mercredi, décembre 31, 2008

Une bonne année à tous

En cette nuit de Saint Sylvestre, je tiens à faire mes meilleurs voeux de paix, de bonheur et de prospérité à tous mes lecteurs qui prennent la peine de lire mes ''salades scripturaires''.

Espérons de tout coeur que l'année à venir sera moins injuste- car je ne pense pas que cela changer de sitôt- à tous les peuples opprimés de par la planète. Dont bien sûr le mien, celui dont je parle le plus souvent sur ce blog, les Amazighs.

En guise de cadeau- quand même!-, je vous propose de découvrir Raïs Tijani, un artiste amazigh du Souss qui promet beaucoup. À condition qu'il fasse un effort dans les paroles, car elles ne sont tout simplement pas à la hauteur. Par contre, les arrangements sont tout simplement sublissimes. Un vrai régal musical !

http://www.dailymotion.com/search/souss/video/x7vkxb_raiss-tijani-kif-trip_music

jeudi, décembre 04, 2008

La dignité perdue des hommes pas vraiment libres

Lors de la fondation de l’IRCAM, beaucoup se sont empressés de le condamner sans appel. Sans lui donner la moindre possibilité de faire ses preuves. Ça n’a pas été mon cas. Les procès d’intention n’ont jamais été et ne seront jamais mon truc. Car je crois fermement qu’en politique -n’en déplaise à certains qui peuvent soutenir le contraire, l’IRCAM est avant tout une institution politique, mise sur pied par des politiques, avec des objectifs éminemment politiques-, il faut toujours juger sur pièce et non pas sur les paroles. Un grand politicien français- c’est-à-dire dans une démocratie s’il vous plaît- n’aime-t-il pas à répéter que les promesses n’engagent que ceux qui les croient ?  Que dire alors d’un pays aussi dictatorial que le Maroc ? Je vous laisse volontiers tout le soin d’imaginer la réponse la plus adéquate.

En fait, il faut toujours attendre et prendre tout son temps pour voir les actions concrètes sur le terrain et ainsi pouvoir tirer, le plus froidement du monde,  les enseignements qui s’imposent. Dans le cas du Maroc, il est bien connu que le Makhzen a toujours l’habitude de parler, de même trop pérorer, jusqu’à ce qu’il vous rende nauséeux, mais sans jamais résoudre quoi que ce soit. D’ailleurs, quels sont des problèmes auxquels il a déjà trouvés des solutions en soixante ans de pouvoir ? N’est-il pas là que pour se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir, gérer la misère de la majorité et protéger les intérêts de sa minorité arabo-andalouse aux dents incroyablement longues ?  

Pour autant, à l’époque de la création de l’IRCAM, il y eut un fait nouveau et exceptionnel en même temps qu’il ne fallait pas omettre et surtout sous-estimer : l’avènement du nouveau règne. Ainsi, on s’est permis à nos risques et périls d’espérer que les choses se feront autrement, que les méthodes vont changer et que les solutions vont être mises sur place. Mal nous en a pris. Car, hélas, c’est loin d’être le cas. La situation de l’amazighité n’a pas changé d’un iota. Elle a même empiré à certains égards. Pire, fait nouveau, la provocation, le mépris et le racisme anti-amazighs ont même dangereusement augmenté pour atteindre des proportions jamais  inégalées.

Des années après…

Après une vie plus ou  moins mouvementée, l’on est en droit d’affirmer que l’institution qui devait l’amazighité prendre à bras-le-corps, le bien nommé IRCAM, n’a réussi aucune de ses missions- seul Ahmed Boukous pense le contraire, ce qui se comprend tout à fait, il faut bien qu’il défende sa chapelle. Une véritable faillite dans la plus pure tradition makhzenienne. Parce que tout simplement, le régime a voulu qu’il en soit ainsi. En prenant du recul, on se rend compte que, en réalité,  l’IRCAM était juste une simple manœuvre pour, d’une part, absorber momentanément la colère amazighe et pour, d’autre part, noyer encore et toujours le poisson –il est d’ailleurs un champion mondial de cette spécialité. En attendant encore et toujours que le temps fasse son effet dévastateur.

Ce qui se comprend tout à fait. Au risque de répéter indéfiniment des lapalissades, l’idéologie très officielle du Makhzen est fondamentalement et foncièrement anti-amazighe.  À dire vrai, ceux qui dénoncent à tout bout de champs la makhzenisation en cours du tamazight, se sont trompés sur toute la ligne. Les pauvres, ils ne savent pas ou ce qu’ils feignent de ne pas savoir- surtout pour certains qui sont très bien informés- que le Makhzen ne veut en aucun cas de l’amazighité. Il faut savoir, et les faits- têtus qu’il sont- nous donnent amplement raison, qu’il la considère pire qu’une souillure repoussante ne méritant qu’une chose : la disparition. Le plus tôt sera le mieux.

Pourquoi ? Parce que… ce n’est pas sa culture. C’est aussi simple que cela. Qu’elle survive par la suite ou qu’elle disparaisse, c’est le dernier de ses soucis. Ses cultures arabes et françaises, il s’en occupe  très bien. Trop bien même. Le tout bien naturellement avec l’argent et les richesses du pays des Amazighs, le Maroc. Que celui qui n’est pas content, aille se fracasser la tête contre la première montagne de l’Atlas qu’il traverse !  Tel est le message on ne peut clair, on ne peut plus direct et on ne peut plus brutal du Makhzen.

Permettons de rêver un peu et ouvrons une petite parenthèse ! Supposons que le régime marocain, animé de toutes les bonnes intentions du monde,  décide enfin, demain ou le lendemain, de reconnaître pleinement l’amazighité. Est-ce que vous pensez qu’il va gérer d’une manière équitable la diversité culturelle et identitaire que la nouvelle situation implique ? Ce n’est vraiment pas sûr. Il n’a même pas été capable à résoudre les insignifiants problèmes de voiries et à plus forte raison s’occuper de sujets autrement complexes- le multiculturalisme entre autres-, propres aux systèmes tout autant complexes.

En fait, la promotion réelle de l’amazighité implique, à mon humble avis, un personnel politique extrêmement compétent, intelligent, patriote et, par-dessus tout  un État de droit. Ce qui est loin -et je pense que vous en conviendrez- d’être le cas de l’État archaïque du Makhzen, de ses fonctionnaires corrompus et de son administration moyenâgeuse.  Quand je pense à un pays comme le Canada, l’un des pays les plus modernes, les plus riches et les plus efficaces au monde, qui a tout le mal du monde a gérer sa dualité culturelle franco-anglaise,  qu’en sera-t-il d’un pays aussi arriéré que le Maroc ?    

Légitimité

Si l’on revient à notre sujet principal, l’on peut affirmer sans vouloir exagérer que  légitimité du Makhzen  repose essentiellement sur la négation pure et simple du fait amazigh. D’où sa tendance  plus que marquée à considérer, avec une condescendance agressive, la majorité de la population marocaine comme des fantômes juste bons à être rabaissés. Ce qui est on ne peut plus le cas, car ceux-ci n’ont aucune valeur. Mais alors là aucune. D’autant plus qu’ils font tout, eux-mêmes, pour ne jamais en avoir aucune. Comme si toutes les humiliations azimutales du Makhzen ne suffisent pas, il faut qu’ils rajoutent eux-mêmes leur propre couche.

Il faut se rendre à l’évidence, le Makhzen n’est pas aussi bête pour scier -lui qui est obnubilé par une seule et unique chose : perdurer à tout prix- avec ses propres mains la branche sur la quelle il est assis. L’amazighité étant éminemment politique (avec une tout autre idéologie à la limite subversive pour le régime ou perçue comme telle), espérer qu’il la promeuve, c’est faire dans la naïveté la plus béate. C’est mettre non seulement son doigt mais carrément ses mains et ses pieds dans son propre œil.

Avez-vous jamais vu un dominateur  incroyablement arrogant  faire la promotion pour ceux qui sont sous sa férule ? Ma foi, jamais. Soyons pour une fois réalistes, ne pensez-vous que c’est trop lui demander ? Ne croyez-vous pas que, ce faisant, il se délégitime lui-même ?  Ne se condamne-t-il pas quelque part tout seul, lui qui ne perçoit l’amazighité qu’à l’aune de préjugés préhistoriques- parce qu’il ignore tout d’elle ? L’on aura de cesse de le dire et de le répéter, le Makhzen et l’amazighité sont fondamentalement irréconciliables pour ne pas dire franchement antinomiques. Parce que de nature et d’origine complètement différentes. En fait, c’est carrément le feu et l’eau. Désormais je l’espère, il ne faut plus jamais se faire d’illusions à ce sujet. 

Dans ces circonstances, l’IRCAM ou toute autre institution s’occupant de l’amazighité ne pourra jamais avoir les coudées franches. En fait, tout ce qui lui est lié est condamné  d’avance à l’échec. Avec un tas d’humiliations en guise de bonus. Vous n’avez qu’à voir le sort réservé à la télévision amazighe (qui a eu le même triste sort de l’Institut amazigh de 1978) alors qu’en même temps on assiste, complètement passifs et désarmés, à l’inflation de chaînes qui font uniquement la promotion de l’arabisme décliné sous toutes les formes possibles et imaginables. Même les plus pathétiquement extrémistes et racistes. Mais non, les Arabes ne sont jamais racistes. Seuls les « sales » amazighs peuvent l’être. D’ailleurs, c’est cet argument que le ministère de l’Intérieur a invoqué pour dissoudre le seul parti amazigh au Maroc, le PDAM.  

Inconscience

Ceci étant dit, l’IRCAM a été plus que positif. Mais pas dans le sens que l’on espérait. En fait, il a montré ce qu’on soupçonnait déjà : l’archaïsme amazigh dans sa parfaite illustration. Certains traits de la personnalité amazighe seraient-ils génétiques ? Hélas, il faut bien le penser. Si mes souvenirs sont bons, une fois sa composition connue, une cabale azimutale anti-soussie, d’une extrême virulence, a été  lancée. À dessein bien évidemment : il fallait décrédibiliser les Soussis, tous les Soussis, désormais perçus, comme des makhzeniens, des collaborateurs, des traîtres... Bref, des ennemis à abattre. Même les sites Internet de ces mêmes Soussis n’ont pas échappé à cette véritable chasse aux sorcières. 

La raison ? Il semblerait qu’ils soient majoritaires au sein de l’IRCAM. D’ailleurs, certains n’ont pas hésité à parler de la « soussisation » du tamazight. Plus que cela, sans avoir peur du ridicule, d’autres ont carrément invoqué « l’impérialisme soussi ». Mais a-t-on fait une enquête rigoureuse pour vérifier si la mainmise des Soussis sur l’IRCAM est bien réelle ou juste fantasmée ? Non, rien de tout cela. Mais cette allégation a été vite mise au rang des vérités indiscutables. Et ça ne sert à rien de la remettre en équation.

Mais qu’en est-il réellement ? En fait, la présence à l’IRCAM des militants amazighs les plus médiatisés, qui ont le « malheur » d’être originaires du Souss, a fini par convaincre que cette « honorable institution » est assurément la propriété des « épiciers » du Souss, selon l’expression méprisante d’un mécontent anti-soussi. Comme si être épicier est une tare, une malédiction. D’ailleurs, j’ai même lu pire que cela. Mais ce n’est pas vraiment le propos ici. Passons!   

