mardi, février 27, 2007

Un livre sur Al-Jazira à lire impérativement

Vous voulez tout savoir sur la très contreverée chaîne qatarie Al-Jazira ? Si c'est le cas, il n'y a pas mieux que Al Jazeera: How Arab TV News Challenges America – disponible aussi en français-, un livre de plus de 400 pages du journaliste britannique Hugh Miles. Publié en 2005 déjà, l’auteur y étudie, d’une manière pour le moins exhaustive et extrêmement bien fouillée, tous les aspects concernant cette CNN arabe : son avènement, ses succès, ses relations avec le Qatar, Ben Laden, les États-Unis, Israël, Saddam... Tout y passe ou presque. Pour mener à bien son enquête, il faut dire que H. Miles a mis les bouchées doubles. Et c’est le moins qu’on puisse dire. Il a voyagé un peu partout au Moyen-Orient, en Europe et aux États-Unis. Et ce pour recontrer les responsables, les journalistes et les téléspectateurs d’Al-Jazira. Tout au long de son livre, son enthousiasme pour cette chaîne ne s’est jamais démenti. Et pour cause. Il croit fermement qu’avec sa liberté de ton, elle va permettre à terme de participer à la démocratisation des régimes dictatoriaux arabes. Cependant, en 11 onze ans d’existence, la réalité est loin de lui donner raison. Al-Jazira a certes relativement libéré la parole et ouvert la porte à d’autres chaînes de télévision comme Al-Arabiya, Abu Dhabi... mais son impact politique est tout simplement insignifiant. Car les potentats arabes sont toujours là s’ils ne se sont pas renforcés. Pire, s’ils décèdent ce sont leurs rejetons qui prennent le relais. N’en déplaise à Miles, il leur faut sans doute plus qu’une chaîne de télévision, si libre qu’elle puisse être, pour qu’ils cèdent un peu de leurs immenses pouvoirs.

lundi, février 12, 2007

Fatima Alahyane:"L'arabisation est un phénomène qui n'a pas de frontières..."

Elle s’est illustrée dernièrement par un coup de gueule mémorable dont le ministre de la communication marocain a fait les frais. Avec une rare franchise, elle l’a mis, lui, et son gouvernement face à leurs propres contradictions. Même si Fatima Alahyan – c’est son nom- est encore jeune, il ne faut surtout pas la sous-estimer. Car elle est on ne peut plus consciente de la situation déplorable faite aux siens, les Amazighs. En fait, c’est une vraie graine de militante qui à cœur de rendre justice à son peuple. Pour en savoir davantage sur elle, nous l’avons sollicitée pour une interview. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle a énormément de choses consistantes à dire. Jugez-en !

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m'appelle Alahyan Fatima. Je suis âgée de 21 ans et j'étudie l'Histoire à Rennes, ma ville natale. Comme mon nom de famille l’indique, je suis bien évidemment amazighe, originaire d’Assif n Dadès, région de Ouarzazate.

Racontez-nous votre prise de conscience amazighe ? Comment s'est-elle faite surtout que vous n'êtes pas née au Maroc ? Ça ne devait pas être très simple ?

La prise de conscience s'est faite naturellement et progressivement depuis mon enfance. De nature curieuse, les interrogations concernant ma langue maternelle que je ne parlais que très peu quand ce n'était pas en cachette, ma culture qui n'était vraiment pas celle des Amazighs, sur l'arabité dans laquelle je baignais, sur mon identité dans son ensemble, se sont avérées nombreuses et agaçantes. En lisant, je me suis aperçue que j'ai été en grande partie arabisée. Avec autant de questions sans réponses, la remise en cause de mes convictions passées ne pouvait être qu'inévitable. Ce qui n'est pas simple, c'est de reconnaître qu'on a vécu dans le mensonge.

Comment se fait-il que vous parliez votre langue en cachette ?

Mon entourage était majoritairement arabe. J'avais l'impression de me voir imposer un diktat : celui de l'acceptation de parler arabe ou de quitter le cercle amical. J'avais honte, je l'admets, de parler en tamazight, considéré comme un patois local par beaucoup de mes proches. Au point où je parlais moi-même le darija. À la maison, c’était le français, pour la plupart du temps et un peu de tamazight avec mes parents. Je pratiquais donc ma langue maternelle truffée de mots de darija, en cachette, avec mes quelques amies d'origine amazighe. Et aujourd'hui encore, malgré mes efforts, je n'arrive toujours pas à me débarrasser des termes arabes et français lorsque je m'exprime en tamazight.

