Enfin, Radovan Karadzic, l’un des fugitifs les plus célèbres du monde, a été arrêté et embastillé. Et ce, après une très longue cavale qui n’en était vraiment pas une, et pour cause. L’homme coulait discrètement des jours tranquilles –peut-être même heureux- à Belgrade, la capitale serbe. Bien naturellement au su et au vu de tous les membres du gouvernement et les services de sécurité locaux. Ne croyez surtout pas qu’ils ne sont pas au courant des ses va-et-vient !
Je ne vais pas gloser indéfiniment sur la portée de cette arrestation, tant les médias internationaux en ont fait d’ailleurs leurs choux gras, mais ce qui a retenu particulièrement mon attention, c’est la très longue barbe qu’arborait sobrement ce psychanalyste de profession aux allures d’un grand papa respectable et paisible. Exactement comme l’ex-dictateur irakien, Saddam, lorsque les Américains lui ont mis la main dessus dans un trou, quelque part dans les environs de sa ville natale, Tikrit.
Il faut reconnaître qu’ils avaient exactement la même. Poivre et sel, si ce n’est carrément blanche. En fait, après avoir été, le symbole des sages, des philosophes et des intellectuels, la barbe- surtout la longue- est devenue l’emblème des génocidaires, des criminels de guerre et de toute sortes de terroristes (surtout islamistes). Mais quel triste sort ! Le mal a-t-il définitivement une barbe ? Il faut, hélas, le penser et même le croire.
Reste que la comparaison de Karadzic avec Saddam ne s’arrête pas que là. Au-delà du fait qu’ils ont des milliers, si ce n’est carrément des millions de ‘’fans’’ hystériques, il faut savoir que les deux, et c’est vraiment le toupet, sont férus de littérature. Ce qui n’est pas vraiment un honneur pour celle-ci. Si Karadzic était poète ; Saddam, lui, était romancier. D’ailleurs, lors de son emprisonnement par les Américains, il tuait le temps en rédigeant un roman dans sa minuscule cellule.
Je ne sais pas si Karadzic va lui emboîter le pas dans sa prison de La Haye, le siège du tribunal pénal international. En tous les cas, il aura toute la latitude pour s’adonner à sa passion d’antan : la poésie. Avant d’être -peut-être- rejoint par l’actuel président soudanais, El Bachir. Il faut savoir que la communauté internationale l’a accusé, lui aussi, d’avoir perpétré des crimes contre l’humanité contre ses propres concitoyens dans le Darfour.
Est-il lui aussi un mordu des lettres ? Je n’en sais absolument rien. Il faut dire qu’il est encore une véritable énigme. Cependant, la seule vraie chose que l’on connaisse de lui, c’est qu’il sait danser. Très bien même. Il en a d’ailleurs fait la démonstration, devant des milliers de partisans, lors d’une tournée qu’il a effectuée, dernièrement, dans ce même Darfour qu’il a tant martyrisé avec ses multiples milices armées. Juste quelques jours après avoir été mis au pilori, avec toute la publicité qui sied à son rang, par le Tribunal pénal international.
Pour ce qui est de la barbe, il n’en pas vraiment une pour l’instant. Parce qu’il n’en pas encore besoin. Mais dès qu’il sera poussé à la porte du pouvoir- si son régime est asphyxié par la communauté internationale-, il est fort probable que lui aussi il en fera une. Histoire de se noyer dans la masse. Et échapper ainsi à la justice des hommes. En se cachant, peut-être, quelque part dans la savane africaine. Dommage donc pour la barbe qui aurait probablement espéré une tout autre réputation.