Une chose est sûre, le combat avant-gardiste et les nombreux sacrifices des meilleurs enfants du Souss ont été enterrés, définitivement relégués aux oubliettes. À la vitesse de l’éclair. Bonjour la gratitude ! Pire, l’ennemi à combattre n’est plus le Makhzen, qui du haut de son amazighophobie légendaire regarde amusé le spectacle, mais le Soussi, devenu du jour au lendemain la bête noire. Autant dire la personnification du mal absolu. 

Comment alors voulez vous, par la suite, que les Amazighs soient respectés et pris au sérieux?  Pour un petit et minuscule os, l’IRCAM pour le nommer, ils n’ont même été capables de sauver les apparences et ils exigent, avec un entêtement risible, qu’ils soient respectés par le Makhzen - qui a effacé le mot respect depuis des lustres de son vocabulaire, surtout envers les Amazighs. Ce n’est vraiment pas sérieux et encore moins raisonnable.   

Bêtises 

Pour notre grand désespoir, un autre fléau non moins grave a vu son apparition à la fondation de l’IRCAM. Tous les discours modernes et même « postmodernes » dont se targuent ses ténors  les plus en vue, ont laissé subitement place non pas au tribalisme et au nombrilisme -si c’était encore cela, ça aurait été plus qu’acceptable-, mais, pire, au « patelainisme »- si vous permettez ce néologisme- le plus pathétique. (Vous n’avez qu’à voir la guerre actuelle autour du CMA) 

Vous vous demandez certainement que peut bien cacher ce nouveau « concept » de ma propre fabrication. Il s’agit simplement de cette hideuse mentalité qui ne permet jamais aux nôtres de voir plus loin que leurs  minuscules nez et à plus forte raison les limites de leur propre tribu. Pire, tout chez eux se résume à des intérêts personnels mesquins, des égos immensément hypertrophiés et à des calculs d’un autre âge.

Leur combat pour l’amazighité, que l’on imaginait désintéressé, a été juste un prétexte. Plus prosaïquement, l’amazighité n’était que l’ânesse qu’ils ont montée pour arriver à concrétiser leurs petits intérêts. En réalité, rares sont ceux qui ont fait montre de leur modernité (la modernité n’est pas seulement la laïcité), à savoir un sens aigu de responsabilité, un continuel souci de l’intérêt général et la conscience de la gravité du moment. Le peuple amazigh n’est-il pas en voie en disparition par la volonté de quelques fascistes arabistes en mal de déstruction ?   

En fait, plût à Dieu qu’il ne s’agissait que de l’IRCAM ! Imaginez que l’enjeu soit plus important,  il est plus que sûr que l’on ne s’arrêterait pas aux échanges d’invectives et autres obscénités. Certains n’hésiteraient pas à sortir leurs poignards rouillés- ils ne les utilisent plus que pour Ahwach ou Ahidous - pour s’entretuer. Pour répéter une énième fois ce que les Amazighs ont toujours excellé à faire de par leur longue histoire : s’éliminer avec beaucoup d’enthousiasme pour le plus grand bonheur de leurs ennemis. De fait, comme dirait ma petite maman, « un Amazigh ne se rappelle du courage que lorsqu’il est question de réprimer son propre frère ». 

Un autre point non moins important : la création de l’IRCAM a aussi montré au grand jour que les Amazighs ne sont pas tous les mêmes. Ils sont extrêmement hétérogènes. Avec des accents, des mentalités et des histoires variés et même, parfois, des intérêts diamétralement opposés. Pire, chacun cultive avec beaucoup d’extrémisme et d’intolérance sa différence. En stigmatisant au passage l’autre, bien évidemment son frère amazigh, en croyant bien faire. J’ai même lu quelque part sur Internet un rédacteur amazigh affirmer, sans aucunement avoir froid aux yeux, que l’accent de son village du fin fond de l’Atlas est le plus beau. Une course à la pureté qui ferait rire plus d’un. Bien sûr en ayant en tête l’accent ou plutôt les accents-il y en a plusieurs, mais il ne le sait pas- pratiqués dans le Souss. 

Que faut-il faire donc ? À mon sens, il n’y a pas un million de solutions. Il faut que chaque région amazighe revendique son autonomie. Une fois acquise, qu’elle fasse elle-même la promotion de sa propre langue amazighe comme bon lui semble. Car dans les circonstances actuelles, l’on aura toujours des gens qui penseraient que la place accordée à tel ou tel groupe ou à tel ou tel parler est plus importante que le leur. Ce qui fera que provoquer des frustrations et attiser des conflits à n’en pas finir.  Ce dont on n’a nullement besoin. 

Ratages 

En évoquant le parcours de l’IRCAM, et même si l’on n’a pas besoin de le répéter indéfiniment, cette institution a subi plusieurs défaites cuisantes sur plusieurs fronts ô combien symboliques. De l’aveu même de ceux qui y exercent. L’enseignement est une vraie mascarade. Les médias, une perpétuelle insulte. Les prénoms, une interdiction peut en cacher une autre. (Espérons qu’après le décès de l’historiographe officiel du royaume, le tristement célèbre Ben Mansour, les parents amazighs auront plus de latitude à choisir les prénoms de leur choix).  

Pour faire un peu dans l’ironie, la « soussisation » du tamazight, vécue par plusieurs comme un terrible cauchemar, n’a pas finalement eu lieu. Tous leurs efforts pour ameuter le monde entier contre le Souss et les Soussis n’ont servi strictement à rien. En lieu et place de la « soussisation » tant crainte, parce que l’IRCAM qui devrait en être normalement le moteur – toujours selon eux- est pieds et mains liés, ils ont eu le mépris total du Makhzen. Leur seule réaction est, bizarrement, de rester … motus et bouche cousue. Je les comprends tout à fait, le Makhzen est un gros morceau. Ils risquent d’y laisser leurs plumes et même leur frêle peau. 

Mais si l’IRCAM ne pouvait rien changer sur les domaines évoqués plus haut, parce que cela touchait à la vision « sacrée » que le régime a du Maroc et de lui-même, ses responsables auraient pu se montrer  plus inspirés. En fait, il fallait être plus malin que le Makhzen en se rattrapant sur d’autres domaines laissés en friche. Et ce n’est pas cela qui manque, surtout qu’ils ont beaucoup de moyens.  En fait, ils en ont énormément. 

Ainsi l’IRCAM aurait pu investir une partie de son budget pour au moins réimprimer les livres amazighs introuvables et  rassembler  tous les documents amazighs qui traînent au Maroc et dans le monde. Et ainsi mettre sur pied, pour la première fois, une bibliothèque amazighe en bonne et due forme. Ce qui rendrait un immense service aux Amazighs eux-mêmes en mettant à leur portée leur propre patrimoine écrit. Au lieu qu’il soit indéfiniment prisonnier des bibliothèques privées ou occidentales. 

L’IRCAM aurait pu aussi faire l’effort de réunir tout le patrimoine audiovisuel amazigh (disques, cassettes et films), car chaque jour qui passe une partie se perd à jamais, et le mettre sur des supports électroniques sûrs. Autrement dit, en numériser autant qu’il le pouvait. Et ce, pour le mettre non seulement au service des chercheurs, mais aussi le préserver pour que les générations à venir puissent le connaître. Il va de soi qu’il n’y pas d’autres possibilités pour maintenir la culture et surtout la mémoire d’un peuple vivantes et même vivaces.

C’est vraiment regrettable, rien de tout cela ne s’est passé. Pire, à en croire certains, les responsables de l’IRCAM se sont même permis le luxe de rendre le surplus de leur budget au Makhzen. Comme s’ils n’avaient plus d’idées pour le dépenser. D’autant plus que c’est la première fois de l’histoire moderne du Maroc qu’un budget est consacré à l’amazighité. En tous les cas, si ce fait est réel,  je ne sais vraiment pas s’il faut en pleurer ou en rire.

samedi, novembre 15, 2008

Le royaume d'Algérie voit le jour

Comme vous le savez tous, le régime algérien ne porte absolument pas dans son cœur son alter-ego marocain. Même s’ils partagent la même idéologie et les mêmes origines ethniques - ils sont tous les deux arabistes et arabes. Pendant des décennies, le régime algérien n’avait de cesse de cultiver une haine féroce contre le Makhzen et même contre tous les Marocains (en 1975, 350 000 d’entre eux, majoritairement des Rifains, ont été expulsés manu militari d’Algérie). Pire, il a fait d’incroyables efforts à transmettre aux Algériens, tous les Algériens, cette même haine à coups de propagande de toutes sortes. À tel point que l’on pourrait penser que pour être pleinement algérien, il faut forcément être anti-marocain.

Règlement de comptes ? Peut-être bien. Mais, si étonnant que cela puisse être, tous les dirigeants algériens sont tous passés par la case Maroc. Certains y sont nés et d’autres y ont grandi. Comme l’actuel président Bouteflika et son ministre de l’Intérieur, Zerhouni (dont le nom vient d’une petite localité dans la région de Fès). Bien plus, certains sont carrément d’origine marocaine, c'est le cas de Ben Bella, qui a découvert récemment qu’il est un Chleuh de la région de Marrakech. Alors que, à son heure de gloire, il a épousé l’arabo-baâthtisme dans sa version la plus extrémiste et la plus raciste. Le pauvre, il pensait qu’il venait du fin fond du désert de l’Arabie alors qu’il est originaire du pied de l’Atlas.

Malgré donc la haine féroce que vouent les dirigeants algériens au régime marocain (même s’ils la sous-traitent à bas prix au Polisario qu’ils soutiennent depuis plus de 30 ans à coups de milliards de dollars), on ne peut pas s’empêcher de remarquer qu’ils sont plus que fascinés par lui. D’où leurs efforts de le singer. Même parfois le plus ridiculement possible. D’ailleurs, les tirades en arabe classique de Bouteflika me rappellent étrangement celle de Hassan II. Peut-être que je me trompe, mais je vous invite à bien étudier la question, je suis sûr que vous allez voir que je ne délire pas.

Hélas, le mimétisme ne s’arrête pas que là. La makhzenisation du régime est aussi électorale. Les élections en Algérie sont devenues un jeu ridicule qui ne convainc personne. Même ceux qui les organisent. Un sport où les Marocains ont une longueur d’avance de plusieurs décennies. Mais le pire, c’est la volonté de sa ‘’majesté’’ Bouteflika de rester au pouvoir. À vie s’il vous plaît. Il ne lui faut plus qu’il déclare le royaume chérifien, populaire et démocratique d’Algérie et se trouver un arbre généalogique qui le rattache, directement de préférence, au prophète. S’il ne le trouve pas chez lui, qu’il vienne au Maroc, il faut savoir que nous avons un savoir-faire exceptionnel dans leur fabrication. Enfin, je ne lui apprends rien, n’est-il pas le plus marocain des Algériens, comme il se qualifie lui-même ?