Et comment se fait-il que vous baigniez dans l'arabité alors que vous viviez en France ?

Je vis en France mais les Arabes y sont aussi ! On est toujours rattrapé par leur manie d'imposer l'arabité à tous et à tout prix. Il y a également les médias arabophones et panarabistes qui exercent leur influence et leur propagande via les chaînes satellitaires. Faisant partie de la communauté des " RME ", il y a cet autre exemple de l'apprentissage de la langue arabe dans les établissements scolaires. Le Makhzen, avec la bénédiction du gouvernement français, arabise les Amazighs même à l’étranger, dès l'enfance en envoyant des émissaires pour leur faire apprendre l'arabe. Comme s'il avait peur que la communauté amazighe de France soit libre... Que de facteurs qui sont à prendre en compte pour une compréhension globale du phénomène d'arabisation dans le monde, un phénomène qui n'a malheureusement pas de frontières...

Mais vous partiez quand même pendant les grandes vacances à Assif n Dadès...

En effet, j'y vais chaque été et heureusement ! Ces dernières années, je suis restée observatrice dans ma région, Dadès, et surtout dans mon village, Ait Youl. En plus d'aller voir ma famille et me ressourcer, je me suis mise à faire, de manière naturelle, un " travail comparatif " sur la vie des Amazighs dans mon village et celle de ma ville, Rennes, qui abrite beaucoup d'Amazighs originaires de la région. J'ai réalisé l'énorme écart qui nous séparait. Je m'interrogeais continuellement sur les raisons du déni de notre culture et ses valeurs. Me déplacer pour immerger dans l'amazighité ne pouvait que me ravir. C'est un refuge pour les Amazighs qui manquent de repères. Comme moi d’ailleurs. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’on sait qui l'on est, parce qu’on sait tout simplement d’où l’on vient.

C'est donc votre révolte vis-à-vis du sort réservé à la culture amazighe qui a fait que vous avez eu un échange épistolaire aigre-doux, via Internet, avec le ministre de la communication marocain, parlez-nous de cet événement qui a défrayé, dernièrement, la chronique...
J'ai écrit au ministre arabe de la Communication, Nabil Benabdellah. Car je ne supportais plus que ma culture soit instrumentalisée et salie par les panarabistes déchaînés. Je trouve vraiment humiliant de voir toutes ces images où les Amazighs chantent et dansent et où ces " médias " dissimulent le mal être de tout un peuple, celui de ne pas exister officiellement, celui de ne pas vivre dignement. Je voulais lui montrer qu'il existe encore des Amazighs qui ne gobent plus ses discours hypocrites où il fait l'apologie de l'Amazigh. Alors que les faits démontrent le contraire. Ils confirment bien que ce ministre n'est que le porte-parole du Makhzen anti-amazigh et un raciste... L'exploitation médiatique des Amazighs, en l’occurrence la folklorisation de l'amazighité, est visible sur toutes les chaînes panarabistes marocaines. On se demande alors si la future nouvelle chaîne amazighophone que M. Benabdallah a promis continuera sur le même chemin que la TVM et 2M ?

Mais c'est tout un système qui est allergique au fait amazigh, vous ne pensez pas que vous accablez M. Benabdellah de tous les maux alors que ça ne fait pas longtemps qu'il est au gouvernement ?

Effectivement et je l'ai écrit, c'est tout le système que je remets en cause. Le Makhzen a toujours méprisé les Amazighs et ne s'est apparemment toujours pas soigné. Je me suis adressée à M. Benabdallah pour lui faire part de mon indignation face à sa politique de communication (depuis qu'il est au gouvernement) concernant la médiatisation de l'amazighité. Lorsqu’on est à la tête d'un tel ministère et qu'on prêche la bonne parole dans tous les discours, en l'occurrence, les valeurs démocratiques, la diversité, etc., la moindre des choses est de retrousser ses manches et de commencer à combattre les discriminations dont est victime " la composante amazighe " dans l'audiovisuel marocain et non pas nous rabâcher toujours les mêmes discours de l'illusoire bonne volonté. Le ministre ne cesse de souligner " la nécessité de respecter les engagements " pris avec l'IRCAM. Pourtant, sept chercheurs s’y sont retirés en 2005 et d’autres sont obligés de ruer dans les brancards. Même si l'apparition de quelques films amazighs nous donnent un peu d'espoir, l'amazighité continue d'être folklorisée, rabaissée et méprisée. Pourtant, c’est à l'aube de 2007, à la fin de son mandat, que la chaîne amazighophone verra (peut-être ) le jour. En fait, il n'y a pas de volonté politique d'intégrer l’amazighité dans les médias et M. Benabdallah n'éprouve aucun " attachement de principe profond à la composante amazigh de notre peuple ". Qu'il sache que les Amazighs danseront et chanteront vraiment quand ils seront d'abord reconnus officiellement et quand les deux chaînes la TVM et 2M ainsi que l'éventuelle future chaîne amazighophone montreront la vraie vie des Amazighs, celle de la frustration, de la misère, de l’exclusion et de l’humiliation. Pour preuve, vous n’avez qu’à voir avec quelle légèreté le dernier drame d'Anfgou a été traité.

