La tolérance n’est pas qu’un joli mot, elle est aussi et surtout vitale. Depuis des temps immémoriaux, elle est la condition sine qua non du bon vivre ensemble. Autrement dit, elle est plus que fondamentale pour toute communauté humaine. Sans exception. Quelle qu’elle soit. Si c’est valable partout dans le monde, certains responsables arabo-marocains font figure d’exception. Comme toujours lorsqu’il s’agit de l’amazighité. En fait, ceux-ci, encore une fois, ont montré qu’ils font peu de cas de cette notion. Ils crachent même dessus après s’être raclé horriblement la gorge. À causer une nausée immédiate aux plus insensibles des hommes. Certains sceptiques doivent probablement se dire que je suis mal luné, qu’ils continuent la lecture ! Je parie qu’ils changeront d’avis.
Dressons le décor et parlons des faits ! TF1 a organisé un festival prétendument de la " tolérance " à Agadir, la capitale d’une région on ne peut plus amazighe, le Souss. Pour notre part, on ne peut que saluer ce genre d’initiatives, même si cette chaîne de télévision française, pour ceux qui la connaissent, n’a vraiment pas de leçons de tolérance à nous donner, nous autres Amazighs. Elle qui n’a de cesse de stigmatiser, des décennies durant, les immigrés (dont une grande partie est amazighe) et leurs enfants lors de ses messes de 20h. Passons ! Ce n’est pas vraiment cela que l’on va traiter dans ce papier. Peut-être une autre fois.
Pour autant, là où le bât blesse, c’est qu’avec ce festival à la sauce gauloise, seuls les Arabes et les Français -bien sûr- ont eu l’insigne honneur d’être invités. N’ont-il pas trouvé mieux pour se tolérer que chez nous, dans le Souss ? La terre de Dieu n’est pas aussi large. Il faut vraiment le croire. Quid des indigènes dans toutes ces manifestations de tolérances plus que douteuses ? Si étonnant que cela puisse être, personne n’a pensé à eux. Ne savent-ils pas à ce point chanter ? Les Ammouri, les Amarg Fusion, les Oudaden, les Hassan Id bassaid, les Yuba et autres Izenzaren ne comptent-ils que pour du beurre ? Ou sont-ils juste bons à faire des clowns pour amuser des touristes en mal d’exotisme… sexuel ?
Même si on se doute fort bien qu’ils iraient jusque-là. Les connaissant, ils préféreraient mourir que de brader leur honneur à vil prix. En tous les cas, certains irresponsables sadiques du Souss, ramenés de je ne sais quel bled, ne trouveraient rien à redire de les voir arriver à une telle déchéance. Pire, ils seraient même hystériquement aux anges. Car ce serait la preuve de la réussite de leur projet diabolique : la destruction de l’amazighité dans le Souss, l’un de ses bastions historiques qui tient encore nolens, volens.
Revenons à nos " gentils petits ‘’ihray’’ " ! Les partenaires locaux de TF1, 2M, le maire d’Agadir et le président de la région du Souss, connus comme vous le savez pour leur amazighopholie légendaire, n’ont pas oublié les leurs, les artistes… arabes. Bien évidemment. Il ne faut profiter de leur passage à TF1 pour faire la promotion de leur chanson arabe. Ce que d’aucuns trouveraient tout à fait logique. Le Maroc n’est-il pas un pays arabe, membre de la ligue arabe et d’un nombre infini d’organisations qui portent le même qualificatif ? Même si certains de ces mêmes artistes n’ont vendu qu’un ou deux albums pendant toute leur vie. Et encore ! Et tout cela avec les moyens de la ville d’Agadir et du Souss. C’est plus que de la tolérance tout cela, c’est carrément jeter l’argent par la fenêtre. Le pire c’est qu’en même temps le Souss est une région sinistrée. À cause de la sécheresse endémique et surtout des rapaces humanoïdes qui y sévissent. Dans l’impunité totale. Et depuis longtemps.
L’on n’a pas besoin de répéter que cette manifestation est un vrai scandale, qui n’a ému d’ailleurs que certaines associations amazighes. Le citoyen moyen, il ne faut pas trop lui demander, il n’a pas trop la tête à tout cela. Il faut déjà qu’il mange à sa faim ! En fait, c’est juste certains militants soussis qui ont décidé d’en découdre, pacifiquement, avec les responsables de ce festival. Et ils ont mille fois raison. Ils ont donc décidé d’organiser un sit-in pour protester contre l’intolérance plus que caractérisée dont sont victimes les artistes amazighs du Souss, chez eux, à Agadir. Légalistes à l’extrême, ils ont adressé une demande en bonne et due forme aux autorités locales, qui de leur côté, leur répondent par écrit, pour leur interdire, naturellement, tout rassemblement. Car on s’étonnerait vraiment du contraire.
Les raisons ? Si elles sont toutes cocasses les unes que les autres, il y en a une qui doit certainement faire rire jaune ou carrément faire pleurer les intéressés. Le lieu choisi, justifient-elles, pour organiser le sit-in est trop visité par les touristes, il ne faut donc pas les indisposer avec les doléances de quelques " sales Grabz "- on sait tous ce qu’elles pensent de nous. En réalité, et c’est à leur " honneur ", les autorités marocaines s’inquiètent beaucoup pour la quiétude des touristes, de leurs touristes, mais elles n’en ont rien à cirer de l’injustice faites aux Amazighs, chez eux, sur leur terre. En reprenant les propos de la diva kabyle Malika Domrane, on dira exactement comme elle : " Même chez nous, on n’est plus chez nous. " Je sais que c’est triste, mais cette grande dame a terriblement raison.
Et pourtant, les entrées en devises et le dynamisme économique (commerce, agriculture et pêche) de ces mêmes " Chleuhs puants " sont une source plus qu’importante pour la trésorerie – plus que le tourisme avec ses pervers sexuels et ses dégâts collatéraux- du Makhzen raciste. Il est même certain que sans eux, certains responsables de ces mêmes autorités seraient déjà morts de faim. Depuis belle lurette. En réalité, comme tout le monde le voit, les Soussis nourrissent à satiété, dans la joie et la bonne humeur pour certains, les bourreaux de leur propre identité et de leur culture. S’ils ne veulent pas se ressaisir, qu’ils continuent à baisser la tête jusqu’à leur fin. D’ailleurs très proche. Un peuple qui applaudit la " bouche grande ouverte " toutes les humiliations possibles et inimaginables qu’on lui fait subir, ne mérite guère d’exister.