La lumière est tamisée à souhait donnant au lieu un halo de sérénité, un brin de complicité et autant de convivialité. C’est normal, nous sommes dans un pub torontois- le Bedford Academy pour être plus précis- où se tiennent, chaque semaine, les fameuses réunions des mercredis francofun. Même si d’emblée la variété ethnique des habitués, au demeurant très révélatrice de la réalité de la francophonie d’aujourd’hui, risque d’intimider un tant soit peu, il ne faut surtout pas trop s’en faire, car le courant passe. Illico presto. À fond de train. À franchement parler, et sans vouloir tremper dans l’hyperbole béate, on est carrément chez soi. Et c’est peu dire.
En effet, l’audience est systématiquement avenante, fort accueillante même. Sans trop de salamalecs et sans trop de manières non plus, vous êtes aisément et dare-dare adoptée. Désormais, il faut vous considérer comme un membre à part entière du « clan » francofun de Toronto. Et c’est vraiment le cas de le dire. En effet, on est vite mis en confiance au milieu de cette poignée de beau monde.
Même si, me chuchote-on dans l’oreille, l’affluence est habituellement plus importante. C’est probablement en raison du froid qui frappe à nos portes, pensais-je, sans vouloir à l’instant même m’en enquérir davantage. Car, chemin faisant, j’ai appris que les réunions ont lieu habituellement sur la terrasse autrement plus spacieuse. C’est vous dire…
Diversité
En plus du bariolage ethnique et national des gens présents, toutes les catégories d’âge sont là. Un vrai melting-pot générationnel aux divers accents francofun, comme dirait l’autre. Autant dire, un vrai délice pour les inconditionnels de l’altérité et autres passionnés de la pluralité.
Abordant Danielle, une pétillante brunette d’origine montréalaise, qui se trouve être ma voisine de table, j’ai voulu en savoir sur les raisons qui poussent les gens à venir ici. « Je viens ici depuis l’automne dernier, me dit-elle un peu expansive, tout en arborant en toute spontanéité un sourire blanc immaculé, pour rencontrer des gens et se faire des amitiés. D’autant plus que, ici, l’ambiance est fort agréable et très chaleureuse.»
Quant à Roger, cheveux coupés ras, anglophone de Winnipeg de quarante-deux printemps- même s’il ne les fait pas-, il vient ici depuis plusieurs mois. « C’est pour perfectionner mon français, surtout que dans mon milieu professionnel, c’est important de bien le maîtriser», explique-t-il avec un accent trahissant immanquablement les intonations de sa langue maternelle.
Pour le jeune Marco, un Maroco-québécois bien dans sa peau et dans ses bottes, c’est carrément un féru des mercredis francofun depuis presque une année. « Car il y a ici, souligne-t-elle avec beaucoup d’aplomb et dans un français on ne peut plus châtié, une combinaison de Québécois, de Français, de Marocains, etc. Autant dire qu’il y a énormément de possibilités pour faire de nouvelles connaissances et mêmes des amitiés durables. D’ailleurs, j’ai rencontré bon nombre de mes amis ici même.»
En fait, même si les réponses des uns et des autres sont plus que nuancées, la raison qui revient le plus souvent est la volonté d’être ensemble et de passer un bon moment. D’où la présence constante et continue d’un grand nombre. Pour rien au monde, ces irréductibles ne rateraient leur rendez-vous hebdomadaire. En d’autres termes, qui y goûte une fois, en redemande.
Communion
Mais qui a été à l’origine de ces mercredis francofun ? C’est Jacques Charette. Un grand châtain, québécois pur laine comme il aime bien à se qualifier, venu à Toronto il y a plus d’une décennie et demi. Et ce, pour se lancer dans les affaires. « Lorsque j’ai débarqué ici, il n’y avait aucune activité francofun, je me suis dit pourquoi ne pas remédier à cette situation. J’ai alors pensé à mettre en place les mercredis francofun. Et ce, pour permettre, une fois par semaine, à tous les francophones et les francophiles de se réunir», se rappelle-t-il non sans une légère pointe de nostalgie dans le regard.
