Je connaissais Ali Faiq depuis ses albums qu'il a
réalisés avec le groupe Dounia Amarg. C'est là que je me suis dit que ce
gars-là avait un potentiel énorme. Et je ne m’y suis pas trompé. Car c'est
simplement un rrays au sens vrai du terme. Il faut dire qu'il a un
incroyable sens du rythme et de la mesure – métrique bien sûr- que l'on trouve
presque rarement chez la nouvelle génération de nos chanteurs.
D'ailleurs, ça s'est confirmé -et de quelle manière !-
avec les deux terribles albums d'Amarg Fusion. Des succès absolument
mémorables que les mélomanes amazighs ou pas ne sont pas près et encore moins
prêts d'oublier. Pour preuve, il faut juste faire un petit tour sur Youtube ou
Dailymotion pour voir de visu leurs taux d'écoute ou de visionnement.
Malgré ses soucis de santé, Ali Faiq n'a jamais voulu
lâcher prise. Son amour de l'amarg est plus fort que jamais. C'est pour
cela qu'il a voulu tenter d'autres expériences. Solo par exemple ! D’où son
nouvel albmu, Tirra s ikwlan (les écritures/les écrits en couleurs)
réalisés avec ses propres moyens, selon une déclaration qu'il a faite à une
radio agadiroise.
Ce nouvel opus comporte en tout et pour tout
neuf titres. Si le style est aisément reconnaissable, avec ses influences pour
le moins nombreuses (reggae, saharien, gnawa...), dans sa dernière chanson, Ali
Faiq a voulu faire un retour aux sources. Il a rassemblé un nombre de ses amis rways
pour interpréter la chanson d'amzwag dans la plus pure tradition de tirruysa.
Un clin d’œil bien naturellement à tous les nostalgiques de ce style
traditionnel, encore fort nombreux, qui tend de plus en plus à céder le pas
devant la vague de modernisation/ occidentalisation galopante que connaît,
actuellement, la musique amazighe.
En tous les cas, notre terrible chansonnier d’Achtouken
n'a absolument pas déçu. Comme à son habitude, il n'a rien laissé au hasard.
Tel un ciseleur perfectionniste, tout est millimétré avec précision. Même s'il
n'a plus rien prouver, il faut reconnaître qu'il a réussi, avec cet énième
album, un vrai coup de maître. Que ce soit au niveau de la recherche musicale
ou de la thématique des différentes chansons (l'écologie, le personnage de la
mère, la peinture, l’amour...).
Il va sans dire que les vrais mélomanes vont apprécier
! Et la meilleure des manières de le montrer est d'aller chez n'importe quel
disquaire qui se respecte pour s'en procurer un ou même plusieurs. C'est ce que
j'ai fait personnellement. Même je suis très loin, trop loin du pays natal.