Justement en parlant d'Anfgou, la problématique amazighe n'est pas seulement linguistique et culturelle, elle est aussi en grande partie sociale et politique...

Tout à fait. Les Amazighs s’ils se battent pour leur dignité, ce n'est pas seulement pour que le Makhzen reconnaisse leur culture et leur langue. C’est bien trop réducteur ! On doit bien savoir que la problématique amazighe doit être traitée sous tous les angles, aussi bien socio-économique, linguistique que culturel et politique. Tout simplement parce que le peuple amazigh est marginalisé sur tous les plans. On ne prive pas seulement l'Amazigh de parler sa langue et pratiquer sa culture, on le prive aussi de travailler, on l'incite à quitter le pays (à " brûler " ), on le réduit à un sous-homme à qui il est interdit de demander ses droits les plus élémentaires. Dont bénéficient pourtant les autres Marocains, à savoir l'eau, l'électricité, le réseau téléphonique, les transports, les bourses scolaires, etc. L'Amazigh souffre terriblement pendant que les discours et les slogans politiques le valorisent, notamment à l'approche des échéances électorales...

N’y a-t-il pas une contradiction flagrante dans les actions du Makhzen, d’un côté, il politise à outrance l’Islam et l’arabité et, de l’autre côté, il empêche par tous les moyens répressifs l’avènement d’une structure politique amazighe (le cas du PDAM à titre d’exemple) ?

Qu’on se le dise une fois pour toute, le Makhzen n'a aucune volonté de réhabiliter le tamazight. Nous sommes contraints de faire appel à l'ONU pour faire valoir nos droits, de chercher des aides financières extérieures pour secourir et soigner nos pauvres d'Anfgou, d'aller jouer nous-mêmes les journalistes pour montrer au monde la misère dans laquelle vivent les Amazighs. Nous ne sommes pas dupes : il n'y a pas d' " attachement à la composante amazighe " comme M. Benabdallah aime bien nous désigner. Les quelques efforts qui ont été accomplis (grâce à nos militants et à personne d'autre) ont fini par être rejeté par les Amazighs. Car on continue à faire peu de cas de leur culture. Une situation qu’ils vivent comme une insulte permanente à leur dignité et à leur honneur. En fait, on folklorise à tout va mais hors de question de politiser l'amazighité de tous ces gens, qui ne deviennent visibles que lorsqu’ils dansent ou ils chantent. Nous devons dénoncer l'instrumentalisation de la religion par le Makhzen. Ces hommes politiques se fichent du Salut de Dieu ! Nous ne sommes pas arabes et nous ne le serons jamais : nous sommes amazighs. Et il faut le crier haut et fort pour contrecarrer la volonté de ce Makhzen arabiste de faire de nous des hommes que nous ne sommes pas, que nous ne voulons pas être. Peut-être qu'un jour il comprendra...

