Mohamed VI a fait un discours, que d’aucuns qualifient d’historique, où il affirme, solennellement, qu’il va entreprendre des réformes constitutionnelles radicales. Est-ce sincère ? Nul ne le sait. En tous les cas, ce n’est pas la première fois que le régime de Rabat promet ciel et terre sans aucun résultat concret.
Pour autant, vu le contexte international pour le moins trouble, accordons-lui pour une fois le bénéfice du doute and wait and see ! Même si, au plus profond de moi-même, et vu la composition extrêmement makhzenienne de la commission de révision de la constitution, la montagne va accoucher, encore une fois, d’une grosse souris.
En tant qu’un simple Amazigh, j’ai une simple remarque à formuler sur son discours. Elle a trait à la reconnaissance de l’amazighité. Quelle forme prendra-t-elle ? Là aussi, c’est le mystère le plus total. Il n’en demeure pas moins qu’elle est vraiment surprenante. Car, si Mohamed VI avait sincèrement la volonté de le faire, il l’aurait fait depuis belle lurette. Sans aucun problème. D’autant plus que tout le mouvement de contestation actuel au Maroc n’est absolument pas d’essence amazighe, mais arabe.
Après donc mûre réflexion, je pense, sincèrement que la sortie amazighe de Mohamed VI relève plus d’opportunisme politique qu’autre chose. Il faut dire ce qu’il y a. L’amazighité est le dernier des soucis de Mohamed VI et son régime. On n’a qu’à voir son bilan : échec voulu et programmé de l’enseignement de l’amazigh, interdiction constante des prénoms amazighs, continuation d’arabisation des toponymes, exclusion totale des millions d’Amazighs, création d’une petite et minuscule chaîne amazigh après avoir mis sur place des dizaines de chaînes arabes, inexistence d’aides aux projets culturels amazighs alors que son régime dépense des milliards de dirhams pour la culture arabe ...
Que cache donc cette promesse de reconnaissance de la langue amazighe ? En vérité, le roi et ses conseillers ont voulu faire d’une pierre deux coups : primo, rappeler aux Arabes du Maroc, qui sont en ce moment les plus remontés contre son régime, l’exceptionnalisme marocain martelé sur tous les tons par toutes sortes de makhzeniens, à savoir que le pays n’est pas vraiment arabe, mais... amazigh. Son message sous-tendu pourrait être le suivant : il est inadmissible, voire dangereux, d’imiter les pays arabes et vouloir virer les Alaouites et tous les Arabo-Andalous qui s’accrochent, férocement, au pouvoir et ses nombreux avantages.
Secundo, lancer une pierre, et je pense que c’est le plus important point, dans le jardin de Moulay Hicham -qui est de mère libanaise. Comme vous le savez tous, celui-ci ne rate aucune occasion pour décocher, malicieusement, des flèches extrêmement acerbes à son cousin, Mohamed VI. Il semblerait que le prince rouge veuille se placer en tant que recours si jamais ça tourne mal au Maroc. Il faut bien se rendre à l’évidence, toute son agitation médiatique ne laisse l’ombre d’un doute sur ses véritables ambitions très politiques.
En promettant ainsi la reconnaissance de l’amazighité, Mohamed VI, qui est de mère amazighe, espère disqualifier Moulay Hicham. On pourra formuler ainsi son message à l’adresse de son cousin et non moins rival : je suis plus légitime que toi parce que je suis plus proche de la majorité des Marocains, à savoir les Amazighs.
Mais la question qui se pose : est-ce que les Amazighs vont gober, bêtement, une fois de plus, les déclarations de Mohamed VI les concernant et être, comme ils l’ont toujours été, des dindons de la farce ? Personne ne le sait. En tous les cas, que chacun prenne la décision qu’il trouve convenable. Pour ma part, je ferais définitivement mien ce proverbe : chat échaudé craint l’eau froide. En d’autres termes, je n’accorderais aucune espèce de crédit aux promesses de Mohamed VI.