Nini : la fin triste d' un baâthiste amazigh

Le couperet est finalement tombé, le journal de Rachid Nini vit ses derniers jours. Sauf un vrai miracle, il est définitivement condamné à une mort certaine. Après le jugement l’obligeant à débourser la bagatelle de 600 million de centimes, la Justice (dans sa conception très marocaine) a passé à la vitesse supérieure. Elle a décidé de mettre la main sur les comptes et du journal et de Nini. En personne. Autrement dit, le personnel du quotidien- y compris Nini- risque de ne pas avoir de quoi faire ses courses.

J’espère au moins que tous ces gens ont mis un peu d’argent de poche pour ne pas crever de faim ! Non sérieusement, je ne me moque aucunement, c’est toujours triste de voir que des gens qui sont jetés à la rue sans égards à leur humanité et à leurs familles. Mais que vous voulez, nous sommes dans le plus beau pays du monde, le Maroc. Mais il faut dire certaines vérités sur la saga de Nini, bien sûr selon ma perspective qui est encore et toujours amazighe.

Ce diplômé de lettres arabes est originaire du Souss, mais il est né et a grandi dans je ne sais quelle ville du Nord. Malgré cela, il avait eu dans une vie antérieure une vraie conscience amazighe. Pour preuve, il a crée par exemple un petit journal amazigh– qui l’aurait crû ?- qu’il a nommé « Awal ». D’ailleurs, c’est ainsi qu’il a eu l’invitation et le visa qui va avec pour participer aux travaux du Congrès mondial amazigh, qui a eu lieu aux Îles Canaries. Il en a profité pour prendre le large. Et ce, pour s’installer, clandestinement bien évidemment, dans la péninsule ibérique pour quelques années.

De retour au Maroc, Nini a changé. Complètement totalement. L’on pourrait même dire qu’il a oublié son amazighité quelque part entre Malaga et Valence. En fait, ce n’est plus un sujet qui l’intéresse. Il a compris que pour gagner sa vie au Maroc où le Makhzen arabiste et baâthiste fait le beau et le mauvais temps, il faut oublier tout ce qui a trait à l’amazighité. Ce n’est jamais bon d’en être un militant. Il faut impérativement épouser l’idéologie officielle du régime, si on veut avoir sa place sous le soleil. En forçant le plus possible le trait pour être naturellement crû.

Comme pour tous les néophytes avides de reconnaissance, la première des choses qu’a faite Nini, c’est d’arabiser le monde entier et surtout le Maroc avec les délires habituels où on met arabe à toutes les sauces possibles et imaginables (l’homme arabe, la femme arabe, le couscous arabe, l’arganier arabe, le tajine arabe, l’Amazigh arabe, le Soussi arabe, le Rifain arabe…). Pire, avec le temps, son journal est devenu ni plus ni moins qu’une tribune de tous les extrémistes arabistes de la planète. Dont certains qui habitent à des milliers de kilomètres du Maroc.

Et qu’en est-il du journalisme au sens réel du terme ? Mais voyons, il n’en jamais été question à Al Massae. Excepté les invectives ennuyeuses de Nini – à force de les répéter-, il n’y a absolument rien à gratter. Un vrai désert… médiatique. Aucune enquête sérieuse, aucun respect de la déontologie, la promotion azimutale du terrorisme arabe, des articles idéologiques de très bas de gamme (imaginez par exemple que l’un des débiles scribouillards de Nini a fait venir les participants au Congrès mondial amazigh du Maghreb arabe)…

En plus de son extrémisme arabiste sincère ou peut-être simulé, Nini a aussi excellé dans un exercice des plus normaux dans la presse marocaine : taper de toutes ses forces sur les Amazighs. Au faîte de sa gloire, il a plusieurs fois fait des appels de pied au Makhzen (celui-là même qu’il l’a maintenant condamné impitoyablement) pour mater les militants amazighs. Pire, il a carrément appelé, dans des termes à peine voilés, à assassiner le remuant Ahmed Adgherni. D’ailleurs, j’ai été effaré par la violence des commentaires terroristes et criminels laissés par ses nombreux lecteurs – à l’époque il les publiait encore en bas de ces chroniques.

Certains vont se demander à coup sûr, mais pourquoi évoquer un tel sinistre personnage ? Pour tout vous dire, c’est que lorsque j’ai vu la tombe du très puissant Youssef ben Tachefin devenir des toilettes publiques où tous les badauds viennent faire leur besoin, je me suis dit quel triste sort ! Même si beaucoup trouveraient que le parallèle entre Nini et Ben Tachefine est un peu osé, c’est toujours intéressant de rappeler la fin de ce dernier. En tous les cas, je ne sais pas si lui insultait les Amazighs comme le faisait si bien Nini, mais une chose est sûre, il n’avait que faire de l'amazighité. En fait, il s’est toujours battu, comme un grand, en sacrifiant les siens pour les autres. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’on se rappelle son bon souvenir à coup de caca et de pisse de toutes sortes.

Pour autant, à quelques encablures de là, se trouvait la tombe du roi et poète arabo-andalous d’El-Mouâtamid Ben Abbad – dont le règne dans je ne sais plus quelle principauté andalouse a été sauvé in extremis plus d’une fois par le même Ben Tachefine- qui est quasiment un petit paradis. Tellement c’est bien entretenu. La raison ? C’est un Arabe et les Arabes n’oublient jamais les leurs. Même les plus lâches. D’ailleurs, je les admire pour cette qualité. Par contre celle de l’Amazigh Ben Tachefin, le fondateur de Marrakech même, est devenue un dépotoir. À la faveur du changement identitaire radical qu’a subi cette ville. D’une ville majoritairement amazigh, Marrakech est devenu totalement arabe, pour ne pas dire arabiste. En seulement quelques décennies.

En toute sincérité, j’espère que Nini n’aurait pas le même sort. Je ne suis pas sadique pour lui souhaiter du mal. Mais il y a lieu de signaler que bien qu’il ait été en parfait amour (comme diraient nos amis québécois) arabo-baâthiste avec le Makhzen, celui-ci n’a pas hésité au moment venu de l’humilier et même d’attenter à sa vie. Je suis sûr que ces maîtres qu’il a servis, avec un zèle formidable, le traitait à souhait de sale ‘’garbouz’’ en pouffant de rire. En fait, ce n’est pas vraiment étonnant, c’est ce qui arrive toujours aux ‘’Grabz’’ qui crachent sur les leurs. ‘’Idammen lan bedda tagat’’, comme l’exprime si bien notre bon vieux adage amazigh. En fait, contrairement à Ben Tachefine, qui a marqué l’histoire du Maroc et même de l’Afrique du Nord, on n’a même pas attendu la mort de Nini pour lui traiter moins qu’un pet insignifiant. Qu’il s’en prenne à lui-même !

samedi, novembre 08, 2008

Sifaw : le plus jeune clandestin amazigh au monde

Interdire les prénoms amazighs est un exercice des plus faciles. Un sport national même. Surtout du côté du Maroc. Malgré tout le bruit fait autour cette question, le Makhzen s’accroche contre toute logique à son attitude condamnable. Il est têtu, n’est-ce pas ? Il est même devenu, choses étonnante, un virtuose en tamazight et s’évertue à expliquer le sens de tel ou tel prénom à la seule aune de sa propre culture : l’arabité. Pour bien évidemment les condamner à ce qu’il sait faire le mieux… l’illégalité.

D’ailleurs, sa dernière trouvaille pour le moins kafkaïenne est la suivante : le prénom Ayour, qui désigne la lune en tamazight, n’est plus ni moins, d’après lui, qu’une obscénité. Ne me posez pas la question du comment et du pourquoi. Je n’en sais absolument rien. Toujours est-il qu’il est frappé d’interdiction. Soit. Mais que propose-t-il alors à la place pour désigner la lune en tamazight ? Bien évidemment rien. En fait, il n’a que faire de tamazight, son but ultime étant de justifier bêtement le bannissement de ce prénom. Et balayer d’un revers de la main les nombreuses accusations d’amazighophobie, totalement justifiées, qui lui sont régulièrement adressées.

Et comme la bêtise est toujours le propre des dictatures- le régime marocain ne déroge pas naturellement à la règle-, à Meknès, un père de famille a choisi Sifaw pour son enfant. Même s’il ne s’agit pas d’Ayour, il a été… interdit.. Mais là on va se départir des lectures classiques que l’on fait régulièrement à ce genre de cas. Alors osons ! Si l’on suppose que le petit Sifaw est né ailleurs. En Europe ou en Amérique par exemple. Même si de l’ordre de l’impossible, supposons là aussi que les autorités de l’un des pays de sa résidence lui ont interdit de porter son prénom. La seule explication qu’on pourrait trouver est le racisme anti-immigré. L’on n’ira pas très loin.

Mais le problème, c’est que le petit Sifaw vit au Maroc. Le pays de ses ancêtres amazighs depuis la nuit des temps. Et à chaque fois que les autochtones, peu importe où ils sont, sont interdits de pratiquer leur culture comme ils l’entendent, il ne s’agit plus que du racisme. Si c’était encore cela, on aurait rien dit. Mais de pire. Du terrorisme identitaire avec son pendant assimilationniste. Ces concepts ne vous rappellent-t-ils pas quelque chose ? Si ce n’est pas le cas, il suffit de prendre n’importe quel livre de rhétorique coloniale et vous aurez la réponse la plus complète et la plus exhaustive qui soit.

En fait, l’interdiction des prénoms et les destructions systématiques du patrimoine symbolique et matériel amazighs ne peuvent relever que d’un seul et unique phénomène, le terrible binôme bien connu : le colonialisme et l’impérialisme. Comme toujours, malgré l’évidence de la chose, certains vont soutenir mordicus le contraire. Ils s’en étonneraient même les bouches grandes ouvertes. C’est leur droit, mais connaissent-ils beaucoup d’Arabes qui ont un problème de ce genre au Maroc ? Ils chercheront, mais… ils ne trouveront jamais personne. Et c’est là que le bât blesse.

Mais pourquoi une telle situation ? Parce que les Arabes sont les maîtres dans le pays, et les Amazighs, leurs… esclaves. Et quand le maître décide, il faut que le serf obtempère immédiatement. C’est aussi simple que cela. Si à ce stade, vous êtes encore sceptique, regardez juste la liste de prénoms autorisée par le Makhzen pour en avoir le cœur net. La majorité des prénoms sont arabes et moyen orientaux (iraniens, coptes…). Juste quelques-uns sont amazighs. Pour donner le change bien naturellement.

Disons pour conclure qu’il ne faut surtout plus jouer aux vierges effarouchées lorsque certains amazighs affirment, haut et fort, qu’ils sont bel et bien colonisés. Car vous aurez l’air d’un grand ridicule devant l’Éternel. En fait, les agissements foncièrement anti-amazighs, donc forcément discriminatoires et racistes, du régime de Rabat donnent amplement raison aux tenants de la colonisation arabe. Qu’il se ressaisisse donc avant qu’il ne soit trop tard !

dimanche, novembre 02, 2008

Amarg Fusion sur scène

Amarg Fusion n'est plus à présenter. C'est l'un des meilleurs groupes de la scène musicale amazighe. Pour le voir et même le revoir, vous n'avez qu'à cliquer sur ce lien. Bon spectacle.

http://www.dailymotion.com/video/k4CpHG55ovI8bx40hc

dimanche, octobre 19, 2008

Toronto : beaucoup de fun aux mercredis francofun !