jeudi, février 08, 2007

Un débat...déraisonnable

Le Québec est actuellement secoué, et c’est le moins qu’on puisse dire, par les débats sur les accommodements raisonnables. Qui dit débat, dit bien évidemment une vie démocratique saine. Je ne peux que m’en féliciter. Sauf que j’ai quelques petites remarques à formuler. Je ne pense pas que si ces accommodements étaient aussi raisonnables, ils auraient provoqué un tel tollé. Elles sont peut-être raisonnables à une époque mais l’évolution des mentalités ont fait leur effet. Une bonne partie de la population a fini par les trouver totalement déraisonnables. Et elle s’en insurge. A-t-elle raison ? Bien évidemment. Mais il faut savoir raison garder. Débattre sereinement. Car, par moment, on a l’impression d’assister plutôt à un brouhaha absolument assourdissant. Pire, on a fini par dire tout et n’importe quoi. Un exemple : j’ai entendu une bonne femme dans je ne sais plus quel média électronique affirmer, très sûre d’elle, qu’elle est contre la dipapidatation des femmes. Encore heureux ! Car à ma connaissance, dans toute la longue histoire de l’humanité, il n’y a jamais eu de dilapidation de femmes. Par contre, certains responsables politiques trouvent un malin plaisir à dilapider beaucoup de fond public. Pour des projets qui n’en valent pas le coup. Là, je pense que peu de gens peuvent être d’accord. Il y a aussi une chose qui me met mal à l’aise. A juste titre. C’est de pointer du doigt l’immigration. Certains ont fait preuve de beaucoup d’ignorance et autant de démagogie à ce sujet. Car sans l’immigration le Québec n’aurait jamais existé. Du moins sous sa forme actuelle. Si ce n’était pas les premiers communautés françaises qui ont débarqué ici, je ne pense que le Québec serait ce qu’il est maintenant. Bien plus, est-ce qu’on peut maintenant imaginer la belle pronvince sans ses Italiens, ses Grecs, ses Portugais, ses Libanais, ses Algériens...? Rares ceux qui vont oser. En tous les cas, ce ne serait jamais moi. Rien que pour leur cuisine, les Italiens, par exemple, ont apporté énorémement à l’art culinaire québécois. Vous l’aurez certainement deviné, je suis un inconditionnel de la cuisine italienne. Toujours est-il que l’immigration est une richesse. Et elle crée de la richesse. A tous les niveaux. Mais malheureusement on passe souvent tout cela sous silence. Dommage !

