jeudi, novembre 22, 2007

Maroc : tir de barrage groupé contre l’usage du tamazight au parlement

Tout d’abord, parlons des faits ! Au parlement marocain, même si ce n’est pas la première fois, un député d’Inezgane a osé poser une question en tamazight à un ministre... arabo-andalous (le gouvernement marocain actuel est composé majoritairement d’Arabo-andalous avec, en plus, des liens de parentés entre ses membres). Cela a été suffisant pour provoquer un terrible tollé dans le petit landerneau des amazighophobes déclarés et même cachés. Ce n’est plus ni moins qu’un sacrilège, un blasphème, un péché impardonnables. En plus, transmis en direct par la télévision marocaine. Mais quelle ultime provocation de la part de ce « sale garbouz » de parlementaire !

Comme toujours, nous avons eu droit à toutes sortes de réactions évidemment... négatives : tout fier de ses préjugés anachroniques et dans un français trituré pour ne pas dire massacré (puisqu’il est à ce point jaloux de l’arabe classique, le sien, pourquoi ne l’a-t-il pas choisi pour vomir ses conneries ?), un certain N.R – il n’a pas eu le courage de signer avec son vrai nom- a commis un article d’une extrême virulence dans libération, le journal francophone de l’USFP. Le PJD, un parti connu par son extrémisme islamo-baâthiste et sa sacralisation délirante de tout ce qui est moyen oriental (il n’a jamais dénoncé les pervers sexuels du Golfe qui sévissent librement au Maroc), n’est pas non plus en reste. Peut-il en être autrement? Dans un papier de quelques lignes, au ton haineusement fielleux, le « comportement inacceptable » du dit député a été réprouvé naturellement véhémentement.

Même Internet n’a pas échappé à cette féroce cabale anti-amazighe. Sur le site hesspress.com, un obscur scribouillard aroubi- dont le nom m’échappe- a failli s’étouffer de rage. Comme un méchant caniche, il a sorti ses incisives, ses canines et même ses molaires. Enfin, toute sa dentition que l’on imagine très jaunie à force, probablement, de mordre dans le ca… Imaginez que cet effronté est même allé- il faut vraiment le faire- jusqu’à mettre son nez dans la vie du «parlementaire chelh » - c’est ainsi qu’il a intitulé son torchon nauséabond- pour affirmer que c’est un véritable voyou qui ne mérite ni plus ni moins que la prison... à vie. Non, c’est carrément la peine capitale pendant qu’on y est.

Certains seraient peut-être étonnés, mais toutes ces réactions en chaîne sont une très bonne chose. Car elles révèlent au grand jour la perception que se font, encore et toujours, de l’amazighité ceux qui décident de tout et de rien au Maroc. Or, il est sûr que si on les interroge, tous vont répéter en chœur, hypocritement, qu’ils ne sont pas contre elle. Il y en a même qui affirmeront, sans avoir froid aux yeux, qu’elle fait partie de leur identité et tout un tas de blabla fatigant. Mais à une seule et à unique condition et c’est l’enseignement que l’on tire de cette dernière affaire : qu’elle reste, ad vitam aeternam, le plus loin possible de l’État et ses institutions. Et c’est là que le bât blesse. Gravement. Ceux, d’ailleurs, qui espèrent encore une officialisation effective et non formelle du tamazight peuvent aller se rhabiller. Tout de suite.

En fait, tout cela n’augure rien de bon ni pour le pays ni pour l’amazighité. Comme on l’a vu avec ce député, les ennemis de celle-ci sont tellement puissants (ils ne s’empêchent jamais d’utiliser leurs différents dialectes arabes dans ce même parlement) qu’ils ne baisseront jamais les mains pour l’étouffer. L’occire même, sadiquement, sauvagement, collectivement, sur l’autel de leur fascisme moribond. Tellement leur haine contre elle est enracinée dans leurs petites cerveaux. Mais est-ce que les Amazighs vont les laisser faire ? Rien n’est moins sûr. Les demandes d’autonomie et même d’indépendance de leurs régions respectives - celles-ci sont encore timides- fusent déjà de toute part. Il est même à craindre qu’elles aillent crescendo si la situation ne change pas. Ce qui est finalement tout à fait normal. L’on ne construit jamais rien de bon, et c’est l’histoire qui nous l’apprend, avec les tenants de l’appartheid linguistique pourvus, en plus, d’une exécrable mentalité de minus colonialistes d’un autre âge. En sont-ils conscients ? Pas si sûr. Ce qui aggrave encore leur cas.

