samedi, novembre 26, 2005

Bombardement d'Al-Jazira: incroyable, mais...

Chronique:
La chaîne Al-Jazira -ce qui n’est absolument pas nouveau- gêne aux entournures les officiels américains et met à mal leurs projets au Moyen Orient. Tant il est vrai qu’elle est l’un des opposants les plus acharnés à la présence de leur pays dans la région. Mais que l’on arrive à la Maison Blanche à caresser le projet du bombardement de son siège à Doha pour définitivement la faire taire, est tout simplement surprenant. Jusqu’à maintenant, j’ai vraiment du mal à croire à un tel scénario.

S’il s’avère vrai – rien n’est plus impossible avec l’équipe de faucons actuellement au pouvoir à Washington - que le Président George Bush nourrissait un aussi étonnant projet, comme l’a révélé la presse britannique, on ne peut que s’interroger sur la logique qui président aux décisions de l’administration américaine. On sait tous que le Qatar, le plus petit pays du Golfe, qui finance totalement le dite chaîne, est pro-américain jusqu’au bout des ongles. On peut même dire qu’il est très lié aux États-Unis. Pour preuve, le quartier général des forces américaines, qui sont intervenues et qui interviennent toujours en Irak, se trouve juste à quelques mètres de la chaîne d’Al-Jazira, à Doha. Autrement dit, les Américains font beaucoup confiance aux dirigeants du Qatar.
Est-ce que, entre temps, sans que l’on sache, Bush a perdu à ce point toute influence sur l’émir du Qatar pour envisager une méthode pour le moins musclée et radicale contre Al-Jazira ? À notre connaissance non. Si c’était le cas, les Américains auraient déjà déguerpi du Qatar et même opté pour des pressions tous azimuts comme c’est le cas en ce moment même avec la Syrie.
Au fait, il suffira aux Américains de hausser un peu le ton pour que certainement le petit Qatar obtempère, sans broncher, et ferme illico presto et définitivement sa chaîne. Car, il ne pourra jamais résister aux pressions américaines. Pourqouoi donc avoir besoin d'une action aussi spectaculaire, aussi absurde que le bombardement des locaux de la chaîne ? C'est tout simplement incompréhensible et, pour tout vous dire, ivraisemblable !

Toujours est-il que ces révélations donnent raison à la chaîne Al-Jazira dont les bureaux et des journalistes, en Afghanistan et en Irak, ont été, bizarrement, victimes de plusieurs bavures américaines. Un cameraman de la chaîne, d’origine soudanaise, arrêté en Afghanistan, croupit toujours dans le camp de Guantanamo. Sans oublier l’incarcération de l’un de ses journalistes vedette en Espagne pour cause d’accointances avec la nébuleuse terroriste d’Al- Qaida.
La chaîne est-elle l’objet d’une cabale américaine ? C’est ce que pensent, avec beaucoup de conviction, ses responsables dont les dernières révélations d’une attaque apportent de l’eau à leur moulin. D’ailleurs, ils n’ont pas tardé à réagir, vigoureusement, à coups de communiqués de condamnation, de rencontres avec la presse et même de sit in de protestations. Sans oublier une couverture télévisuelle pour le moins démesurée de ces informations qui restent, faut-il encore le rappeler, à confirmer ou à infirmer.
En attendant, la victimisation, une spécialité dont excelle merveilleusement bien Al-Jazira, fonctionne donc, une fois de plus, à plein régime. Et rien ne nous dit que cela va s’arrêter de sitôt.
Lahsen Oulhadj

jeudi, novembre 24, 2005

Bush aurait envisagé l’attaque d’Al-Jazira

Un document très confidentiel dont le journal britannique le Daily Mirror a publié, il y a quelques jours, le contenu a eu l’effet d’une bombe sur Al-Jazira et pour cause. Les Américains, s’il en croit le dit journal, auraient un projet de bombardement des locaux de la chaîne qatarie.