La lumière est tamisée à souhait donnant au lieu un halo de sérénité, un brin de complicité et autant de convivialité. C’est normal, nous sommes dans un pub torontois- le Bedford Academy pour être plus précis- où se tiennent, chaque semaine, les fameuses réunions des mercredis francofun. Même si d’emblée la variété ethnique des habitués, au demeurant très révélatrice de la réalité de la francophonie d’aujourd’hui, risque d’intimider un tant soit peu, il ne faut surtout pas trop s’en faire, car le courant passe. Illico presto. À fond de train. À franchement parler, et sans vouloir tremper dans l’hyperbole béate, on est carrément chez soi. Et c’est peu dire.

En effet, l’audience est systématiquement avenante, fort accueillante même. Sans trop de salamalecs et sans trop de manières non plus, vous êtes aisément et dare-dare adoptée. Désormais, il faut vous considérer comme un membre à part entière du « clan » francofun de Toronto. Et c’est vraiment le cas de le dire. En effet, on est vite mis en confiance au milieu de cette poignée de beau monde.

Même si, me chuchote-on dans l’oreille, l’affluence est habituellement plus importante. C’est probablement en raison du froid qui frappe à nos portes, pensais-je, sans vouloir à l’instant même m’en enquérir davantage. Car, chemin faisant, j’ai appris que les réunions ont lieu habituellement sur la terrasse autrement plus spacieuse. C’est vous dire…

Diversité

En plus du bariolage ethnique et national des gens présents, toutes les catégories d’âge sont là. Un vrai melting-pot générationnel aux divers accents francofun, comme dirait l’autre. Autant dire, un vrai délice pour les inconditionnels de l’altérité et autres passionnés de la pluralité.

Abordant Danielle, une pétillante brunette d’origine montréalaise, qui se trouve être ma voisine de table, j’ai voulu en savoir sur les raisons qui poussent les gens à venir ici. « Je viens ici depuis l’automne dernier, me dit-elle un peu expansive, tout en arborant en toute spontanéité un sourire blanc immaculé, pour rencontrer des gens et se faire des amitiés. D’autant plus que, ici, l’ambiance est fort agréable et très chaleureuse

Quant à Roger, cheveux coupés ras, anglophone de Winnipeg de quarante-deux printemps- même s’il ne les fait pas-, il vient ici depuis plusieurs mois. « C’est pour perfectionner mon français, surtout que dans mon milieu professionnel, c’est important de bien le maîtriser», explique-t-il avec un accent trahissant immanquablement les intonations de sa langue maternelle.

Pour le jeune Marco, un Maroco-québécois bien dans sa peau et dans ses bottes, c’est carrément un féru des mercredis francofun depuis presque une année. « Car il y a ici, souligne-t-elle avec beaucoup d’aplomb et dans un français on ne peut plus châtié, une combinaison de Québécois, de Français, de Marocains, etc. Autant dire qu’il y a énormément de possibilités pour faire de nouvelles connaissances et mêmes des amitiés durables. D’ailleurs, j’ai rencontré bon nombre de mes amis ici même.»

En fait, même si les réponses des uns et des autres sont plus que nuancées, la raison qui revient le plus souvent est la volonté d’être ensemble et de passer un bon moment. D’où la présence constante et continue d’un grand nombre. Pour rien au monde, ces irréductibles ne rateraient leur rendez-vous hebdomadaire. En d’autres termes, qui y goûte une fois, en redemande.

Communion

Mais qui a été à l’origine de ces mercredis francofun ? C’est Jacques Charette. Un grand châtain, québécois pur laine comme il aime bien à se qualifier, venu à Toronto il y a plus d’une décennie et demi. Et ce, pour se lancer dans les affaires. « Lorsque j’ai débarqué ici, il n’y avait aucune activité francofun, je me suis dit pourquoi ne pas remédier à cette situation. J’ai alors pensé à mettre en place les mercredis francofun. Et ce, pour permettre, une fois par semaine, à tous les francophones et les francophiles de se réunir», se rappelle-t-il non sans une légère pointe de nostalgie dans le regard.

Il faut impérativement reconnaître que son idée est pour le moins géniale. Car, malgré les vicissitudes de la fortune, les mercredis francofun du haut de leurs seize ans sont toujours là. Quel peut bien être le secret de cette longévité ? En fait, il ne faut pas aller chercher trop loin, il tient juste à un mot : la simplicité. Exit toute forme de formalisme, tel est presque leur devise. Dans le sens où il n’y a aucune démarche à faire. Il faut juste se présenter au pub Bedford Academy et le tour est joué.

« Entre 18 heures et minuit, tous les mercredis bien naturellement, les gens arrivent d’une façon informelle. En fait, on a tenu à créer une ambiance la plus naturelle possible à même de permettre les rencontres entre tous les francophones de toutes les origines. Le but ultime étant de se socialiser en… français », ajoute, flegmatique, Jacques Charette.

Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment les mercredis francofun, rassurez-vous, ils ne sont pas un club fermé. Loin s’en faut. Ils sont ouverts à tout le monde, mais il faut impérativement faire l’effort de s’exprimer en français. « Dans le cas contraire, les mercredis francofun perdraient leur raison d’être », souligne à juste titre le « maître de céans », Jacques Charette. Pour les francophiles qui ne le maîtrisent pas parfaitement bien, ce serait d’ailleurs l’occasion ou jamais de venir l’améliorer ou même le perfectionner. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions et croire que c’est une école. Car ce n’est pas cela le but et encore moins la finalité.

Par ailleurs, les mercredis francofun ont-ils été réellement utiles ? Assurément et à plus d’un titre. Sinon, pourquoi continuer ? Ce qui est une question logique, diriez-vous. En effet, ils répondent à plus d’un besoin de la communauté francophone. En plus des amitiés durables qui s’y sont crées, des couples s’y sont même formés. Rien que cela. « Ce qui est une très bonne chose. Autrement dit, notre travail a au moins servi à quelque chose », selon l’expression même du fondateur, Jacques Charette, tout fier du bilan- s’il doit y en avoir un- de son long travail.

D’ailleurs, ce qui lui fait le plus plaisir, ce sont ces petits mots de reconnaissance qu’il reçoit ici et là. Ce qui a particulièrement le mérite de l’encourager à aller de l’avant, même s’il a pensé, à plusieurs reprises, à passer la main. En tous les cas, pour que l’entreprise perdure, il faut bien évidemment une continuité. Et lui, il est le garant de cette continuité, il en est même la personnification. Pourvu que son engagement dure le plus longtemps possible. Pour le plus grand bonheur de la communauté francophone et des mordus de la langue de Molière.

Idir : hommage à ma mère, à nos mères

Chez les Amazighs, la mère a une grande place. Une immense place. On peut être adulte et même vieux, mais lorsqu'on est dans une mauvaise passe, la premère personne à laquelle on pense est systématiquement la mère ( immi, inna ou imma). Le grand barde Idir a su avec des mots extrêmement simples à décrire cette relation mère/fils. Si vous êtes un peu sensible, je vous préviens l'émotion au rendez-vous.
http://www.youtube.com/watch?v=r7C0DpbGroo



vendredi, octobre 10, 2008

Maroc: des Amazighs se plaignent auprès de ''Dda'' Sam

Après la lettre adressée par Me Ahmed Adgherni aux autorités européennes sur la situation pour le moins déplorable que vivent les Amazighs, voilà une autre association qui lui emboîte le pas.

Il s’agit du comité national pour une présence équitable de l’amazighité dans les médias publics. En fait, celui-ci a écrit, carrément et directement, aux autorités américaines : le président Georges Bush bien évidemment, le Congrès et l’ambassadeur américain à Rabat.

Le contenu de la missive porte sur la réalité indigne faite à l’amazighité dans les médias publics. Les griefs du comité sont multiples et nombreux : l’exclusion systématique de tout ce qui est amazigh, le non respect des quotas de diffusion, la promotion abjecte et éhontée du racisme anti-amazigh sur les ondes et le report sine-die de la création de la chaîne amazighe tant promise.

Le comité a aussi rappelé aux Américains la présence de plusieurs millions d’Amazighs en Afrique du Nord tout en les invitant à mettre cette réalité en compte dans leurs politiques médiatiques. Par exemple, en ouvrant les portes des médias américains captés dans cette région du monde à la langue et la culture amazighes.

À rappeler que la même lettre a été précédemment adressée à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA), le directeur général de la société nationale de radio et télévision marocaine (SNRT), mais en vain. Puisque personne n’a pris la peine d’y répondre.

En conséquence de quoi, un sit-in de protestation a été organisé à Rabat même, dispersé d’ailleurs avec une violence disproportionnée.

Par ailleurs, le geste du Comité national pour une présence équitable de l’amazighité dans les médias s’inscrit-il dans la droite ligne de la diplomatie populaire mise en avant par Me Ahmed Adgherni ? En tous les cas, tout porte à le croire.

En fait, tant que le régime marocain fait la sourde oreille aux revendications amazighes, il est certain que les militants de cette cause n’auront de cesse de frapper à toutes les portes.

mercredi, octobre 08, 2008

Les parents des prisonniers amazighs :" Libérez nos enfants !"

Dans un communiqué du Mouvement culturel amazigh (MCA) diffusé via Internet, les parents des étudiants amazighs, emprisonnés sans aucun jugement, dans la terrible prison de Meknès, depuis 16 mois, n’ont de mots assez durs pour décrire l’intervention violente des forces de sécurité marocaines.

Et ce, pour les empêcher d’organiser un sit-in ouvert devant le siège de la wilaya de Meknès, où officie le fameux Hassan Aourid, amazigh, compagnon de l’actuel roi lors de sa scolarité- le seul Amazigh d’ailleurs- et son ex porte parole.

À en croire les termes du communiqué, les forces de l’ordre sont intervenues trois fois en brutalisant à chaque fois, impitoyablement, les manifestants qui ne voulaient en aucun découdre. Résultat : une personne blessée avec, bien évidemment, l’arrachage de banderoles et de drapeaux amazighs.

Les parents des détenus de Meknès en ont appelé, comme ils l’ont toujours fait, à toutes les bonnes volontés, du Maroc ou d’ailleurs, pour intervenir et faire libérer leurs enfants innocents. Ils ont promis de continuer la lutte jusqu’à leur libération définitive.

dimanche, octobre 05, 2008

Tazi : un « mécréant » défenseur de l’arabisation

Chassez le naturel et il revient au galop. C’est exactement ce qu’on peut dire de l’Istiqlal, le parti exclusif du clan arabo-andalous, dont les délires arabistes ont compromis, pour ne pas dire détruit, la vie de millions de Marocains. Il va sans dire que la politique criminelle d’arabisation de l’enseignement a été catastrophique à plus d’un titre.

Pour autant, au lieu de la remettre en question, comme des gens normaux devaient le faire, certains ténors istiqlaliens n’ont trouvé mieux que de demander, dernièrement, de la renforcer davantage en l’étendant cette fois-ci à l’administration et même à la vie publique.

