temps ? Car le compte à rebours semble bel et bien lancé. Ce n’est probablement pas ses victimes, qui se comptent par milliers, qui vont s’en plaindre.
Lahsen Oulhadj