C’était lors de sa rencontre le 16 avril 2005, à la Maison Blanche, que le président américain, George Bush, aurait avoué avec le Premier ministre anglais, Tony Blair, l’existence d’un plan de bombardement d’Al-Jazira, à Doha, la capitale du Qatar. Selon le document, Tony Blair l’aurait avertit des conséquences désastreuses d’une telle action.

Dans un communiqué dont des passages ont été diffusés sur le site Internet de la chaîne, les responsables d’Al-Jazira ont insisté auprès du gouvernement anglais de se hâter d’infirmer ou de confirmer les informations publiées par le Daily Mirror.

S’il s’avère que le rapport est vrai, " ce serait un terrible choc non seulement pour Al-Jazira mais à toutes les sociétés médiatiques du monde. Il inciterait à douter des versions américaines aux différentes attaques dont les bureaux et les journalistes d’Al-Jazira ont fait l’objet en Irak et en Afghanistan ".

Cette information a provoqué un tollé général chez les journalistes arabes. Abd Al Bari Atouan, le très en vue directeur du journal panarabe Al-Quds Al-Arabi, a affirmé que c’est une preuve que l’administration américaine fait la guerre à Al-Jazira et les médias arabes libres, et tous ses discours sur la liberté et la réforme ne sont que de la poudre aux yeux.

Le comité arabe de la défense des journalistes arabes réagit dans le même sens. Il a exprimé son ahurissement vis-à-vis des révélations pour le moins terrible du journal anglais.
-selon le site Internet d’Aljzira-
Lahsen Oulhadj

dimanche, novembre 20, 2005

L’ONU : un bras d’honneur à la démocratie

La deuxième partie du Sommet mondial sur l’information a eu lieu le 16 et le 18 novembre dernier en Tunisie ! Si cela ne vous choque pas, c’est que certainement vous ne connaissez point ce pays, qui a brillé, et de quelle manière!, par être l’un des plus brocardés au monde relativement à la liberté d’expression et aux droits de l’homme.

On ne peut s’empêcher de s’interroger sur le responsable du choix de la Tunisie comme lieu d’organisation d’une telle rencontre. L’ONU, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a encore raté le coche. D’aucuns considéraient que c’est une provocation de la part de l’organisation onusienne.

Ce n’est pas sans raison, et même si le mal est déjà fait, que M. Ambeyi Ligabo, rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression de la Commission des Nations Unies sur les droits de l'homme, a invité les autorités du pays hôte " à libérer sans conditions tous les prisonniers d’opinion et à favoriser le plein exercice du droit à la liberté d'opinion et d'expression dans le pays".

Cependant, le régime de Tunis ne l’entend pas de cette oreille. Un journaliste français, Christophe Boltanski, l’a appris à ses dépens le 11 novembre à Tunis. Il a été agressé lâchement en plein centre de la capitale tunisienne par des hommes, certainement des membres des services de sécurités - parce que c’est l’une des méthodes dont ils sont friands.

Quant aux militants tunisiens des droits de l’homme, ce genre d’agressions fait partie de leur lot quotidien, et même les membres de leurs familles ne sont pas épargnés. Le jour même, l’avocat Mokhtar Trifi et l’universitaire Sana Ben Achour, après avoir participé à un rassemblement de soutien à des figures de proue de la société civile tunisienne qui observaient une grève de la faim depuis le 18 octobre 2005, ont été roués de coups. La fille de Mokhtar Trifi, dont le seul crime est d’être la fille de son père, a eu le même sort deux jours après.