Internet : le Maroc est amazigh, l’Algérie est berbère

Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le moteur de recherche www.google.com/trends. C’est ces deux mots que les Internautes des deux pays font leurs recherches sur Internet. Ceux qui s’attendaient à ce que les régions amazighes arrivent en tête, seront peut être déçus ! Dans le cas du Maroc, c’est Casablanca, confirmant ainsi son titre de l’une des plus grandes métropoles amazighes au monde. Pour l’Algérie, c’est la Capitale Alger qui surclasse indiscutablement toutes les villes de Kabylie. Cette région connue pourtant par son son irrédentisme et son activisme amazighs quasiment historiques.

Par ailleurs, ces résultats appellent trois petites remarques :

Primo, ceux qui ont l’habitude d’aller sur Internet sont toujours des Amazighs citadins, mais ne renoncent jamais à leur amazighité ; ils leur collent même à la peau pour dire les choses autrement bien qu’ils vivent dans des milieux pas forcément amazighophiles.

Deuxio, au vu de ces statistiques, l’on croirait facilement que l’amazighité s’est massivement définitivement déterritorialisée. Rassurez-vous, ce n’est pas vraiment le cas. En fait, c’est juste que les Internautes amazighs qui ont les moyens, qui sont familiers avec Internet et qui ont accès à un ordinateur connecté au réseau des réseaux se trouvent plus dans les grandes villes que dans les villages reculés de l’Atlas ou du Rif ou du Djurdjura.

Tertio, un combat symbolique, et c’est vraiment une très bonne nouvelle, a été gagné surtout au Maroc. Le mot « amazigh » s’est imposé définitivement au détriment de « berbère ». Et cela pour au moins deux raisons : d’une part, il est totalement inconnu de la majorité des Amazighs, sauf peut-être de l’élite intellectuelle. D’autre part, c’est un mot étranger qui recèle une charge dépréciative très patente surtout en arabe. D’ailleurs, certains amazighophobes, que ce soit en Algérie ou au Maroc, continuent à l’utiliser pour les raions que vous pouvez facilement deviner.


Khadija Azalam : l'engagement au féminin

Née de parents soussis immigrés aux Pays-bas, Khadija Azalam, jeune femme on ne peut plus dynamique, est d'une efficacité à complexer plus d'un mâle. Jugez-en : mère de famille, présidente de Tamaynut-Hollande, féministe convaincue, « nomade » pour les besoins de la cause ; bref, une vraie militante pourvue d'une volonté non seulement de fer mais carrément d'acier. Et c'est vraiment le cas de le dire. Un parcours vraiment à méditer. Pourvu que l'on en prenne de la graine !

Vous êtes née et avez grandi en Hollande, comment devient-on militant amazigh dans ces conditions ?

J'ai commencé à m'intéresser à la culture amazighe très jeune, à partir de l'âge de 12 ans pour être plus précis. En fait, je ne parlais que le néerlandais jusque-là. Pour ne pas être coupée de mes racines, ma mère a pensé qu'il était plus qu'important que je maîtrise aussi le tachelhit. Presque à la même époque, j'ai essayé d'apprendre parallèlement l'arabe à l'école publique, mais en vain. Pour la simple raison qu'il s'agit d'une langue extrêmement complexe et compliquée en même temps. D'autant plus qu'elle ne ressemble en rien à notre bonne vieille langue que mes parents parlaient et parlent toujours à la maison.