D’où les préparatifs assidus de certains excités de l’Istiqlal de faire avaliser par le parlement, à l’aide des zélés islamistes du PJD, une ancienne loi dont ils se sont subitement rappelés. Et pour cause, elle était fin prête depuis plus de huit ans. En fait, ils n’attendaient que le moment idoine pour la sortir, pourrait-on dire. Et il paraît que c’est le moment ou jamais.

Que ce soit clair une fois pour toute. Je ne suis pas là pour défendre l’administration marocaine. On sait tous qu’elle est plus que sinistrée. Et ce, en raison de la corruption, de la médiocrité et de la gabegie qui y règnent en maîtresses absolues. Depuis toujours. Qu’elle soit par la suite arabisée ou même afghanisée m’importe vraiment peu.

Ce que je veux, c’est de connaître et discuter, le cas échéant, l’argumentation des Istiqlaliens après cette énième sortie « arabisatrice ». Et comme le hasard arrange bien les choses, voilà qu’un certain Abdelhaq Tazi, ancien ministre et membre éminent- bien évidemment- de l’Istiqlal, qui a écrit au journal l’Économiste -qui a brocardé précédemment et la langue arabe et les velléités de l’Istiqlal- pour défendre le projet de son parti.

Cliquez sur ce lien pour le lire : http://www.leconomiste.com/article.html?a=88489

Le moins que l’on puisse dire en le parcourant, c’est que l’argumentation de monsieur le ministre est d’une légèreté à faire sourire un bébé. Un vide sidéral. L’on comprend maintenant pour quelle raison le Maroc est resté et restera un pays sous-développé. Pauvre pays !

Voici quelques remarques que m’a inspirées le texte du bien nommé Tazi.

1- Comme on peut aisément le voir, Tazi revendique, sans pudeur aucune, le passé et le présent arabistes de son parti. Il en est même fier. Alors que ces terribles dégâts sont visibles même pour les aveugles et à plus forte raison ceux qui ont la chance de voir un peu. Mais notre ex-ministre n’en a cure. C’est normal, ses enfants ont certainement fait leur scolarité dans les écoles huppées de la mission française.

2- Tazi affirme que sa seule volonté est d’appliquer la constitution qui a été, comme vous le savez, concoctée par le seul palais. Avant de la soumettre à la mascarade du référendum naturellement confirmatif. Sait-il que, dans les pays réellement démocratiques, une constitution est longuement discutée par les forces vives de la Nation avant toute ratification ? Autrement dit, elle doit impérativement entre-autre montrer toute la diversité d’un pays. Ce qui n’a jamais été le cas de la constitution dont il a fait une vérité révélée. Et pour cause, elle ne reconnait même pas la majorité de la population marocaine, à savoir les Amazighs. Mais comme tout le monde le sait, pour l’Istiqlal et ses affidés, les Amazighs ne peuvent être que des fantômes… invisibles.


3- C’est tout simplement inapproprié de parler et même d’évoquer le référendum de 1962. La majorité actuelle des Marocains n’y a jamais participé. Parce qu’ils sont nés des années après. On ne peut pas toujours souscrire aux choix des ancêtres ou des grands-parents. Mais à qui le dire ?

4- Le seul parti de la France au Maroc, c’est l’Istiqlal. Il faut savoir que le français n’a jamais eu le poids qu’il a maintenant au Maroc. Même à l’époque de la présence française. L’espagnol, qui était largement parlé dans le Rif, à Ait Baâmrane et dans le Sahara, a complètement disparu. Grâce au parti « français » de l’Istiqlal, la langue de Molière a supplanté définitivement celle de Cervantès. Et l’on ose dire que l’on est contre le français! Mais de qui se moque-t-on ?

5- Tazi est vraiment mal placé pour parler d’une quelconque normalité. N’en déplaise à des gens comme lui, en tant que pays majoritairement amazigh, c’est la langue amazighe qui devait avoir la prééminence et à tous les niveaux au Maroc. Mais certains continuent à le confondre encore avec l’Arabie. Et c’est hélas eux qui détiennent encore et toujours toutes les manettes du pouvoir.

6- Pourquoi toujours parler des Arabes ? À ce que je sais, le Maroc n’est absolument pas arabe (voir les statistiques même du régime marocain). Il est amazigh, monsieur Tazi. Et si vous n’êtes pas content, vous n’avez aucun droit d’en faire un pays arabe.

7- Et comme on s’y attend, un peu comme un réflexe pavlovien, Tazi n’a pas oublié de faire appel à la religion. Et ce, pour donner un semblant de vérité à ses divagations. Puisque le Coran est en arabe, il faut arabiser tout l’univers. Tel est le raisonnement de cet ex-ministre. Il ne doit pas savoir que les plus grands et les plus puissants pays musulmans ne parlent un traitre mot d’arabe.

8- Le pétrole aussi n’a pas été omis. En d’autres termes, si Tazi veut imposer l’arabe dans l’administration et dans la vie publique, c’est en signe de reconnaissance envers les pays du Golfe qui ont aidé, paraît-il, le Maroc pour surmonter la crise énergétique. Heureusement que les Russes ne nous ont pas prêté main-forte ! Sinon, Tazi aurait certainement plaidé pour la russification de l’administration et de la vie publique.

9- Mais dans sa lancée, Tazi dit parfois la vérité. À l’en croire, si l’arabe est une langue des Nations Unies, c’est grâce aux moyens financiers des riches pays du Golfe. Que sera son sort lorsque l’âge d’or du pétrole fera partie du passé ? Je vous laisse, cher lecteur, toute la latitude de lui faire une réponse.

10- Sans avoir froid aux yeux, Tazi affirme qu’il parle l’arabe avec tous les représentants du monde entier. On aurait aimé qu’il donne des noms. Mais il ne l’a pas osé le faire, parce que tout simplement il n’y en a pas. C’est aussi simple que cela. En fait, le seuls avec qui il peut parler l’arabe- si dans le cas où lui-même la maîtrise bien- sont les Arabes. Et encore ! Avec l’importance qu’a prise le dialecte égyptien, celui-ci est devenu par la force des choses la lingua franca des Arabes. Mais Tazi ne peut pas le savoir, car il ne regarde presque jamais les médias arabes. Je suis presque certain qu’il est quotidiennement branché sur les télévisions gauloises.

11- M. Tazi a fini son texte par un adage ô combien éloquent. Tellement il montre au grand jour la schizophrénie identitaire des classes dirigeantes au Maroc. Celui qui renie, écrit-il sûr de lui, ses origines est un mécréant. A-t-il oublié que son propre nom découle d’un toponyme amazigh, Taza ? Dans ce cas, il sera le premier à aller en enfer s’il est d’origine amazighe. Ce qui est fort probable. Sinon, il peut toujours le changer. Des noms à 100% arabes, ce n’est vraiment pas cela qui manque.

vendredi, octobre 03, 2008

États-Unis: il faut sauver le soldat "Wall Street" !

ilQue le sort peut on ne peut plus ironique ! L'Amérique du tout libéralisme se serait-elle reniée ? Aurait-elle allégrement ses propres sacro-saints principes (qu’elle impose allégrement aux autres via la Banque mondiale et le Fond monétaire international) ? Hélas, il faut bien le croire. Surtout si l'on suit les informations nous parvenant de Washington et de New York. Pour éviter une crise pire que celle de 1929, les Américains n'ont trouvé mieux que de lever la somme incroyable de 700 milliards de dollars. Et ce, pour sauver les banques américaines qui auraient trouvé, dans d’autres circonstances, l’intervention du gouvernement plus que condamnable, scandaleuse.

Pourquoi a-t-on arrivé à une telle situation ? En fait, c'est le manque de réglementation. Nous avons eu affaire à une véritable jungle dans tout le sens du terme. Et c'est ce que tous les économistes du monde peuvent vous expliquer. Lisons ce que nous dit un très grand économiste américain, Nouriel Noubini : " La crise est le résultat des excès du libéralisme et du "laisser-faire" de ces dix dernières années. Les régulateurs ont cru aux vertus du marché libre et de l'autorégulation. Leur jugement était inapproprié. La leçon est claire : nous avons besoin d'une meilleure régulation."

Pendant ce temps là, la réponse du gouvernement américain, surprenante qu'elle est, n'est pas du tout goût de tout le monde. Un sénateur américain, Newt Gringich pour le nommer, l'a décrite comme non américaine. Autrement dit, elle ne fait pas partie des traditions de l'oncle Sam. Et il a plus que raison. Mais est-ce que Bush a-t-il une autre solution ? Absolument pas. Vous n'avez qu'à voir comment les plus grandes bourses internationales jouent, fébrilement, au yo-yo au gré de l'humeur qui règne au Capitole et à Wall Street.

D'autant plus que les gouvernements des pays les plus industrialisés, ayant pris peur des conséquences de cette crise, le pressent d'aller de l'avant. Ainsi, le premier ministre australien n'a pas hésité, dans ce que beaucoup auraient qualifié d’intervention dans les affaires d’un pays souverain, à demander aux démocrates et aux républicains de dépasser leurs clivages et accepter la solution des 700 milliards de dollars et éviter la catastrophe.

Il est plus qu'urgent, pour conclure, de revoir les méthodes spéculatives du capitalisme financier et instituer des règles saines. Car on ne peut tout simplement laisser les choses telles qu'elles sont. Il faut savoir, si injuste que cela puisse paraître, que ce sont les contribuables américains qui payent les pots cassés. Alors qu’ils n'ont jamais été mêlés aux jeux malsains de Wall Street et consorts. Mais est-ce que les magnats de la finance américains auraient fait un geste pareil, dans d’autres conditions, envers les citoyens américains les plus mal lotis ? Je pense que vous connaissez la réponse.

mardi, septembre 30, 2008

L'art amazigh : le merveilleux Ajmak d'Achtouken

C'est peu dire qu'Ajmak a accompagné toute mon enfance. Il est presque impossible de célébrer quoi que ce soit dans Achtouken et même ailleurs sans faire appel à cette tradition poético-chorégraphique qui remonte à la nuit des temps. Je me rappellerais toujours ces très longues nuits où l'on jouait à cache-cache avec les adultes qui nous empêchaient de jouer. Car d'après eux, on ne pouvait être que des perturbateurs. Ce qui est une erreur monumentale. Ajmak est, hélas, maintenant menacé de disparition.
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Que vous soyez prévenus, Ajmak est plus long que ce que vous allez voir dans cette vidéo. Il commence à la tombée de la nuit jusqu'au lever du jour. Après une joute poétique que les spectateurs apprécient par-dessus tout, il s'ensuit la partie percussionniste et chorégraphique d'une grande complexité. Il suffit d'une fausse note, surtout dans l'usage du tambourin, pour que vous soyez invité illico presto à quitter le groupe. Peu importe qui vous êtes. On ne badine jamais avec Ajmak, pourrait-on dire.