Il faut impérativement reconnaître que son idée est pour le moins géniale. Car, malgré les vicissitudes de la fortune, les mercredis francofun du haut de leurs seize ans sont toujours là. Quel peut bien être le secret de cette longévité ? En fait, il ne faut pas aller chercher trop loin, il tient juste à un mot : la simplicité. Exit toute forme de formalisme, tel est presque leur devise. Dans le sens où il n’y a aucune démarche à faire. Il faut juste se présenter au pub Bedford Academy et le tour est joué.
« Entre 18 heures et minuit, tous les mercredis bien naturellement, les gens arrivent d’une façon informelle. En fait, on a tenu à créer une ambiance la plus naturelle possible à même de permettre les rencontres entre tous les francophones de toutes les origines. Le but ultime étant de se socialiser en… français », ajoute, flegmatique, Jacques Charette.
Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment les mercredis francofun, rassurez-vous, ils ne sont pas un club fermé. Loin s’en faut. Ils sont ouverts à tout le monde, mais il faut impérativement faire l’effort de s’exprimer en français. « Dans le cas contraire, les mercredis francofun perdraient leur raison d’être », souligne à juste titre le « maître de céans », Jacques Charette. Pour les francophiles qui ne le maîtrisent pas parfaitement bien, ce serait d’ailleurs l’occasion ou jamais de venir l’améliorer ou même le perfectionner. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions et croire que c’est une école. Car ce n’est pas cela le but et encore moins la finalité.
Par ailleurs, les mercredis francofun ont-ils été réellement utiles ? Assurément et à plus d’un titre. Sinon, pourquoi continuer ? Ce qui est une question logique, diriez-vous. En effet, ils répondent à plus d’un besoin de la communauté francophone. En plus des amitiés durables qui s’y sont crées, des couples s’y sont même formés. Rien que cela. « Ce qui est une très bonne chose. Autrement dit, notre travail a au moins servi à quelque chose », selon l’expression même du fondateur, Jacques Charette, tout fier du bilan- s’il doit y en avoir un- de son long travail.
D’ailleurs, ce qui lui fait le plus plaisir, ce sont ces petits mots de reconnaissance qu’il reçoit ici et là. Ce qui a particulièrement le mérite de l’encourager à aller de l’avant, même s’il a pensé, à plusieurs reprises, à passer la main. En tous les cas, pour que l’entreprise perdure, il faut bien évidemment une continuité. Et lui, il est le garant de cette continuité, il en est même la personnification. Pourvu que son engagement dure le plus longtemps possible. Pour le plus grand bonheur de la communauté francophone et des mordus de la langue de Molière.
En effet, l’audience est systématiquement avenante, fort accueillante même. Sans trop de salamalecs et sans trop de manières non plus, vous êtes aisément et dare-dare adoptée. Désormais, il faut vous considérer comme un membre à part entière du « clan » francofun de Toronto. Et c’est vraiment le cas de le dire. En effet, on est vite mis en confiance au milieu de cette poignée de beau monde.
Même si, me chuchote-on dans l’oreille, l’affluence est habituellement plus importante. C’est probablement en raison du froid qui frappe à nos portes, pensais-je, sans vouloir à l’instant même m’en enquérir davantage. Car, chemin faisant, j’ai appris que les réunions ont lieu habituellement sur la terrasse autrement plus spacieuse. C’est vous dire…
Diversité
En plus du bariolage ethnique et national des gens présents, toutes les catégories d’âge sont là. Un vrai melting-pot générationnel aux divers accents francofun, comme dirait l’autre. Autant dire, un vrai délice pour les inconditionnels de l’altérité et autres passionnés de la pluralité.
Abordant Danielle, une pétillante brunette d’origine montréalaise, qui se trouve être ma voisine de table, j’ai voulu en savoir sur les raisons qui poussent les gens à venir ici. « Je viens ici depuis l’automne dernier, me dit-elle un peu expansive, tout en arborant en toute spontanéité un sourire blanc immaculé, pour rencontrer des gens et se faire des amitiés. D’autant plus que, ici, l’ambiance est fort agréable et très chaleureuse.»
Quant à Roger, cheveux coupés ras, anglophone de Winnipeg de quarante-deux printemps- même s’il ne les fait pas-, il vient ici depuis plusieurs mois. « C’est pour perfectionner mon français, surtout que dans mon milieu professionnel, c’est important de bien le maîtriser», explique-t-il avec un accent trahissant immanquablement les intonations de sa langue maternelle.
