Nul ne peut contester que les Amazighs sont le seul peuple autochtone d’Afrique du Nord, tellement que c’est une évidence. Leur présence sur cette région du monde est plus que normale, naturelle. Mais les dictatures impérialistes en place ne veulent aucunement accepter cette réalité. Il faut savoir qu’elles les perçoivent comme de terribles menaces qu’il faut systématiquement réprimer et, même parfois, liquider. En fait, ces régimes arabistes extrémistes, qui ont fait de l’arbitraire une manière d’être, peuvent se crêper le chignon indéfiniment, mais ils s’entendront toujours sur une seule et unique chose : la haine de l’Amazigh et de sa culture.
Bienvenue au Polisario
Le cas de l’Algérie est là pour étayer nos dires. Celui-là même qui n’a de cesse de crier sur tous les toits qu’elle défend les peuples « opprimés » -surtout s’ils sont arabes, c’est même la condition sine qua non. Il s’est même autoproclamé, sans pudeur aucune, le champion du monde toute catégorie de cette noble cause. D’ailleurs, il ne lésine jamais sur les moyens pour cultiver une telle image. Pire, il va jusqu’à brader ses propres richesses nationales et même s’engager dans de conflits sans fin. J’en veux pour preuve son soutien, absolument unique dans les annales de l’histoire politique, qu’il apporte encore et toujours au Polisario. Un mouvement de terroristes staliniens d’un autre âge qui, sans l’apport de leur mentor algérien, n’auraient pas tenu un seul jour.
En fait, la junte militaire d’Alger est capable de tout lorsqu’il est question de leurs poulains du Polisario. Pour les besoins de leur propagande, il est certain qu’elle peut leur proposer, carrément, de se réunir dans la chambre à coucher du président. D’ailleurs, pas plus qu’il y a quelques semaines, elle a payé le prix fort, les immenses dividendes du pétrole aidant, pour faire venir de toute l’Europe plus de deux mille personnes- de préférence blondes. Et ce, pour organiser une petite manifestation de quelques heures pour soutenir le Polisario à Tindouf, au fin fond du désert algérien. C’est vous dire.
Out les Amazighs
Mais lorsqu’il s’agit des Amazighs qui ne demandent rien que de se réunir sur leur propre terre, là, le même régime se cabre. Il s’enferme même dans un silence olympien. Et refuse catégoriquement de communiquer. Le Congrès mondial amazigh (CMA) en a fait les frais. Cela fait plusieurs mois que cette organisation panamazighe on ne peut plus dynamique fait vainement le pied de grue pour avoir une petite et simple autorisation administrative. Et ce, pour tenir ses assises en Kabylie, une région dont les immenses sacrifices n’ont, hélas, permis qu’aux amazighophobes de tout poil de se faire introniser à vie. Pour ensuite se permettre le luxe du haut de leur débile et futile mégalomanie, de la narguer, la mépriser, l’étouffer, la martyriser…
D’aucuns s’attendaient à des bâtons dans les roues de la part du régime raciste d’Alger, mais pas à un tel niveau de puérilité. En tous les cas, il n’a rien à envier à son jumeau makhzenien de Rabat dont le tout puissant ministère de l’Intérieur a organisé, dernièrement, les chiffres (???) à l’appui, une grande conférence de presse avec une mise en scène absolument pathétique, pour justifier l’interdiction -qu’il sait plus qu’intenable- des prénoms amazighs. Explication donnée : ils ne sont pas marocains- autrement dit, ils ne sont pas arabes- et ils portent même atteinte à la pudeur et à la bonne moralité. Qu’en dire ? Heureusement que la bêtise ne tue pas, sinon, elle aurait emporté tous ces fascistes hystériques. Vraiment dommage !
Le sanguinaire de Tripoli, le tristement célèbre Kaddafi n’est pas en reste. Peut-il en être autrement ? Il y a juste une semaine, excentrique comme toujours, il est venu en personne à Nefoussa, une région libyenne habitée par les populations amazighes pour faire un discours fleuve, c’est-à-dire sans queue ni tête. Le maître mot de son délire habituel, qui ne convainc que lui et encore, était d’affirmer, pêle-mêle, que les origines des Amazighs sont inconnues et que les Occidentaux sont les leurs ennemis en promettant, au passage, l’enfer à ceux qui se revendiquent amazighs. Mais puisque le colonel Kaddafi, aux théories plus que fumeuses, est si sûr de ses origines arabes pourquoi ne retourne-t-il pas chez lui, en Arabie heureuse, et laisse les Amazighs vivre tranquillement comme ils l’entendent, chez eux ? Il ne peut pas imaginer le service qu’il va leur rendre.
La loi de la brute
Il faut se rendre à l’évidence et ne surtout pas sous-estimer ce fait : sourde auparavant, une guerre ouverte est désormais enclenchée entre deux légitimités complètement antinomiques. Si les Amazighs (malgré leur grande faiblesse parce que colonisés et terrorisés) n’ont rien à prouver et encore moins rien à imposer, les régimes exogènes d’Afrique du Nord et leurs relais, et c’est facilement constatable, usent et abusent toutes sortes de violences symboliques et directes. Et ce, pour faire taire, en vain d’ailleurs, la voix contestataire amazighe.
Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’en procédant ainsi, ils montrent au monde entier qu’il y a anguille sous roche : leur légitimité ne tient qu’un fil. En d’autres termes, elle est extrêmement fragile, un vrai château de carte. Au moindre petit coup de vent, c’en est fini d’elle. D’où l’horripilation extrême dont ils font montre à chaque fois qu’il s’agit des Amazighs. Rappelons-leur, pour finir, cette mémorable phrase de Jean-Peaul Sartre : « La violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec ». Que la lutte continue !