vendredi, février 02, 2007

Médias marocains : toujours deux poids "cinquante" mesures

J'ai jeté un coup d'œil furtif sur la une du journal d'Assabah de ce lundi 29 janvier 2007. Le titre d'un article a retenu particulièrement mon attention. Car il est plus qu'accrocheur. Oui, oui, il arrive quelque fois que les journalistes marocains réussissent leur titraille. Curieux que je suis, j'ai donc voulu en savoir davantage. Je ne vous dis pas ma surprise lorsque j'ai lu que les indéboulonnables responsables de 2M ont été « sanctionnés ». Oui, croyez-moi sur parole. Ils ont été « sanctionnés ». Rassurez-vous tout de suite, chers lecteurs, cela n'a absolument rien à voir avoir avec le sujet dont je vous entretiens souvent, l'amazighité. Que vous vous le mettiez tout de suite dans la tête : ce n'est pas demain la veille que des personnalités haut placées dans l'organigramme de 2M et consorts vont tomber pour cause de leur antiamaizghisme légendaire. Il ne faut pas non plus trop rêver et gober bêatement les boniments que vous entendez à souhait ici et là. Il y a loin de la coupe aux lèvres.
De quoi il est exactement question dans le dit papier ? Chose très surprenante, car rarissime dans les mœurs marocaines. Voilà, le ministre de la com ( c'est un poste qui n'existe dans aucune démocratie au monde) et le président des télévisions marocaines (je vous fais l'économie de leurs noms car je pense que vous les connaissez déjà) sont entrés, tous les deux, dans une colère noire. Parce que les deux chaînes marocaines -qui ne sont nationales que pour ceux que vous connaissez- n'ont pas couvert je ne sais quel festival de chanson arabe au Qatar. Je vous vois déjà sourire. Crouler même de rire. Je vous comprends tout à fait, car je suis passé dans les mêmes phases. Intelligents que vous êtes, je suis sûr et certain que vous avez tous pigé. Mais cela n'empêche pas de vous dire, même si je fais un abus de langage, la morale de l'histoire: lorsqu'il s'agit de la culture arabe, nos deux responsables médiatiques ne rigolent plus. Ils peuvent même être très méchants. Vous ne savez pas pourquoi ? En fait, c'est très simple, il s'agit de leur propre culture. Et à ce titre, elle mérite toutes les ires possibles et imaginables. Quid de l'amazighité ? Qu'elle aille donc au diable vauvert !
Toujours dans le cadre des médias, il y a quelques jours, j'ai regardé un peu 2M. Je vois déjà certains me pointer du doigt en disant dans leur for intérieur : « quelle honte ! » . Mais qu'ils n'aillent pas vite en besogne ! Je m'explique : je regarde cette chaîne à trois heures du matin. Pour les non avertis, c'est à cet horaire tardif que l'on nous passe généralement la musique amazighe. Si dans le cas où l'on veuille bien la programmer. Les responsables de cette téloche horriblement moche doivent certainement penser que les Amazighs ne dorment pas la nuit. C'est vrai que nous sommes tous de la « race » des chauves-souris. Choqués ? Allez, trouvez moi une autre explication ! Chiche ! Quant à moi, c'est juste que je suis antipodes. Donc décalage horaire expliquant cela. Sinon, plutôt « dormir » que de rester comme un zombie pour être pilonné toute la nuit avec les âneries débilissimes de 2M. Non, non, je ne suis pas quand même fou à ce point.
Cependant, ce jour-là, manque de bol, au lieu de la musique amazighe , j'ai eu droit à un speech d'un animateur presque chauve dont je serais incapable de vous dire le nom. Le sourire qui va d'une oreille et à l'autre, il m'annonce- car je suis sûr que je suis le seul à le regarder-, très fier et tout content, dans un arabe presque châtié qu'il a invité je ne sais quel obscur chanteur… libanais. Un chanteur…. libanais. Wak wak. ! Non pas qu'il en ait fini avec tout ce que le Maroc comme chanteurs pour penser à des étrangers. Je n'ai jamais vu par exemple Izenzaren, Walid Mimoun, AZA, Mellal…sur 2M. A moins que notre animateur très inspiré ne les connaisse pas. Ce qui ne serait vraiment pas étonnant. Pour ne plus supporter le supplice qu'il m'impose, je n'ai pas cherché midi à quatorze heures, je l'ai donc zappé. Impitoyablement. Illico presto. Pour regarder je ne sais plus que film américain.
Mais le coeur n'y est plus, le pourquoi et le comment du Libanais m'a vraiment secoué ? J'ai trouvé ce choix on ne peut plus absurde. Car nous avons au Maroc, walhamdoulillah comme dirait l'autre, des gens qui vont vous imiter je ne sais qui. ہ des prix défiant toute concurrence. Abreuvés jusqu'à la nausée de séries arabes à l'eau de rose, des décennies durant, les Marocains et surtout les Marocaines sont devenus des perroquets passés maîtres de l'imitation de tous les dialectes du Moyen-Orient. A tel point qu'ils ne savent plus ce qu'ils sont. Vous êtes certainement au courant de l'armada de chanteuses marocaines au Moyen-Orient qui y vendent leurs « services » moyennant des dinars sonnants et trébuchants. Certaines pour plusieurs années d'affilée. Comme si là-bas, ils ont un déficit chronique de femmes. Mais là c'est un autre sujet. Passons ! En tant que soussi qui se respecte, j'ai vu le problème de notre Libanais sur un autre angle. Financier celui-là. Je me suis dit qu'inviter un tel chanteur -je ne saurais vous dire s'il est réellement un véritable artiste- d'un pays aussi lointain doit coûter la peau des fesses. La liste des frais est très très très longue : le billet d'avion aller et retour, la suite à l'hôtel 5 étoiles, l'argent de poche, le cachet de son spectacle…
Armé de ma seule et unique calculatrice, j'ai trouvé que la facture peut facilement friser au bas mot les 100.000 dirhams. Vous vous rendez compte ! Plus « amère » (à force d'être salée) que cela, tu meurs. Dans ce cas, le ministre de la com et le président des télévisions marocaines ont des moyens à en revendre. Mais lorsqu'il s'agit de l'amazighité, tout d'un coup, comme par enchantement, ils n'ont plus un seul « arryal » dans leur bas de laine. Deux poids, deux mesures. Plus que cela. En fait, ils ne veulent pas de l'amazighité. Voilà ce que certains se refusent de voir. Avec beaucoup d'entêtement. Parce que ce n'est pas leur culture. C'est aussi simple que cela. La leur, ils s'en occupent à merveille. Ils sont même prêts à y mettre le prix fort. En utilisant allègrement l'argent du contribuable marocain qui est majoritairement amazigh. Est-ce qu'ils le savent ? Sans doute. Mais ils n'en ont cure. Et comme le dit si bien le fameux adage bien de chez nous : que celui qui n'est pas content aille boire toute la mer avec une cuillère. Ce que je ferais bien volontiers, mais il y a un hic. Là où j'habite il n'y en as pas. Il y a juste un fleuve, qui est, à cette période de l'année, complètement gelé. Que faire ? Bénis soient les Américains qui nous ont inventés Internet, une petite connexion sur le site www.imurig.net me ferait le plus grand bien. Allez, tifawin fulkinin à tous !