vendredi, février 18, 2011

Libye : "Mes fils en prison pour leur attachement à la culture berbère"

Voilà pourquoi les régimes arabes doivent tous tomber. Il y en a vraiment marre de subir indéfiniment leur terrorisme. Il faut savoir dire basta.

Lisez cet article publié sur les colonnes du journal français Le Monde.

Fathi Salem Bouzakhar enseigne l'ingénierie électronique à l'université de Syrte, sur la côte méditerranéenne libyenne. Les 14 et 16 décembre, ses deux fils aînés, deux jumeaux de 29 ans, Madghis et Mazigh, sont arrêtés par les autorités du pays. Leur crime ? S'être intéressés d'un peu trop près à la culture amazighe (berbère), réprimée en Libye. Leur père témoigne.

"En décembre, mon fils Madghis a reçu une convocation des agents de la sûreté extérieure [une des agences de renseignement libyenne]. Le motif n'était pas clair. Une fois sur place, il a été placé en détention. Deux jours après, c'était au tour de son frère jumeau, Mazigh, d'être arrêté. Les agents sont venus à notre domicile et ont saisi CD, disques durs, livres... tous les documents de la bibliothèque et de l'ordinateur familiaux.

"Ce qu'on leur reproche, c'est leur intérêt pour la culture amazighe. Notre famille est originaire de Yefran, en pleine région berbère. Avec ma femme, nous nous sommes toujours efforcés de transmettre notre culture à nos cinq enfants. Mes fils, en plus de parler le tamazight [la langue berbère], se renseignaient sur la culture berbère, par intérêt personnel. Ils consultaient des articles sur Internet, ils étaient en contact avec des universitaires à l'étranger, notamment en France et aux Etats-Unis. Ils sont membres par ailleurs du Congrès mondial amazigh.

"Mais pour les forces de l'ordre, la culture amazighe est une menace pour la sécurité du pays : le tamazight est interdit en Libye et il est impossible de trouver un livre écrit dans cette langue ou qui a trait à cette culture. Les autorités libyennes pensent que les Berbères fomentent un complot contre le régime, orchestré de l'extérieur. Mes fils sont ainsi soupçonnés d'"espionnage et de collaboration avec Israël et les sionistes". Pour justifier leurs accusations de complot international, les autorités arguent que mes fils étaient en contact avec des universités à l'étranger.

INSULTES ET TORTURE

"J'ai pu voir mes fils une première fois le 30 décembre. Ils étaient détenus par l'Agence de sûreté extérieure, mais je ne savais pas où. J'ai été conduit dans un endroit tenu secret.Puis mes fils ont été transférés dans des cellules d'isolement, et je n'ai plus eu de nouvelles. J'ai appelé l'administrateur de la Fondation internationale Kadhafi pour le développement – la fondation de Saif al-Islam, le fils du colonel –, j'ai déposé une requête auprès du procureur public.

"Le 16 janvier, j'ai reçu une lettre de la Fondation Kadhafi, adressée au président de l'Agence de sûreté, et mise en copie au procureur, disant que mes fils avaient droit à un avocat commis d'office et que j'avais le droit de les voir. J'ai pu leur rendre à nouveau visite le 24 janvier. Madghis m'a expliqué avoir été torturé en cellule d'isolement. Il a été battu à coups de bâton, insulté, on a pointé sur lui un pistolet : "Tu es un amazigh, un juif, lui a-t-on dit. On va te tuer." On lui a fait subir la falaqa [la flagellation]. Mon autre fils, lui, a été constamment insulté et humilié. J'étais très inquiet pour eux.

"Quant à l'avocat commis d'office, il n'a en fait pas eu le droit de voir mes fils, ni d'avoir accès aux pièces du dossier. Il a donc annoncé qu'il ne pouvait défendre cette affaire, et diffusé un communiqué sur Internet expliquant pourquoi il se retirait du dossier : ce texte a eu un certain retentissement.

PÉTITION

"Le 27 janvier, mes fils ont été transférés à la prison de Jdaida. Leurs conditions de détention se sont nettement améliorées : ils sont désormais regroupés dans une même cellule, où ils cohabitent avec des détenus condamnés pour trafic de drogue, qui purgent tous une peine de réclusion à perpétuité. Je me rassure en me disant qu'au moins mes fils sont ensemble, et que mieux vaut être entouré qu'isolé. Chaque jeudi, je peux leur rendre visite. Je les ai vus d'ailleurs hier matin.

"Je continue à me battre. J'ai rassemblé des habitants de Yefran pour écrire, il y a un peu plus de deux semaines, une lettre demandant la libération de mes fils et expliquant que notre culture amazighe doit être respectée. Nous avons rassemblé quatre-vingts signatures et quinze d'entre nous sommes allés porter la lettre sur le bureau du procureur.

