Pour tout
vous dire, je ne le connaissais que depuis quelques années. Ce que je ne
regretterai jamais. Bien au contraire. Car l’homme est unique dans son genre.
Sa maison à Taddart d’Achtouken, qui se trouve à quelques encablures de
Biougra, est ouverte au monde entier. Et
c’est le cas le dire. D’ailleurs, entre
nous, on la qualifie de la zaouïa de Sidi Jamaâ. C’est vous dire.
En fait,
j’y ai croisé des gens de toutes les nationalités. Ce qui m’a d’ailleurs très
surpris au début. Mais en y réfléchissant plus longuement, quoi de mieux pour s’imprégner
de la culture musicale authentiquement amazighe que d’aller chez Dda Jamaâ,
comme nous l’avons toujours appelé. Beaucoup plus par respect qu’autre chose.
En d’autres
termes, et c’est vraiment très important de le préciser, rays Jamaâ permet non
seulement à une tradition musicale très ancienne, menacée de toute part
malheureusement, de perdurer, mais il la valorise aussi. À sa manière, avec ses
propres moyens.
En vérité,
rays Jamaâ n’a pas attendu les beaux discours des politiciens, officiels ou
pas, pour mettre en valeur ce patrimoine
immatériel inestimable de tirrousya. Que vive alors le tourisme culturel le
plus simplement du monde!
Par
ailleurs, tous les locaux qui sont férus de l’art musical de tirrouysa, d’Agadir à Tiznit et d’Ihahan à Biougra, se donnent
régulièrement rendez-vous chez lui, dans sa propre demeure. Et ce, pour y jouer parfois jusqu’à l’aube.
Rays
Lhajj Idder Achtouk, qui est devenu une vedette depuis quelque temps, était d’ailleurs
un habitué des séances musicales chez Dda Jamaâ. À en croire un habitué des lieux, c’est là qu’il s’est réellement
amélioré avant de s’imposer sur la scène musicale amazighe.
Comme
vous le savez tous, l’on ne peut pas devenir rays si l’on ne gratte pas un
instrument. C’est le cas justement de Dda jamaâ. Il a joué au lotar (une espèce de guitare
traditionnelle) pratiquement toute sa vie. Bien plus, il en est devenu un as au
sens le plus large du terme.
D’ailleurs,
avec son oreille musicale plus qu’expérimentée, il suffit de toucher votre
lotar pour qu’il vous arrête net. Non
pas pour vous dire que vous jouez très mal, rassurez-vous ce n’est pas le genre
de la maison, mais parce qu’il a besoin
de quelques ajustements. Ce qui se fait toujours avec beaucoup de tact et
beaucoup de bonne humeur.
Dda Jamaâ
n’est pas que cela. Il est aussi unique d’un point de vue humain. Il est d’une
générosité extrêmement rare. Il est l’homme de tout le monde, comme on le dit si
bien en langue amazighe. En fait, je ne l’ai jamais vu refuser à quiconque l’accès
à sa maison. Même à des heures
extrêmement tardives. Et Dieu sait que chez nous où la mentalité villageoise
règne encore, les gens ne sont pas toujours sympathiques. Mais il n’en a cure.
Passer un bon moment vaut tous les sacrifices.
Pour
finir, il serait vraiment intéressant si le tissu associatif amazigh pense à
lui rendre hommage. Rien que pour lui dire que nous apprécions énormément ce qu’il
a fait pour maintenir en vie le tirouysa dans cette partie du Souss, Achtouken,
qui avait donné des géants connus et reconnus. Anchad, Janti et Said Achtouk
pour ne citer que ce trio pour le moins phénoménal.
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