Que c’est terriblement triste ! L’un de nos
plus grands militants, Mohamed Mounib, vient de nous quitter. À jamais. Pour
toujours. Il faut bien reconnaître la stature de l’homme est on ne peut plus
importante. En fait, pour dire les choses le plus simplement du monde, l’homme
est vraiment irremplaçable. Car il était
unique en son genre. Jugez-en!
Malgré ses fonctions, très sensibles du reste,
au sein de l’administration territoriale du Makhzen marocain, il n’avait de
cesse de militer, sa vie durant, pour que l’amazighité retrouve sa place
légitime sur sa terre. Et ce, sur trois principaux niveaux.
Primo, il était un organisateur discret, mais
terriblement et incroyablement efficace. Énormément d’événements qui ont eu un rôle
majeur dans le développement du mouvement amazigh et la sensibilisation des
Amazighs d’une manière générale, n’auraient pas lieu sans lui. Rappelons juste
son rôle déterminant (avec d’autres militants bien sûr) dans l’avènement de l’Université
d’été d’Agadir, le Congrès mondial amazigh…
Secundo, il était aussi un soutien moral et
financier pour tous les militants amazighs et tous les événements qui ont eu
lieu à Agadir et dans le Souss. En fait, comme on le dit si bien en langue
amazighe, sa bourse ne lui appartenait aucunement. Car il était incroyablement
généreux. Bien plus, sans ses nombreuses et déterminantes interventions, pas
mal de nos militants amazighs qui ont eu
maille à partir avec le régime croupiraient encore probablement en prison au
jour d’aujourd’hui.
Tertio, il était également un intellectuel, un
vrai bien sûr, qui avait, réellement et sincèrement, le courage des ses idées.
Ce qui est, il faut bien le reconnaître, extrêmement rare chez nous. Pour
preuve, c’était lui, à titre d’exemple, qui a mis en pièce, d’une manière absolument
magistrale, le fameux mythe du dahir berbère, utilisé jusqu’à une époque
récente comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tout Amazigh qui nourrit
juste la velléité de remettre en question l’idéologie officielle foncièrement et
haineusement amazighophobe et anti-amazigh.
M. Mounib n’était pas que cela. En fait, ce digne fils d’Ihahan, mais agadirois jusqu’au bout des ongles, était aussi
une vraie encyclopédie. Que c’était un plaisir de l’écouter, des heures durant,
disserter sur l’histoire récente du Maroc, sur les épineux problèmes des
expropriations, sur le combat amazigh… ! Tout cela sans jamais se départir de cette
modestie si typique de gens qui en savent beaucoup. Un peu comme tous les
grands hommes de l’humanité. Car c’était véritablement un grand.