"J'ai de nouveau écrit à Saif al-Islam Kadhafi et au président de l'Agence de sûreté extérieure. Ils nous promettent une solution, mais nous attendons toujours. J'ai toutefois espoir, après ce qui s'est passé en Tunisie et en Egypte, que le régime libyen soit plus regardant sur le respect des droits civils. J'espère surtout qu'à l'avenir, les cultures arabe et amazighe pourront dialoguer sereinement ensemble."

Propos recueillis par Mathilde Gérard

Source : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/02/18/libye-mes-fils-en-prison-pour-leur-attachement-a-la-culture-berbere_1481847_3212.html

Après le bloc communiste, le bloc arabiste...

Après la chute du bloc communiste, il y a plus de deux décennies, assiste-on maintenant à la chute du bloc arabiste ? En tous les cas, tous les indicateurs montrent que c’est bien parti pour. Après la Tunisie qui a lancé courageusement le bal, l’Égypte lui a spectaculairement emboîté le pas. Maintenant, apparemment, c’est au tour du Yémen, le Bahreïn et même la Libye...

Toujours est-il que les plus grands politologues de la planète et les plus importantes agences de renseignements occidentales seraient bien incapables de nous dire quand et où l’effet domino va bien s’arrêter. En tous les cas, celui-ci semble atteindre, littéralement, sa vitesse de croisière. Qui s’en plaindra ? En tous les cas, ce ne serait jamais moi.

Pourquoi ai-je parlé de ce sujet plus particulièrement ? En fait, dans mes lectures internetiennes, je suis tombé sur un pseudo article rédigé par un tout aussi pseudo journaliste marocain et dont le titre est ainsi : lève ta tête et sois fier d’être arabe ! Je me suis, immédiatement, posé la question est-ce qu’un journaliste polonais ou bulgare, lors de la chute du bloc communiste, aurait écrit la même chose en l’intitulant ainsi : lève ta tête et sois fier d’être communiste. Certainement pas. Sinon, il aurait l’air d’un fou furieux qui nage à contre courant.

En tous les cas, à mon humble avis, il ne l’aurait jamais fait, car les Européens de l’Est ont quand même un minimum de bon sens, d’esprit critique, d’intelligence et de culture. Contrairement à notre scribouillard marocain (le Maroc, malgré les politiques d’arabisation criminelles du régime, reste encore le plus grand pays amazigh du monde) qui baigne encore dans les limbes de l’ignorance et de la bêtise. Ne sait-il pas que les régimes arabes légitiment leurs régimes autoritaires et dictatoriaux justement en usant et abusant de l’idéologie arabiste (regardez juste leurs noms officiels qu’ils se sont donnés : l’Égypte arabe, la Syrie arabe, la Jamahiriya arabe libyenne, l’Arabie Saoudite, ...) ?

Les dictateurs arabes n’en ont-ils pas fait leur marque déposée pour prétexter l’impossibilité de toute construction d’États viables avec un minimum de fonctionnement (on ne parle même pas encore de démocratie) ? Ne sait-il pas que les premières victimes de l’arabisme sont les Arabes eux-mêmes à qui il n’a apporté qu’ignorance, misère, injustice, dictature et génocides pour les mettre, définitivement, aux marges, si ce n’est hors de l’histoire ? Passons, car ce n’est absolument pas ce genre de questions dérangeantes qui manquent !

Que ce soit clair une fois pour toute, je ne m’inscris aucunement en faux contre les Arabes qui veulent être fiers de leur identité culturelle. C’est leur droit le plus absolu. Mais s’ils veulent construire de vrais États, il faut impérativement faire une guerre azimutale contre l’arabisme et les comportements tyranniques qui en découlent. Car cette idéologie ethniciste, raciste et inhumaine est en elle-même contre l’idée même de l’État et à plus forte raison la démocratie.

Nous avons vu qu’après la chute des régimes dictatoriaux de Ben Ali et de Moubarak, le semblant d’État qui existait a complètement disparu. En l'espace de quelques heures pour ne pas dire quelques minutes. Si ce n’était l’extraordinaire maturité des gens, ces deux pays auraient sombré dans l’inconnu. Alors que, pas très loin, en Europe précisément, depuis plusieurs mois, la Belgique est incapable de se donner un gouvernement, mais l’État fonctionne toujours très efficacement.

Nous n’avons jamais vu ni entendu dans les médias le retrait subit et massif de la police belge pour laisser le champs totalement libre à toutes sortes de délinquants, de voyous et de criminels pour terroriser les populations civiles. Parce que simplement la Belgique est un véritable État. Ce qui n'est pas le cas , hélas, de tous les pays arabes réunis.