Il faut aussi reconnaître que j'avais la chance d'avoir une famille très portée sur la culture amazighe. Mes parents raffolaient des nouveautés du cinéma amazigh et écoutaient énormément la musique des rways, Izenzaren, ahwach... Mon père était même un rrays à la fin des années cinquante. À ce propos, il voue, encore et toujours, une grande admiration pour feu Haj Belaïd dont il aimait reprendre le répertoire musical. Quant à ma mère, elle n'était pas non plus en reste. Elle cousait beaucoup de broderies à base de symboles amazighs. Comme notre fameuse fibule (tazerzit). Elle préparait aussi toutes sortes de plats typiquement de chez nous : amlou, lebsis, tajine... Qui plus est, mes parents discutaient beaucoup de la situation des Amazighs au Maroc. D'après eux, s'ils étaient victimes de tant de discriminations, c'était justement parce qu'ils n'étaient pas arabes.

Est-ce que vous avez eu un déclic ?

Bien sûr, mais ce qui l'a provoqué en moi était un simple film amazigh dont le titre était quelque chose avec Tilila. Et plus précisément sa pochette sur laquelle il y avait des signes calligraphiques qui n'étaient ni arabes ni néerlandais. Toute curieuse, j'ai demandé immédiatement à mon père, qui m'a expliqué que c'était le tifinagh, l'alphabet avec lequel nos ancêtres transcrivaient notre langue. En réalité, j'ai pris conscience très jeune que notre langue n'est pas l'arabe, mais bel et bien le tamazight. J'ai commencé ainsi à me documenter en allant à la bibliothèque pour en savoir davantage sur mon propre peuple. Aux vacances d'été, lorsque je rentrais au Maroc, j'aimais beaucoup me ressourcer dans les montagnes d'Ida-ou-Tanane où mon père a vu le jour.

Chemin faisant, je me suis rendu compte que les Amazighs sont un peuple à part avec une culture riche et une histoire très ancienne qu’il faut impérativement protéger et préserver contre les aléas de la vie et surtout contre les dangers qui les guettent. En grandissant, je me suis alors intéressée à la politique. C'est là que je suis devenue plus consciente de la véritable situation sociale et politique des Amazighs. Depuis, j'ai pris l'engagement de tout faire pour améliorer leur situation et garder leur culture vivante en usant de ma double appartenance amazigho-européenne. Pour mes études, je fais beaucoup de recherches dans le domaine amazigh en rapport avec ma spécialisation : l'archéologie. À l'avenir, je ne vais me consacrer qu'à cela. Surtout que les possibilités qu'offre cette discipline sont encore malheureusement largement sous-estimées par nos étudiants amazighs.

At last but not least, mon souhait est que l'amazighité soit moderne sans rien perdre de ses spécificités qui la caractérisent tant. Beaucoup de gens pensent, à tort bien évidemment, qu'elle est dépassée et synonyme d'analphabétisme et d'autres préjugés du même genre. Nous avons une belle culture et une histoire riche que nous devrions préserver et les montrer, sans aucun complexe, au monde entier. Il faut que l'on soit fier de ce que nous sommes, à savoir des gens de la montagne. D'ailleurs, si notre culture et notre langue existent encore c'est justement grâce à ces valeureux montagnards et bien sûr grâce aussi- il ne faut jamais l'oublier- à la gent féminine, la gardienne par excellence de la culture amazighe.

Quelles sont les actions que vous avez entreprises en faveur de l'amazighité aux Pays-Bas ?

Nous faisons beaucoup de choses. Nous organisons à titre d’exemple des séances d'informations sur la culture amazighe dans les écoles et dans d'autres établissements éducatifs. Nous mettons aussi sur pied des rencontres entre Amazighs eux-mêmes et avec des étrangers s'intéressant à la culture amazighe. J'ai préparé quelques émissions pour la télévision néerlandaise et BRTV. D'ailleurs, cet été, j'ai réalisé un documentaire sur le Souss en collaboration avec la télévision néerlandaise. J'étais très contente de passer six semaines à concocter un bon travail sur la culture, la politique et la situation sociale des Amazighs du Sud.

De plus, nous avons mis au point des supports éducatifs pour apprendre le néerlandais pour les amazighophones. Il faut savoir qu'aux Pays-Bas, il y a une forte communauté d'immigrés de la première génération qui ne parlent pas du tout ou très peu le néerlandais. Il y a aussi les nouveaux arrivants pour qui ce doit être une très bonne méthode pour apprendre le néerlandais, c'est-à-dire le parler et l'écrire assez correctement. Mais il faut beaucoup d'efforts pour informer les gens et leur permettre ainsi de s'intégrer facilement en maîtrisant la langue de leur pays d'accueil.