Parmi les ténors d'Ajmak, on se rappellera toujours Oughidda, Ouseltana, Ourrabous, Rrih (qui est, malgré son âge avancé, présent dans cette vidéo). Pratiquement tous les grands rways d'Achtouken et non des moindres ont fait leur classe dans Ajmak. Citons les plus connus : Said Achtouk, Houssein Janti, Brahim Achtouk, Boubakr Anchad et tant d'autres.

vendredi, septembre 26, 2008

Le Congrès mondial amazigh victime des siens

Je ne sais pas si vous avez déjà remarqué une chose : les Amazighs ont une capacité extraordinaire à se donner débilement en spectacle, à s’autoflageller et même à s’autodétruire. L’on dirait qu’ils détestent de voir leurs organisations fonctionner normalement et même bien. Pour preuve, tout le tohu-bohu inadmissible, insignifiant et presque absurde fait autour de la tenue du 5e Congrès mondial amazigh.

Rappel des faits : les assises du Congrès devaient se tenir normalement en Kabylie, mais le régime raciste algérien a refusé. Il faut savoir qu’il n’a même pas daigné, ce qu’en dit long sur ses sentiments envers les Amazighs, répondre à la demande d’autorisation formulée par les responsables du CMA. Sans forcément se bercer d’illusions, ceux-ci sont allées jusqu’à lui intenter un procès, mais en vain. De guerre lasse, ils ont décidé d’organiser leur Congrès à Meknès, au Moyen-Atlas.

Mais certains grands militants et non des moindres ne veulent rien savoir. Pour eux, il faut absolument les organiser coûte que coûte à Tizi Ouzou ou Begayt. En d’autres termes, il faut entrer dans une confrontation directe avec le régime sanguinaire des généraux. Avec tous les risques que cela implique. Ce qui n’est vraiment pas une attitude responsable. Et c’est le moins que l’on puisse dire.

Par ailleurs, ce qui est vraiment comique, c’est l’entrée en scène d’une certaine presse algérienne qui n’a jamais accordé la moindre importance aux Amazighs et encore moins à leur combat. Et ce, pour jouer sa propre partition. À savoir, le disque rayé du nationalisme arabo-baâthiste sur fond d’animosité historique entre les deux régimes amazighophobes d’Alger et de Rabat. Elle est même allée jusqu’à faire du président actuel du CMA, un Kabyle pur sucre, un vendu au Makhzen. Ce qui a fait rire plus d’un.

Disons les choses sincèrement. La Kabylie a et aura toujours une grande place dans nos cœurs. Mais sa situation sécuritaire actuelle ne lui permet aucunement d’accueillir les travaux du Congrès mondial amazigh. Surtout avec la présence attendue de plus 500 personnalités amazighes et étrangères. Imaginez un fou terroriste -Dieu nous en préserve!-, qu’il soit manipulé par le régime algérien ou non, qui se fait exploser au milieu des congressistes. C’est un risque que les Amazighs, même dotés de peu de bon sens, ne doivent en aucun prendre.

Ainsi, à titre personnel, le choix de Meknès apparaît tout à fait justifié et tout à fait raisonnable. Il faut impérativement arrêter cette polémique pour le moins pathétique faite autour du lieu du Congrès. Parce que, en continuant à se chamailler indéfiniment, le CMA perd beaucoup en crédibilité. Et sur la scène internationale, la crédibilité est un argument de taille, si ce n'est déterminant. Surtout lorsqu’on a une cause noble à défendre. Quant à la Kabylie, dès que sa situation s’améliorera, on y ira tous. Parce que la Kabylie, c’est la Kabylie, comme dirait l’autre.

lundi, septembre 22, 2008

Maroc: marions les fillettes de 9 ans !

Un pur produit de l’idéologie wahabite, répondant au nom d’El Maghraoui, n’a pas trouvé mieux, dans un Maroc socialement sinistré, que d’éructer un avis religieux légalisant la pédophilie dans sa forme la plus abjecte. Et ce, en affirmant le plus naturellement du monde qu’une fille de… 9 ans peut avoir des rapports sexuels le plus normalement du monde et donc bonne à être violée, pardon à être mariée. Illico presto. Un vrai scandale qui a ému plus d’un. Et heureusement. Car le fquih en question va probablement être traîné devant les tribunaux.

Mais sur quoi s’est-il basé pour nous bassiner avec ses âneries pour le moins criminelles ? Bien évidemment, sur la vie du prophète. À ce qu’il paraît, celui-ci a convolé - il y a 1400 ans il faut le préciser- en justes noces avec Aicha à l’âge de 9 ans. Même si un accord à ce sujet entre historiens et religieux n’a pas encore été trouvé. Car d’autres versions affirment qu’à son mariage Aicha était plus âgée que cela.

En réalité, ce n’est pas cela qui nous intéresse. Comme tous les intégristes bornés, El Maghraoui a oublié une importante chose : le monde évolue à une vitesse incroyable. Ce qui est facilement acceptable hier ne l’est plus aujourd’hui. En fait, les mœurs et les systèmes de valeur ont changé de fond en comble en un siècle et à plus forte raison en 14 siècles.

Et c’est cela, hélas, le plus grand problème de tous ceux qui se proclament à tue-tête de grands connaisseurs de l’Islam. En fait, ils sont hors du temps. Ils sont définitivement sclérosés sans aucun espoir de les voir, un jour, se remettre en question. D’où le sous-développement chronique des pays où des charlatans de cet acabit ont pignon sur rue.

D’ailleurs, dans certains forums marocains, si incroyable que cela puisse être, certains n’ont pas hésité un seul instant, toute honte bue, à prendre sa défense avec un zèle déconcertant. En invoquant encore et toujours le même argument débile : l’islamophobie. En fait, la bêtise, et c’est le moins que l’on puisse dire, a encore de beaux jours devant elle. Grâce, en grande partie, à un système éducatif moyenâgeux qui n'a de cesse de la nourrir.

dimanche, septembre 14, 2008

Hespress.com : à mort les Amazighs

Cela fait un moment que je visite hespress.com, un site arabo-marocain. Et à chaque fois qu’un sujet qui a trait à l’amazighité est posté, il ne peut s’agir que d’articles tendancieux, appelant quasiment au meurtre. Pour donner foi à leurs délires anti-amazighs, les responsables du site rameutent quasiment les racistes arabistes du monde entier contre les Amazighs. Comment cela ? En ressassant toujours les mêmes accusations pour le moins ridicules. Florilège : les Amazighs sont sionistes, contre les Arabes, contre la ‘’nation’’ arabe, contre la langue arabe, contre le Maghreb arabe et j’en passe.

Chauffés à blanc, les lecteurs ne tardent pas à donner leurs avis. Même si ce n’est pas vraiment une surprise, ceux-ci sont naturellement d’une extrême violence. Pour vous donner une idée, ils se résument à cela : l’insulte, l’invective et l’obscénité. N’espérez surtout pas que votre propos – dans le cas où vous voulez donner une opinion modérée- ait la moindre chance d’être permise et a fortiori si vous prenez la défense des Amazighs. Les responsables du site, férocement anti-amazighs et définitivement amazighophobes, veillent bien au grain. Leur but ultime étant d’occire virtuellement et symboliquement l’Amazigh. Espérons juste que leur trop plein de haine ne déborde pas de la toile mondiale !

Mais qui sont donc cette faune d’énergumènes qui fanfaronnent et vocifèrent ainsi contre les Amazighs ? Bien évidemment, il y a les membres des services sécuritaires du Makhzen qui voient d’un très mauvais œil le militantisme amazigh, les orphelins paumés du baâthisme mortifère encore très nombreux dans les sectes folkloriques encore présentes sur l’échiquier politique marocain, les extrémistes islamistes dont les délires obscurantistes sont plus que mis à mal par le mouvement amazigh, il y a enfin, quelques brebis galeuses, amazighes pur sucre, qui ont une peur bleue d’être elles-mêmes, qui rejoignent, avec beaucoup d’entrain, la meute pour participer, régulièrement, à ces processions d’aboiements hystériques.

Espérons au moins que tout ce beau monde va se sentir un peu mieux à chacun de ses défoulements collectifs. Mais qu’il se rassure, ce n’est absolument pas cela qui va arrêter les Amazighs à aller de l’avant. Bien au contraire…

Si vous comprenez un peu l’arabe, cliquez sur ce lien et surtout n’oubliez pas de lire les commentaires des lecteurs. Je suis sûr que vous serez très bien servi.
http://www.hespress.com/?browser=view&EgyxpID=8630

vendredi, septembre 12, 2008

Maroc: le cas Raji ou l'avènement d'une véritable opposition

Mohamed Raji est un jeune amazigh, passionné d’écriture. Il avait crée son propre blog où il exprime, régulièrement, ses impressions sur la situation de son pays, le Maroc. Ses articles sont repris par d’autres sites marocains d’expression arabe. Car ils sont d’assez bonne facture et empreints de beaucoup de franchise. Il faut dire que Raji n’en pas rate pas une pour dire le fond de sa pensée. D’ailleurs, il n’a pas hésité à dénoncer, avec beaucoup de courage, les agréments de transport.

Comme dans tous les régimes anti-démocratiques et archaïques, il s’agit en effet d’un vrai privilège. Mais pour en avoir un, il faut le demander au roi en personne. En fait, il est seul habilité à en accorder. À vous de vous débrouiller pour lui remettre votre demande. Pour ce faire, à Rabat par exemple des dizaines de personnes font quotidiennement le pied de grue devant le palais royal. D’autres, toute honte bue, n’hésitent pas à le suivre un peu partout au Maroc.

À y regarder de près, il faut dire que cela en vaut le coup. Car une fois que vous en avez un, vous pouvez se la couler douce. À vous le farniente ! Car, vous pouvez le louer à une tierce personne moyennant finance. En fait, vous pouvez gagner énormément d’argent sans même quitter votre chambre à coucher. Une terrible injustice pour ceux qui travaillent. Et c’est cela que Raji a dénoncé avec beaucoup d'à propos. Ce que les différents ‘’zawiyas’’ qui nous tiennent lieu de partis politiques n’ont jamais osé faire. Il faut savoir que le régime marocain a fait un immense vide politique autour de lui. La nature ayant horreur du vide, quelques têtes-brûlées -comme Raji- ont pris courageusement le relais et jouent désormais le rôle de l’opposition avec juste leurs mots.
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Mais ça n’a pas l’air de plaire aux sbires du Makhzen. Ce qui est tout à fait normal. Ils ont vite fait de l’arrêter pour le condamner à 2 ans. Et jeté ensuite comme un malpropre dans la terrible prison d’Inezgane. Mais la communauté Internet, heureusement, s’est mobilisée illico presto et les médias internationaux informés. Tous ou presque en ont fait leurs manchettes. Voyant que son image, qui n’est déjà pas reluisante, va se dégrader davantage, le Makhzen s’est empressé pour le libérer. Sans forcément lâcher le morceau. Car Raji est toujours poursuivi en liberté provisoire. Et comme tout le monde sait, le Makhzen est férocement rancunier. Il ne pardonne jamais.
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Si tout le monde a sympathisé avec le jeune Raji. Seul le directeur d’Aujourd’hui le Maroc -ou le Makhzen- a tenu à jouer sa propre partition pathétique. Il a été le seul à voir dans l’article de Raji un manque de considération pour le roi. Il a même tenu à rappeler que notre jeune blogueur est quasiment analphabète. Parce que d’après lui, il a quitté tôt l’école. Et comme cela ne suffisait pas, le même directeur a tenu à insister que Raji n’a aucune connaissance des règles les plus élémentaires du journalisme. Comme si Aujourd’hui le Maroc qu’il chapeaute est une référence dans le domaine. Décidément, le ridicule ne tue plus.