Pour le jeune Marco, un Maroco-québécois bien dans sa peau et dans ses bottes, c’est carrément un féru des mercredis francofun depuis presque une année. « Car il y a ici, souligne-t-elle avec beaucoup d’aplomb et dans un français on ne peut plus châtié, une combinaison de Québécois, de Français, de Marocains, etc. Autant dire qu’il y a énormément de possibilités pour faire de nouvelles connaissances et mêmes des amitiés durables. D’ailleurs, j’ai rencontré bon nombre de mes amis ici même.»
En fait, même si les réponses des uns et des autres sont plus que nuancées, la raison qui revient le plus souvent est la volonté d’être ensemble et de passer un bon moment. D’où la présence constante et continue d’un grand nombre. Pour rien au monde, ces irréductibles ne rateraient leur rendez-vous hebdomadaire. En d’autres termes, qui y goûte une fois, en redemande.
Communion
Mais qui a été à l’origine de ces mercredis francofun ? C’est Jacques Charette. Un grand châtain, québécois pur laine comme il aime bien à se qualifier, venu à Toronto il y a plus d’une décennie et demi. Et ce, pour se lancer dans les affaires. « Lorsque j’ai débarqué ici, il n’y avait aucune activité francofun, je me suis dit pourquoi ne pas remédier à cette situation. J’ai alors pensé à mettre en place les mercredis francofun. Et ce, pour permettre, une fois par semaine, à tous les francophones et les francophiles de se réunir», se rappelle-t-il non sans une légère pointe de nostalgie dans le regard.
Il faut impérativement reconnaître que son idée est pour le moins géniale. Car, malgré les vicissitudes de la fortune, les mercredis francofun du haut de leurs seize ans sont toujours là. Quel peut bien être le secret de cette longévité ? En fait, il ne faut pas aller chercher trop loin, il tient juste à un mot : la simplicité. Exit toute forme de formalisme, tel est presque leur devise. Dans le sens où il n’y a aucune démarche à faire. Il faut juste se présenter au pub Bedford Academy et le tour est joué.
« Entre 18 heures et minuit, tous les mercredis bien naturellement, les gens arrivent d’une façon informelle. En fait, on a tenu à créer une ambiance la plus naturelle possible à même de permettre les rencontres entre tous les francophones de toutes les origines. Le but ultime étant de se socialiser en… français », ajoute, flegmatique, Jacques Charette.
Pour ceux qui ne connaissent pas vraiment les mercredis francofun, rassurez-vous, ils ne sont pas un club fermé. Loin s’en faut. Ils sont ouverts à tout le monde, mais il faut impérativement faire l’effort de s’exprimer en français. « Dans le cas contraire, les mercredis francofun perdraient leur raison d’être », souligne à juste titre le « maître de céans », Jacques Charette. Pour les francophiles qui ne le maîtrisent pas parfaitement bien, ce serait d’ailleurs l’occasion ou jamais de venir l’améliorer ou même le perfectionner. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions et croire que c’est une école. Car ce n’est pas cela le but et encore moins la finalité.
Par ailleurs, les mercredis francofun ont-ils été réellement utiles ? Assurément et à plus d’un titre. Sinon, pourquoi continuer ? Ce qui est une question logique, diriez-vous. En effet, ils répondent à plus d’un besoin de la communauté francophone. En plus des amitiés durables qui s’y sont crées, des couples s’y sont même formés. Rien que cela. « Ce qui est une très bonne chose. Autrement dit, notre travail a au moins servi à quelque chose », selon l’expression même du fondateur, Jacques Charette, tout fier du bilan- s’il doit y en avoir un- de son long travail.
D’ailleurs, ce qui lui fait le plus plaisir, ce sont ces petits mots de reconnaissance qu’il reçoit ici et là. Ce qui a particulièrement le mérite de l’encourager à aller de l’avant, même s’il a pensé, à plusieurs reprises, à passer la main. En tous les cas, pour que l’entreprise perdure, il faut bien évidemment une continuité. Et lui, il est le garant de cette continuité, il en est même la personnification. Pourvu que son engagement dure le plus longtemps possible. Pour le plus grand bonheur de la communauté francophone et des mordus de la langue de Molière.