vendredi, décembre 14, 2007

Le drapeau amazigh dans un fourgon de la police française


L’hypocrisie diplomatique, une spécialité de la France

Infatigable militante franco-amazighe, Aicha El Hassani- parente du poète et du grand activiste Brahim Oubella- a été parmi les personnes qui ont tout fait pour manifester contre la venue du fou de Tripoli en France, Mouammar Kadhafi. Aveuglée par les milliards qu’il trimbale avec lui, la France officielle ne voulait en aucun cas l’offusquer. Il faut donc interdire toute voix le dénonçant. Quitte à cracher sur les principes qu’elle n’a de cesse de faire siens. Lisons sans trop tarder le témoignage de Aicha El Hassani !

Pourquoi manifester contre Kadhafi ?

Tout individu portant atteinte aux droits de l’homme par des actions violentes ne mérite aucun respect. Le colonel Kadhafi, nous le savons bien de par son CV impressionnant, est une dictateur qui n’a fait que cautionner des actes terroristes depuis son coup d’Etat en 1969.Il a été écarté par la communauté internationale en 1992. La population libyenne a souffert de sa cruauté. A titre d’exemple, l’emprisonnement injuste des infirmières bulgares libérées cet été. Par ailleurs, nous avons manifesté plus particulièrement en soutien à la communauté amazighe libyenne. En effet, le colonel ne donne aucun intérêt et ne respecte pas les minorités de son pays. Signalons à juste titre qu’en décembre 2005 une délégation du CMA s’était rendue en Libye, cette rencontre avait été convenue entre le chef de l'Etat libyen et le Président du Congrès Mondial Amazigh. Le but étant de faire, sur le terrain, un bilan sur la situation socioéconomique, politique, culturelle et linguistique des Imazighen de Libye ; celui-ci aurait été transmis aux hautes autorités Libyennes dont l’issue était de réhabiliter les droits fondamentaux des Imazighen de Libye. M. Kadhafi avait pris des engagements à cette époque et ne les a jamais respectés ni appliqués.


Pourquoi les autorités françaises ne veulent-elles pas qu'on manifeste contre lui?

Il y a évidement des intérêts en jeu puisque visiblement un certains nombres d’accords « économiques » ont été conclus entre la France et la Libye dans le but de rapprocher les deux pays au détriment des valeurs républicaines. En agissant ainsi les autorités française ont cautionné l’avènement et la progression du terrorisme et ont bafoué ce en quoi les citoyens ont toujours cru : La France pays des droits de l’homme.

Racontez-nous les circonstances de votre arrestation?

Nous avions prévu de manifester à la place St Augustin à Paris mais les autorités avaient déjà pris des mesures pour empêcher toute action. Nous nous sommes alors rendus au Trocadéro mais à la sortie du métro un comité d’accueil composé de CRS nous attendait ; ils nous ont encerclé et nous n’avons pas pu nous rendre plus loin. Nous nous sommes contentés de manifester à notre manière sur place. Nous avons été fouillé puis embraqué dans un fourgon et avons attendu d’être conduit au centre de rétention du 18e à Paris.
Nous avons été informés que les partisans pro-kadhafi, eux ont bénéficié d’un droit de « manifester » leur enthousiasme. Ce qui nous a révolté !

Vous a-t-on interrogé au commissariat ?

Oui, après avoir subit une seconde fouille et retiré tout accessoire (bijoux, portables, etc.), nous avons été interrogé individuellement sur les motifs de notre action.

Que vous a-t-on dit ?

Ils ont relevé nos coordonnées et demandé les raisons de notre manifestation. Si celle-ci était dans le but de troubler l’ordre public, chose qui m’a surprise, les manifestations existent depuis la nuit des temps et ont toutes des motifs propres, et je citerais la référence qui est à l’origine de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La Révolution Française de 1789 ». La notre étant pacifique face à un dictateur je ne vois pas en quoi l’ordre public peut être troublé. La personne qui m’a interrogé avait un avis défavorable quant à la visite du dictateur et n’a pas hésité à me le confier.

Quand et comment avez-vous été libérée ?

L’interrogatoire en lui-même a été de courte durée et n’était qu’une simple formalité, nous l’avons plutôt vécu comme une sorte de sondage vu le peu de question posées, Nous avions été interpellé vers 15h au Trocadéro et avons été libérés à 17h.

Votre dernier mot…

La décision de Nicholas Sarkozy à se rapprocher des chefs d’Etat dictateurs comme ce fut le cas récemment avec Vladimir Poutine est inadmissible et inacceptable compte tenu des valeurs de la France. « L’hypocrisie diplomatique » est devenue une spécialité en France !