Par ailleurs, est-ce que Raji, s’il était un parfait inconnu, serait-il libéré avec une telle célérité ? Absolument pas. Rappelez-vous le vieux sénile de 95 ans de la région de Settat qui a été jeté en prison où il est d’ailleurs décédé ! Parce qu’il a manqué, selon ceux qui l’ont condamné quasiment à mort, au respect dû au roi. Il y a certainement d’autres innocents qui croupissent, indéfiniment, dans les geôles du régime pour les mêmes raisons. En fait, le crime de lèse-majesté et l’atteinte aux ‘’valeurs sacrées du Royaume’’ sont une terrible épée de Damoclès. En un mot, critiquer le roi et ses actions est à vos risques et périls. Et ce, dans le plus beau pays au monde.

Un chérif tire sur un sheriff

C’est bien connu, le Maroc peut se targuer d’avoir le plus grand nombre de chérifs au m2. Comme si le climat de cette partie de Tamazgha favorise leur prolifération vertigineuse. Un peu comme les pommes de terre dans les plaines d’Achtouken, comme disait je ne sais quel humoriste du Souss. Mais alors qui sont ces gens au ‘’sang bleu’’ ? À les croire, ils sont tous des descendants directs du prophète. Je sais que cela prête plus à sourire qu’autre chose. Laissons-les donc croire dans leurs mythes et concentrons-nous sur le sujet du moment.

Il y a lieu de signaler qu’il y a chérif et chérif. En effet, ils ne se valent pas tous. Il y en a qui sont de condition très modeste, mais qui ne trouveraient aucune gêne à vous bassiner avec leur prétendue chérifitude. Ils peuvent même pousser l’outrecuidance jusqu’à exhiber, fièrement et naïvement en même temps, une carte spéciale, qu’ils gardent toujours sur eux, qui les fait rattacher à tel ou tel clan de chérifs- il y en a plusieurs. En fait, étant donné que l’on est dans un pays où la loi est systématiquement piétinée dans le cas où elle existe, la carte de chérif peut donc toujours servir. Surtout dans les administrations makhzeniennes.

Reste que dans ce Maroc miné par l’ignorance et le sous-développement, la chérifitude peut même être politiquement très porteuse. D’ailleurs, Abdeslam Yassine, le chef islamiste d’Adl wa Ilhssan, même s’il est on ne peut plus amazigh, a revendiqué haut et fort l’étiquette de chérif. Et ça lui a pas mal réussi. Malgré ses délires et ses divagations à n’en pas finir, son association a attiré des milliers d’adhérents. Parfois des gens extrêmement bien qualifiés : des médecins, des ingénieurs, des professeurs universitaires et j’en passe.

Par ailleurs, disons ce qu’il y a, les chérifs les plus puissants sont de loin les Alaouites. Ceux-là même qui monopolisent et s’accaparent tout au Maroc : la politique, l’économie et même la culture. Ils sont tellement puissants qu’ils peuvent se permettre ce que bon leur semble. Ils peuvent humilier et même liquider – Hassan II à ce propos a été un champion toute catégorie- ceux qui osent leur tenir tête. Impitoyablement.

Il y a quelques jours, à Casablanca plus précisément, l’un d’eux n’a pas trouvé mieux que de tirer sur un gendarme. Un vrai cow boy en djellaba immaculé -le ramadan oblige- avec probablement un fez rouge vif fixé sur le caillou. Que ça doit être comique ! Tout cela parce qu’un policier l’a arrêté après avoir commis je ne sais quelle infraction au code de la route. Mal lui en a pris. L’on n’arrête jamais un chérif alaouite sans en payer le prix fort ! Parfois au risque de sa petite et modeste vie.

Et comme les Alaouites sont forts et puissants, la fameuse agence du Maghreb extrêmement arabe, où une faune de gendarmes et de ''merdas'' à leurs bottes officient tranquillement, s’est empressée de publier une dépêche pour dire que l’Alaouite en question a des problèmes psychiques. Une belle manière de le laver complètement de son crime. Mais comment se fait-il alors qu’il trimbale dans sa grosse cylindrée un arsenal guerrier ? Parce que tout simplement un Alaouite peut tout se permettre. Même s’il a un grain pour ne pas dire plusieurs.

Cependant, imaginez un seul instant que le même policier a eu un problème avec un ‘’sujet’’ lambda, sans forcément arriver aux extrêmes comme c’est le cas avec notre Alaouite. Je suis sûr et certain qu’il serait déjà battu sur place, après que le même policier a ameuté ses collègues avide de corps à défigurer, et immédiatement coffré avec des charges lourdes qui vont lui coûter plusieurs années de sa vie, si ce n’est toute sa vie. Avec sur le dos la terrible loi sur le terrorisme si jamais il avait le malheur d’avoir une arme.

Il faut dire ce qu’il y a, les policiers marocains ne sont pas que des lâches et des corrompus, ils sont aussi d’une barbarie sans pareil. On les a vus, dernièrement, à l’œuvre lorsqu’ils trituraient sadiquement les corps chétifs des jeunes d’Ait Baâmrane. Mais ils leur arrivent parfois de tomber sur un gros os. Et là, ils reçoivent des coups et ils se la ferment. Qu’ils ne s’attendent au moindre soutien de notre part !

samedi, août 30, 2008

Radio Souss : une radio qui vous ressemble beaucoup

Vous êtes au pays ou à l’étranger, et vous avez une grosse envie d’écouter les sons de notre bonne vieille musique amazighe. Histoire de renouer, l’espace d’un moment, avec vos racines et la culture qui a bercé votre enfance ou même votre jeunesse. Ce n’est vraiment pas compliqué, et pour cause. Grâce à la magie d’Internet, vous pouvez vous connecter au http://www.radiosouss.com/ Il s’agit d’une petite radio Internet qui diffuse 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, la musique amazighe.

Vous avez peut-être une préférence pour Ahwach ou les Rways, vous ne serez que trop servi. Il en va tout autrement si vous êtes un mordu de l’humour amazigh, Tazenzart, Tawdadnt et même de la tendance récente de notre musique contemporaine : la fusion. Le très talentueux Amarg Fusion justement, Tafsut, Aza, Massnissa, Yuba et tant d’autres formations douées, vont vous apporter plus que du plaisir.

Je vois déjà certains fort en gueule dire, fièrement, qu’il n’y a pas que cette radio sur Internet. En effet, il y a Radio-Plus. D’ailleurs, j’ai essayé de l’écouter. Mais pour tout vous dire, j’ai été très déçu. L’on dirait une radio diffusée dans la plaine de la Bekaâ ou dans les faubourgs de Baghdad et non plus dans une région on ne peut plus amazighe, le Souss.

Que ce soit dit en passant, je n’ai absolument rien contre les Libanais et les Irakiens, mais si les responsables de cette radio apprécient tant la musique arabe, qu’ils programment au moins la musique sahraouie par exemple. En plus, ses rythmes sont bien plus intéressants que les musiques ennuyeuses du Moyen Orient. Mais, semble-t-il, l’aliénation a fait, hélas, son terrible effet. Mais il n’y a pas que cela.

Ne savez-vous pas que la moyen-orientalisation- phénomène autrement plus dangereux que l’arabisation- est une politique encouragée hystériquement par le régime et financée – c’est vraiment le summum- avec votre argent ? Vous ne me croyez pas ? Que les gens de Radio-Plus et consorts essayent de boycotter le Moyen Orient- même si c’est de l’ordre de l’impossible- et sa culture, et ils verraient qu’ils seraient interdits immédiatement d’onde. Et ce, jusqu’à la fin des temps.

vendredi, août 29, 2008

Et si l'on parle de l'autonomie du Souss ?

Les événements tragiques d’Aït Baâmrane ne sont vraiment pas près de finir. Malgré la répression féroce, les jeunes de cette partie sinistrée du Souss ne veulent en aucun cas en démordre. En fait, ils sont à l’image de leurs grands-parents qui ont mis les Espagnols dehors. Ce que beaucoup, aujourd’hui, regrettent plus qu’amèrement. Il faut savoir que la ville d’Ifni à l’époque avait des infrastructures que même les plus grandes villes marocaines n’avaient pas. Un vrai centre urbain avec toutes les commodités modernes. Mais depuis son intégration au Maroc, elle est tombée progressivement en décrépitude, parce que ignoré superbement par le Makhzen. Il est de notoriété publique que celui-ci n’a que mépris pour les Amazighs. Pire, il s’en méfie comme de la peste s’il ne les combat avec toutes ses forces.

C’est de là que l’on peut expliquer le ressentiment de nos frères d’Aït Baâmrane. Un sentiment amplifié par les innombrables avantages sociaux et politiques dont profitent allégrement et scandaleusement leurs voisins sahraouis. Y compris les sympathisants les plus virulents des terroristes du Polisario. En fait, Aït Baâmrane ont mille fois raison de ruer dans les brancards, même s’ils ne sont pas les seuls à vivre dans l’exclusion. C’est le cas, hélas, du Souss dans sa totalité. Disons-le franchement, le Soussi plein aux as est plus le fruit de fantasmes qu’autre chose. En fait, il s’agit d’une vraie mystification. D’ailleurs, si vous voulez voir la personnification de la misère, vous risquez à tous les coups de la croiser, s’exprimant parfaitement bien en amazigh, dans les montagnes et les plaines désolées d’Ouarzazate, Aït Baha, Lakhsas, Ihahan…

Et pourtant, ce n’est pas l’argent qui manque. En fait, toutes les richesses du Souss- sauf les investissements des locaux- sont exportées, avec la vitesse de l’éclair, vers le triangle des Bermudes du Makhzen : l’axe Rabat, Fès et Casa. Si elles ne sont pas transférées dans des lieux plus sûrs : les banques suisses et autres paradis fiscaux. En laissant naturellement, derrière, la pollution, la misère et la désolation (puanteur à tous les coins de rue, surexploitation de la nappe phréatique et des richesses halieutiques et minières, insécurité généralisée, changement progressif de la composition ethnique de la région…)

Que faut-il faire alors dans ces conditions ? Bien sûr qu’il faut agir. Pour sauver ce qui peut encore l’être, il n’y a pas un million de solutions. C’est l’autonomie. Le plus simplement du monde. Les richesses du Souss doivent rester dans le Souss. Ce qui ne peut se faire que si les Soussis prennent les commandes de leur propre région. Rassurez-vous, des Soussis compétents, sérieux, honnêtes et efficaces existent bel et bien. En même temps, il est impératif, tout d’abord, que les Arabo-Andalous, connus pour leur perversité, leur voracité et leur amazighophobie, nous lâchent une fois pour toute. Ensuite, il est plus qu’urgent que le Makzhen et ses nombreuses mafias de la médiocrité, de la corruption et de la prostitution ne s’approchent plus de nous. Enfin, il faut aussi que les premiers concernés, c’est-à-dire les habitants du Souss se départissent, pour une fois, de leur fatalisme mortel et se mobilisent. Comme un seul homme. Il est bien connu que les droits ne se donnent pas, ils s’arrachent. Mais à qui le dire ?

