jeudi, avril 12, 2018

Adieu Dda Moh!

Que c’est terriblement triste ! L’un de nos plus grands militants, Mohamed Mounib, vient de nous quitter. À jamais. Pour toujours. Il faut bien reconnaître la stature de l’homme est on ne peut plus importante. En fait, pour dire les choses le plus simplement du monde, l’homme est vraiment irremplaçable.  Car il était unique en son genre. Jugez-en!

Malgré ses fonctions, très sensibles du reste, au sein de l’administration territoriale du Makhzen marocain, il n’avait de cesse de militer, sa vie durant, pour que l’amazighité retrouve sa place légitime sur sa terre. Et ce, sur trois principaux niveaux.

Primo, il était un organisateur discret, mais terriblement et incroyablement efficace.  Énormément d’événements qui ont eu un rôle majeur dans le développement du mouvement amazigh et la sensibilisation des Amazighs d’une manière générale, n’auraient pas lieu sans lui. Rappelons juste son rôle déterminant (avec d’autres militants bien sûr) dans l’avènement de l’Université d’été d’Agadir, le Congrès mondial amazigh…

Secundo, il était aussi un soutien moral et financier pour tous les militants amazighs et tous les événements qui ont eu lieu à Agadir et dans le Souss. En fait, comme on le dit si bien en langue amazighe, sa bourse ne lui appartenait aucunement. Car il était incroyablement généreux. Bien plus, sans ses nombreuses et déterminantes interventions, pas mal de nos militants  amazighs qui ont eu maille à partir avec le régime croupiraient encore probablement en prison au jour d’aujourd’hui.

Tertio, il était également un intellectuel, un vrai bien sûr, qui avait, réellement et sincèrement, le courage des ses idées. Ce qui est, il faut bien le reconnaître, extrêmement rare chez nous. Pour preuve, c’était lui, à titre d’exemple, qui a mis en pièce, d’une manière absolument magistrale, le fameux mythe du dahir berbère, utilisé jusqu’à une époque récente comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête de tout Amazigh qui nourrit juste la velléité de remettre en question l’idéologie officielle foncièrement et haineusement amazighophobe et anti-amazigh.  


M. Mounib n’était pas que cela. En fait, ce digne fils d’Ihahan, mais agadirois jusqu’au bout des ongles, était aussi une vraie encyclopédie. Que c’était un plaisir de l’écouter, des heures durant, disserter sur l’histoire récente du Maroc, sur les épineux problèmes des expropriations, sur le combat amazigh… !  Tout cela sans jamais se départir de cette modestie si typique de gens qui en savent beaucoup. Un peu comme tous les grands hommes de l’humanité. Car c’était véritablement un grand.