Autrement dit, le régime tunisien n’est absolument pas prêt à changer sa politique répressive. S’il continue ainsi c’est qu’il est sûr qu’il ne risque rien. La France " des droits de l’homme " le soutient à bras-le-corps, et cela fait dix-huit ans que cela dure. Il faut dire que ses intérêts dans son pays sont importants. Il ne faut en aucun cas les mettre en danger avec des histories " futiles " de démocratie, d’autant plus que les Américains sont l’affût pour lui couper l’herbe sous les pieds. Ben Ali et ses sbires vont encore sévir pour longtemps.
Lahsen Oulhadj

jeudi, novembre 03, 2005

Azekka : une ONG modèle

Lahsen Oulhadj
Bouleversante a été, pour moi, une photographie dégotée par le plus grand des hasards dans un petit site Internet. Elle a immortalisé, comme le précise sa légende, quelques écoliers démunis du sud marocain. Ils serraient très fort contre leurs petits corps chétifs leurs tout nouveaux cartables que l’on vient de leur offrir. Un peu comme s’ils avaient peur qu’on les leur arrache. De leurs regards se dégage cette souffrance indicible propre à l’enfance confortée précocement aux affres de la vie.

Qui sont les bons samaritains derrière ce geste humanitaire , ô combien précieux, envers ces bambins ? Trois françaises : Karine, Céline et Bénédicte, par le biais de leur association humanitaire, Azekka -demain en berbère-, qu’elles ont fondée à la suite d’ " un coup de foudre pour le sud marocain et ses gens ", selon les propres mots de la présidente Mlle Karine Aubry.

Férues de randonnées pédestres, elles ont eu tout le loisir de découvrir et d ’apprécier, lors d’un premier circuit, la beauté magique des paysages des régions de l’Atlas ; mais aussi de constater de visu l’envers du décor, à savoir l’état du dénuement total des populations locales. C’était là qu’elles ont eu le déclic. Il fallait agir et immédiatement. Sensibles à la misère humaine qu’elles sont, il ne peut pas en être autrement, pourrait-on dire. D’ailleurs, elles n’ont pas traîné en longueur pour mettre la main à la pâte.

Dans un premier temps, elles ont acheminé, personnellement, des dons de toutes sortes à chacun de leurs déplacements au Maroc. Conscientes des limites de leur démarche et dans un souci d’efficacité " nous avons décidé de créer Azekka ", souligne Mlle Karine. Chemin faisant, l’association s’est beaucoup agrandie et pour cause. D’une structure locale, elle s’internationalise de plus en plus. Les Azekkis, c’est ainsi que les membres sont joliment appelés, sont quelque 65 personnes, répartis entre la France, la Belgique et le Maroc.

Ne laissant rien au hasard et conscientes qu’il faut donner à leur petite ONG un nom judicieux et surtout qui parle aux bénéficiaires de leurs actions, elles n’ont pas hésité à lancer un appel mondial sur l’un des multiples forums réservés à la culture amazighe. Le choix s’est arrêté sur Azekka car, selon Mlle Karine, c’est " un nom berbère simple, afin d’être identifié par toutes les populations des régions concernées ".

le hic

Il ne suffit pas d’être animé par les bons sentiments pour que tout coule de source. Derrière toute action humanitaire, il y a beaucoup d’efforts à fournir en argent, en temps, en prospection, en récupération, etc. Certains pensent, à tort, que c’est simple. Oh que non ! Si les membres de l’association d’Azekka se décarcassent, à fond, à ramasser tous les dons, il faut par la suite les transporter aux bénéficiaires qui se trouvent non pas dans la ville ou la région voisine, mais à quelque trois mille kilomètres. Et c’est là que le bât blesse. D’aucuns seraient déjà tentés de baisser les bras avant même d’avoir commencé tellement les efforts à fournir sont titanesques.

Paradoxalement, dans le cas des Azekkis, c’est le contraire qui s’est passé. On dirait que toutes ces difficultés sont source de motivation qui les incite à pousser les feux. Vu que l’association n’a pas trop les moyens et ne peut se permettre d’envoyer les dons par le truchement du transport international, ce sont ses membres, en personne, qui s’en chargent avec tous les risques que cela comporte.