Nous faisons également beaucoup d'activités à l'étranger, comme la création de Tamaynut-Îles Canaries à Tenerife. Il va sans dire que tout cela demande énormément d’efforts. Mais nous sommes très heureux de coopérer avec nos amis guanches. Notre dernier projet consiste dans la création de la Fondation Tamaynut de la femme amazighe pour le Forum féministe européen. À ce propos, c'est moi-même qui suis la coordinatrice de ce projet. Pour d'amples informations, vous pouvez cliquer sur le lien suivant :

http://europeanfeministforum.org/spip.php?article181&artsuite=0&lang=fr

J'espère de tout cœur que vous allez trouver tout cela intéressant. Même si c'est un projet qui est très prenant, car je suis amenée à voyager très souvent.

Et quoi encore ?

Nous collaborons aussi avec les hôpitaux en leur fournissant, à titre d’exemple, des renseignements en tamazight pour les diabétiques. En ce moment, nous travaillons sur un projet visant à préparer des informations au profit des écoles élémentaires sur l'histoire commune entre le Maroc et la Hollande. Ce projet est appelé "Mail uit Barbarije" inspiré par un livre écrit par M. Peter van Beek. Celui-ci y raconte l'histoire d'Abdel, un jeune garçon originaire d'Agadir, et d'une fille néerlandaise nommée Anne ; mais l'ensemble de l'ouvrage est sur le célèbre marchand néerlandais Michiel de Ruyter, qui a séjourné à Agadir durant plus de 8 mois en 1650. En fait, l'histoire entre les Pays-Bas et le Maroc a commencé avec lui. De fait, la relation historique entre le Maroc et la Hollande a commencé dans le Sud il y a plus de 400 ans, mais actuellement la plupart des immigrants marocains en Hollande sont originaires du Rif. Voici le lien si vous voulez en savoir davantage : http://www.mailuitbarbarije.nl/

Est-il vrai que la communauté amazighe en Hollande est rongée par l'extrémisme religieux ?

Il existe effectivement une minorité dans la communauté amazighe néerlandaise, qui est fortement influencée par l'extrémisme, le fanatisme et même le terrorisme. Mohamed Bouyeri est célèbre à ce sujet. Mais nous avons également le Groep Hofstad, Samir A., etc, qui sont aussi des Amazighs pur sucre. À mon avis, la raison pour laquelle tous ces jeunes choisissent de se rebeller, en optant malheureusement pour le fanatisme, est due, en grande partie, à la discrimination qu'ils subissent aux Pays-Bas. Ils se trouvent donc seuls et n'ont personne pour leur tendre la main. Mais malheureusement, ils rencontrent toujours des extrémistes sur leur chemin. D'un autre côté, il y a ceux qui choisissent un autre extrémisme, l'athéisme. Comme vous pouvez le remarquer, le problème avec les nôtres, c'est qu'ils ont une attirance étrange pour les extrêmes. Il ne faut même pas leur parler de juste milieu.

En fait, tout cela n'est jamais positif. Être musulman et amazigh est possible. Comment ? En prenant les avantages de l'un et de l'autre. Je crois fermement que les gens ne devraient en aucun cas exploiter l'Islam ou toute autre religion pour leurs propres intérêts personnels ou politiques. La religion doit être respectée. C'est quelque chose qui appartient à la personne et doit impérativement rester dans le domaine privé. Mais ce qui me dérange le plus avec la communauté marocaine en Hollande, c'est qu'elle se définit plus comme musulmane que marocaine ou amazighe. Oui, l'islam est sa religion, mais pas son identité. En fait, elle mélange tout d'où les dérives parfois meurtrières de certains de ses membres en rupture de ban.

Comment voyez-vous l'avenir de cette communauté amazighe en Hollande ?

