Les consulats du Maroc ont toujours eu mauvaise presse. À titre
personnel, lors de mes années estudiantines, j’y ai été témoin de plusieurs bagarres impliquant des citoyens et
des agents consulaires. Aucun bon accueil. Aucun service de qualité. Aucune
once de civisme. Disons-le franchement,
ce sont des lieux de non droit dans la plus pure tradition makhzenienne. Et ce
n’est pas le président de Tamaynut-France, Ali Id Aissa, qui va soutenir le
contraire. Lisons les détails de sa mésaventure avec les agents du consulat de
Colombes dans la région parisienne ! C’est tout simplement édifiant !
Pour quelle
raison êtes-vous parti au consulat du Maroc à Colombes ?
Pour répondre à
l’appel à candidature lancé par le Ministère chargé des Marocains à l’étranger en
partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), je me suis rendu au consulat du Maroc à Colombes
dans les Hauts-de-Seine où j’ai voulu déposer un dossier contenant
trois candidatures de trois enseignants de l’Amazigh, membres de notre association, qui répondent aux critères exigés par le ministère.
Comment
était le traitement qui vous a été réservé ?
Malheureusement, le traitement qui m’a été réservé a été humiliant et blessant. À mon arrivé, j’ai été
orienté vers le guichet 20, puis j’ai été renvoyé à nouveau vers un autre bureau situé
au 2e étage du consulat. Un fonctionnaire me reçoit et prend le soin d’examiner
et réexaminer mes documents. Ensuite, il me demande
de partir sans m’informer de la suite à donner à notre dossier, J’ai
alors demandé un récépissé de dépôt. Lorsuqe l’un des fonctionnaires a accepté
de me faire une copie tamponnée de ma demande, le
vice-consul, M.Daloul Hassan, est intervenu et a refusé catégoriquement de me la donner et
commence à me poser une série de questions du genre, que faites-vous dans votre
association ? Pourquoi vous ne nous remettez pas des rapports périodiques sur
vos activités ? Pourquoi vous ne venez jamais chez nous ?... J’estime que le
fait de refuser de transmettre notre dossier à Rabat, porte atteinte à
l’autorité du ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger, mais aussi à
notre constitution récemment promulguée.
Vous a-t-on
agressé ?
Bien
sûr. D’ailleurs, j’ai été agressé doublement,
moralement et physiquement.
Moralement, car M. le
consul a eu une posture discriminatoire et arbitraire. « Oui, on fait ce qu’on
veut ici », m’a-t-il langé sans aucune
pudeur. Je lui alors demandé les raisons
d’un tel traitement réservé aux associations amazighes. C’est alors qu’un
fonctionnaire a éparpillé mon dossier sur la table, détruit deux copies et
déchiré une partie de mes documents. Physiquement, car lorsque j’ai essayé de prendre
quelques photos de mon dossier déchiqueté, le vice-consul en personne m’a tordu la main
pour m’arracher mon téléphone portable. Les autres agents ne son pas en reste,
ils ont accouru pour prêter main forte à leur supérieur et m’ont violemment poussé vers l’intérieur.
Vous
ont-ils blessé quelque part ?
En
effet, j’ai été blessé dans ma main droite qui me fait encore atrocement mal. J’ai
été examiné par mon médecin personnel qui m’a prescrit un arrêt de travail et
un certificat médical. Je précise que le consul et ses subordonnés ont
l’obligation de porter assistance à nos concitoyens sans discrimination aucune et qu’ils sont tenus de respecter mon
intégrité physique et morale ainsi que la légalité et l'ordre public en France
Avez-vous
déposé plainte ?
Je
n’ai pas pu porter plainte au niveau du commissariat, puisque le consul et son
adjoint, bénéficient de l’immunité diplomatique, mais j’ai quand même réussi à faire une main
courante. Je devrais donc
m’adresser prochainement au procureur de
la république française. D’abord, pour avoir une copie de mon dossier et,
ensuite, pour entamer les démarches contre les auteurs des violences à mon
encontre. Par ailleurs, c’est le
consulat qui a déposé plainte contre moi.
Quand est-ce que votre procès aura lieu ?
Je
peux vous avouer que le traitement musclé
des agents consulaires qui m’a été
réservé a été on ne peut plus choquant. Je ne m’attendais pas du tout à un tel
scénario. Au lieu de me protéger et me porter assistance, notre représentation
consulaire a préféré porter plainte contre moi, alors que je suis la victime des
violences de ses membres. Je suis donc convoqué au tribunal de grande instance (TGI)
de Nanterre le 03 octobre 2014.
Que
comptez-vous faire pour dénoncer le comportement de ces agents consulaires d’un
autre âge?
Ce
qui s’est passé n’est pas une affaire
simple. Nous allons réagir sur plusieurs niveaux (correspondances avec le
gouvernement marocain, médiatique, juridique et revendicatif)
Au
niveau médiatique, nous avons déjà commencé à relier l’information et la faire
partager afin d’alerter l’opinion publique. Certains sites Internet ont déjà repris
notre communiqué et des centaines de sympathisants ont partagé l’information
sur le réseau social Facebook.
Au
niveau juridique, nous allons engager un avocat d’abord pour consulter le
dossier et prendre ma défense le cas
échéant, mais aussi pour porter plainte devant le tribunal de grande instance
de Nanterre contre les auteurs de
l’agression (le consul et ses adjoints) si notre la plainte est refusée, nous
allons nous orienter vers la justice marocaine. Me Ahcene Bozetine m’a proposé
de prendre ma défense au tribunal de Nanterre, et nous sommes rentrés en
contact avec Me Hassan Id Belkacem pour
prendre en charge le dossier au Maroc.
Au
niveau scripturaire, nous venons
d’envoyer des lettres de protestation aux responsables marocains en
l’occurrence M. le chef du gouvernement, M. le ministre des affaires
étrangères, le ministre chargé des marocains résidant à l’étranger et à l’ambassadeur
du Maroc à Paris.
Et
enfin, au niveau revendicatif, nous
avons le soutien du mouvement amazigh ici en France mais aussi au Maroc :
la Coordination des berbères de France, Tiwizi59, Tamazgha, le Congrès
mondial amazigh (CMA), l’Observatoire amazigh des droits et liberté, Tamunt n Iffus....
Qu’attendez-vous des
militants amazighs et de tous les démocrates du Maroc et du monde ?
M.
le consul a eu une attitude raciste et discriminatoire envers les amazighs et
leurs associations. Un comportement qui met en cause la cohésion et la bonne entente
entre tous les Marocains résidents en France. Les réactions des Amazighs doivent
être fortes et exemplaires. D’ailleurs, ça s’annonce bien. Les militants
amazighs du Souss comptent organiser un
rassemblement de soutien le 05 février à Agadir. En France, nous allons organiser un sit-in de protestation devant le
consulat du Maroc à Colombes. La date va être précisée ultérieurement.
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