Ce n’est que dernièrement, comme nous le confie Mlle Karine, que l’on a fait appel aux voyageurs solidaires, via les forums de discussion et le site Internet de l’association ; ce sont " des Français ou des Belges qui partent au Maroc en nous faisant gentiment une petite place dans leur véhicule ou dans leur valise ". Pour que les envois arrivent à destination, les Azekkis sont capables de déployer des trésors d’ingéniosité qui ne peuvent nous laisser, et c’est le moins qu’on puisse dire, qu’admiratifs devant tant de dévouement.

Malgré son jeune âge, il serait fastidieux de citer la liste, déjà très longue, de toutes les réalisations d’Azekka : distributions de kits de cartables en 2004 et 2005 pour les enfants démunis d ’Idikl et d ’Aït Ali, fourniture d’une bibliothèque de plus 1200 livres, réalisation d’une étude de faisabilité d’un projet hydraulique à Aoulouz par un ingénieur dépêché de France spécialement pour cette tâche, dons de fauteuils roulants à des enfants handicapés de Skoura …

Quant aux projets, ce n’est absolument pas cela qui manque. Si le cœur vous en dit et désirez ajouter votre pierre à cet édifice humanitaire, il ne faut pas trop hésiter. En tous les cas, les Azekkis vous accueilleront toujours les bras ouverts !

Du baume dans les cœurs

" Partout où nous allons, nous sommes très bien accueillis. À Aït Ali et à Aoulouz, nous avons rencontré des gens qui étaient très ravis de notre visite, car ils vivent très isolés toute l’année ", se réjouit Mlle Karine. Ce que confirment les photographies mises en ligne sur le site de l’association où l’on voit des hommes, des femmes et des enfants, vivant dans des conditions parfois très pénibles, qui, tout sourire, sont on ne peut plus heureux que des gens venant de contrées très lointaines viennent leur apporter de l’aide.

La philosophie d’Azekka est originale. Les membres de l’association sont animés par la volonté de toujours respecter l’autre dans sa dignité en lui faisant comprendre que malgré sa pauvreté, il est riche par sa culture et par son humanité. " Dans nos échanges, ajoute Mlle Karine, nous essayons toujours de chercher la rencontre interculturelle et l’enrichissement mutuel. Nous n’arrivons jamais en héros providentiel qui peut résoudre tout avec un coup de baguette magique. De plus, nous avons un principe : nous n’aidons que ceux qui s’aident entre eux-mêmes et notre apport est un coup de pouce qui leur permet d’aller plus loin ".

Et les problèmes surgissent !

Azekka fait face à des tracasseries administratives pour le moins absurdes. Un exemple : il faut savoir, précise Mlle Karine, que " la douane nécessite une demande de franchise avec déplacement obligatoire des bénéficiaires jusqu’à Tanger ". Lorsqu’on connaît leur extrême pauvreté, autant dire que l’administration marocaine cherche à mettre fin à cette belle aventure humaine.

Nonobstant cette course d’obstacles, les Azekkis tiennent bon. Sauf que, à la fin, c’est tellement devenu décourageant qu’il faut impérativement agir. Il y a quelques jours, une pétition planétaire a été lancée pour dénoncer le comportement pour le moins intolérable des agents de la douane. Parmi les griefs : leur mauvaise foi en feignant ne pas recevoir de franchise, les demandes répétitives de pots-de-vin et autres bakchichs, l’intimidation et l’abus de pouvoir. Résultat : on bloque pendant des heures les convoyeurs, souvent, bénévoles. En d’autres termes, pour ceux qui la connaissent déjà, l’administration marocaine est fidèle à elle-même. En ce sens qu’elle réussit merveilleusement bien, comme à son accoutumée, à tailler des croupières à cette belle initiative qui permet de soulager un tant soi peu les souffrances des pauvres parmi les pauvres dont, et c’est une évidence, elle n’a cure. Désespérant !