Par ailleurs, ce qui fait le plus mal, c’est la quasi absence de solidarité des autres Soussis avec les Aït Baâmrane. Et pourtant, de part leur longue histoire, nos tribus se sont toujours montrées extrêmement unis face aux dangers extérieurs. Il est impossible de toucher l’une d’elles sans que les autres ne lui viennent immédiatement et massivement au secours. Aussi graves que puissent être les conflits entre elles. Mais avec les derniers événements d’Aït Baâmrane, c’est la première fois de l’histoire que des Soussis pur sucre se font brutaliser, quotidiennement, impitoyablement, comme des bêtes de somme, sans que personne ne bouge le petit doigt. Pire, il y en a même qui n’ont trouvé mieux que d’organiser, juste à côté, bruyamment, des fêtes et des festivals. Décidément, les temps ont bien changé. Que c’est terriblement triste !

dimanche, août 24, 2008

Abdellah Amennou : « Nous avons fait mieux que Timitar »

L’on peut parfois faire de très bonnes choses, il suffit qu’il y ait un peu de sérieux et beaucoup de volonté. C’est ce que la dynamique société civile d’Achtouken nous a montré, et de quelle manière ! Pendant trois jours, du 6 au 9 août plus précisément, Aït Baha et Biougra ont vécu à l’heure d’une activité culturelle intense. Et ce, pour le plus grand bonheur des habitants, plutôt habitués à un désert culturel désespérant. Parmi ceux qui ont participé, activement à l’organisation et au succès de cette manifestation, le jeune plasticien Abdellah Amennou. Voilà le résultat de notre échange, réalisé à l’origine en tamazight, mais que je vous ai traduit avec beaucoup de plaisir.

Quel bilan faites-vous de la première édition du festival d'Amarg à Achtouken ?

Pour tout vous dire, tout s’est très bien passé. Pendant quatre jours, la programmation, que ce soit à Biougra ou à Aït Baha, a été un succès à plus d’un titre. Je peux vous affirmer, sans prétention aucune, que le taux de réussite peut être estimé à quelque 80%. Ce qui est encourageant pour une première. Une explication ? En fait, c’est très simple. Cette fois-ci ce sont les vrais enfants du pays, tous très actifs au sein de la société civile locale, qui ont pris les choses à bras-le-corps et non plus les makhzeniens médiocres, « importés » de je ne sais quel lointain bled. Même si d’importants moyens ne sont pas au rendez-vous, je peux vous assurer que notre festival est cent fois mieux que celui Timitar, qui engloutit, chaque année, des sommes incroyablement astronomiques pour faire la promotion de tout et surtout d’un grand n’importe quoi. En tous les cas, il est certain que l’on ne ménagera pas nos efforts pour améliorer davantage les choses. Car, vu notre immense succès, d’autres sociétés privées se sont précipitées sur nous et nous ont promis de mettre la main à la poche, l’année prochaine.

Pourquoi avoir donné le nom de feu Janti à cette édition ?

A part lui, qu’est-ce que vous voulez qu’on lui donne ? Cet homme était le courage même. C’est encore et toujours notre grande fierté. Parce qu’il était un grand militant désintéressé, qui, grâce à ses dons poétiques, a su mobiliser les gens contre toutes les injustices et contre les colonialistes de tout bord. Bien plus, il était un philosophe, mais à sa manière. Toutes ses paroles sont devenues des maximes qui se transmettent de génération en génération. Les Français, qui l’ont bien connu et reconnu sa valeur, ne disaient-ils pas que ses poèmes peuvent même ressusciter les morts ?

Le programme du festival n’est pas uniquement musical…

En effet. Il y a eu trois intéressantes conférences. La première a abordé la poésie amazighe de la résistance pendant la période française. Elle a été animée respectivement par les chercheurs Abderrahim Fares, Mohamed Bastam, Ahmed Bouzid, l’écrivain Mohamed Moustaoui et le grand poète Dda Brahim Oubella, venu spécialement de Tata. La deuxième, qui a vu une affluence importante du public, a porté sur l’art de tarrayst. Là, nous avons eu droit à une très belle prestation de Ali Faïk, qui n’est autre que le leader et le chanteur du fameux groupe Amarg Fusion, qui a évoqué longuement ce sujet. En faisant une part belle aux instruments anciens de cet art ancestral, ô combien, emblématique de notre si belle région, le Souss. Quant à la dernière, elle a vu la rencontre entre quelques poètes avec un groupe de chercheurs dans le domaine amazigh. Et ce, pour éclairer l’auditoire avide du savoir sur les caractéristiques de notre poésie et surtout sur son immense richesse.

Qu'en est-il de la programmation musicale ?

Le premier jour à Aït Baha a vu la participation des rways de Masst, Ismgan d’Aït Baha, Ali Chouhad et Kimroun. Au deuxième jour à Biougra, il y a eu les prestations de Lahsen Ouhihi, Amentag, Lfetwaki, Ismgan et bien évidemment notre inimitable Ajmak. Le dernier jour, c’était les poids lourds de la musique amazighe moderne : le très grand Ammouri Mbarek, Amarg Fusion et les légendaires Izenzaren. L’animation a été assurée excellemment bien par l’humoriste Aslal.

Et qu’en est-il du public ?

C’était tout simplement incroyable et inoubliable. Il a répondu bien évidemment massivement présent. Il est venu de partout du Souss et même d’ailleurs.
Pour voir quelques photos, vous n'avez qu'à cliquer sur ce lien :

samedi, août 09, 2008

Akounad, un grand écrivain en prose

Mohamed Akounad est un romancier que beaucoup doivent nous envier. Tellement il est talentueux. Autant dire que ce n’est pas n’importe qui. En fait, nous avons affaire à un homme de grande qualité. Une singularité dans une mouvance amazighe minée, il faut dire ce qu’il y a, par des égos hypertrophiés, des intérêts personnels et des calculs mesquins. Pour encore combien de temps ? Dieu seul le sait. Passons !

La première fois que j’ai eu l’heureuse occasion d’entendre Dda Moh -c’est ainsi que l’on appelle plus par respect qu’autre chose- date d’il y a longtemps. Au début des années 90 du siècle passé. Et oui, le temps passe très vite ! À l’époque, il préparait et présentait, à titre de bénévole –c’est toujours le cas-, une excellente émission hebdomadaire sur les ondes de la radio régionale d’Agadir.

Déjà le titre de cette fameuse émission, le savoir : le droit de tout un chacun (Tawssna, taghamt n kuyan), nous annonce la couleur. Au-delà de toutes les choses pertinentes que l’on peut y apprendre, ce qui a retenu le plus particulièrement mon attention, c’est son effort de traiter tous les sujets, si complexes et compliqués qu’ils puissent être, dans une langue amazighe absolument fraîche, épurée, châtiée et accessible à tout le monde.

Autant dire une découverte pour moi et une première dans un mouvement amazigh encore à la recherche de ses marques. « Avec son émission culturelle intitulée ‘’ Tawssna taghamt n ku yan’’, devenue ultérieurement ‘’Tawssna tamazight’’, diffusée jusqu’à nos jours (1993-2007), M. Akounad marqua ainsi le domaine des médias amazighs», affirma, péremptoire, Anir Bouyaâkoubi, un jeune militant qui l’a beaucoup fréquenté au sein de l’association de Tamaynut à Agadir.

Enfin, la rencontre

Depuis cette époque, j’ai toujours voulu le rencontrer. Mais le destin en a toujours décidé autrement. Je n’ai pu malheureusement faire sa connaissance que l’année dernière. Que dire ! Il correspondait tout à fait à l’image que je me suis faisais de lui. Un homme bien dans ses baskets et droit dans ses bottes, même si tout chez lui inspire la simplicité, la discrétion et même une certaine pudeur. Celle-là même que l’on ne trouve que chez les Amazighs qui ont toujours baigné dans leur culture maternelle. Ce qui est le cas de ce fils prodigieux d’Ihahan. Même s’il a perdu, malheureusement, le très charmant accent qui caractérise tant cette partie du Souss.

Attablés à la terrasse feutrée d’un café en plein centre d’Agadir, il s’est alors épanché sur ses multiples activités. Le geste lent, le regard trahissant une volonté inébranlable, le ton toujours lénitif, le phrasé souvent concis si ce n’est nerveux, il m’a longuement parlé sur la culture amazighe, le militantisme associatif, les joies et les dépits de l’écriture et tant d’autres choses. Pour tout vous dire, échanger avec un homme de ce calibre était pour moi plus qu’un plaisir. Un véritable enchantement. Je ne voyais même pas le temps passer. Même si je savais que je l’empêchais de s’adonner à ses habitudes quotidiennes, j’insistais énormément pour que l’on se voie encore une fois. Il acceptait toujours comme s’il avait peur de m’offusquer.

Chemin faisant, j’ai découvert un homme d’une grande sensibilité avec un sens de l’engagement, voire de don de soi, très rare chez les nôtres. « Même si je ne roule pas sur l’or, tous mes livres sont publiés à compte d’auteur », me dit-il. « Il ne faut jamais s’attendre à gagner de l’argent en écrivant, mais peut-être un jour…», souligna-t-il tout à fait confiant. L’optimisme, il en à en revendre. Toujours aussi pédagogue -avant sa retraite, il était professeur-, il arrive toujours à montrer, d’une manière on ne peut plus claire et avec des mots extrêmement simples, le côté positif des choses. En réussissant, toujours, la gageur de convaincre.

Un as du tamazight

Quant à la connaissance de la langue amazighe, il faut dire qu’il est tout simplement imbattable. Il en maîtrise toutes les subtilités et tous les secrets. Il a en a fait plus d’une fois la démonstration dans ses très nombreuses publications (Tawargit d imikk, Iijjigen n tidi…). Mais il est toujours continuellement avide d’en savoir davantage. D’ailleurs, il a un grand sens de l’écoute. Sans jamais gober béatement tout ce qu’on lui dit. En fait, il est extrêmement critique, y compris avec lui-même. Car il sait pertinemment que le domaine amazigh grouille de beaucoup de dilettantes qui peuvent dire tout et n’importe quoi. Et j’en ai eu la preuve. À mes dépens en plus.

Exemple : lorsque je lui avais dit que la banane en tamazight se dit « ikiwd », il a été plus que sceptique même s’il le cachait derrière un long sourire complice. Mais quelques jours après, il en a eu la confirmation la plus indiscutable lorsqu’on avait été, ensemble, à Aourir où l’on produisait de la banane depuis la nuit des temps. Et ce, de la bouche même d’un fils de la région et vendeur de bananes de son état.

Dda Moh est ainsi. Un homme de rigueur, de sincérité et de beaucoup d’efficacité. Si l’on avait plusieurs comme lui, il est plus que certain que le destin des Amazighs aurait été autrement. En tous les cas, il n’aurait pas été aussi tragique que ce qu’il est maintenant.
*****Si vous voulez en savoir davantage sur M. Akounad, vous pouvez visiter son site Internet où il écrit régulièrement des chroniques en tamazight : http://www.akunad.com/*****