Mon but dans la promotion et la défense de l'identité amazighe est d'amener les gens à comprendre qu'il est possible d'être musulman et amazigh, que nous pouvons faire une différence entre les deux. Si nous ne faisons rien, les choses iront de pis en pis. Plus grave encore, l'avenir de notre communauté ici sera compromis dans un proche avenir. Dans ce cas, les parents sont très importants dans notre stratégie. Ils doivent être systématiquement inciter à faire, désormais, la différence entre la culture et la religion et à ne plus confondre les deux. C'est pourquoi Tamaynut-Hollande travaille d'arrache-pied sur différents projets avec les écoles primaires. Mais il faut beaucoup de temps pour que les parents amazigho-néerlandais saisissent nos objectifs. Ils pensent, souvent malheureusement, que l'amazighité ne représente qu'une partie intégrante de l'identité arabe. Les pousser à renoncer à de telles idées, au demeurant absurdes, est extrêmement difficile, mais nous y travaillons, vaille que vaille.

Que pensez-vous de la place de la femme dans le combat amazigh que ce soit au Maroc ou à l'étranger ?

La place de la femme dans cette lutte est très importante, parce que la culture amazighe est et reste féminine dans une large part. Mais la plupart des femmes n'ont pas conscience de l'importance de leur rôle dans la préservation et la promotion de la culture amazighe. À cause des politiques, sociales et religieuses suivies le rôle de la femme amazighe est devenu aujourd'hui très infime. Elle doit travailler deux fois plus pour obtenir la reconnaissance de ses droits et de sa culture. Je pense qu'il est en général très difficile pour une femme de réussir au Maroc, même si ses droits civils se sont un peu améliorés avec la nouvelle "mudawwama" promulguée dernièrement.

Il est regrettable de constater que beaucoup de femmes amazighes ou arabisées sont encore analphabètes, mais tout cela est en train de changer dans un sens positif. L'éducation et une plus large prise de conscience de son identité sont, à mon point de vue, les choses les plus importantes pour une femme amazighe pour réussir dans cette lutte. De plus, nous avons des féministes au Maroc qui font ce qu'elles peuvent. En tous les cas, le combat des femmes n'est pas près de finir. Savez-vous qu'en Hollande, considérée comme progressiste à ce niveau, la femme gagne toujours un salaire inférieur à celui de son collègue masculin pour le même travail et avec les mêmes qualifications ? Vous devez aussi comprendre une chose, la situation de la femme amazighe en Europe est doublement difficile : elle doit travailler deux fois plus durement dans un environnement politique et social où le racisme et les discriminations sont, hélas, monnaie courante.

Quel type de rapport entretient Tamaynut–Hollande avec Tamaynut-Maroc ?

Nous avons de très bonnes relations professionnelles. Nous considérons notre association comme une section européenne de Tamaynut-Maroc, même si elle reste indépendance car elle a ses propres objectifs. Je pense qu'il est très important qu'une organisation comme Tamaynut obtienne une plus grande reconnaissance en raison de son travail et son sérieux. C'est pourquoi j'ai participé à la création de Tamaynut-Îles Canaries il y a quelques mois. Il y a d'autres qui travaillent sur le projet d'une association Tamaynut en Libye. J'espère que nous pourrons également mettre en place une section de Tamaynut dans le Nord du Maroc et même, pourquoi pas, en Algérie. Il est plus que vital que nous, tous, mettions la main dans la main parce que nous nous battons pour exactement les mêmes objectifs : la reconnaissance officielle de l'identité et la culture amazighes. Mon message personnel donc à tous les militants amazighs à travers le monde : nous devons sensibiliser nos populations pour les impliquer davantage dans notre combat. C'est la condition sine qua non de notre réussite. Il ne faut pas qu'il soit indéfiniment prisonnier aux mains de l'élite. Il faut le rendre davantage populaire.

Pour finir, que pensez-vous des dernières violences dans les universités marocaines ?

Je pense que nous devrions tous respecter les idées de tout un chacun sans jamais utiliser une quelconque violence même verbale. Le monde serait un endroit extrêmement ennuyeux si nous partageons tous les mêmes opinions. Aux militants amazighs d'avoir une approche plus intelligente des agressions dont elles seraient victimes et même les ignorer même si je sais que c'est très difficile. En tous les cas, je crois fermement qu'il ne faut jamais user de la violence comme un moyen d'expression.