Après la sortie tonitruante d’A. Benkiran, l’actuel ténor du PJD, le parti islamiste marocain, concernant la légitimité de l’usage du tifinagh- qu’il a comparé hystériquement au chinois lors d’un meeting tenu à Rabat- comme transcription officielle de la langue amazighe, beaucoup de militants amazighs et non des moindres lui ont répondu pour lui dire, calmement, poliment et scientifiquement, ses quatre vérités.
Mais que l’un des fils de l’un des plus grands théologiens marocains, feu Mohamed Othmani, prenne sa plume, lui aussi, pour mettre son grain de sel dans la controverse et remettre à sa place- et de quelle manière- Benkiran est en lui-même un fait exceptionnel. Il s’agit, si vous ne le connaissez pas, de Farid Zinedine Othmani qui n’est autre que le jeune frère de Saâdine Othmani, l’ex-sécrétaire général du même PJD.
Publié sur Internet, la lettre ouverte de M. Farid Zinedine a été, et c’est le moins que l’on puisse dire, un chef d’œuvre de l’ironie. En fait, tout au long de son texte, il s’est moqué des positions ridiculement anti-amazighes de Benkiran en maniant comme pas un les subtilités de langue arabe- ce que certainement l’arabiste Ben Kiran ne pourrait jamais faire et encore moins égaler. Des positions qui trouvent, en fait, leur racine dans l’ignorance complète et totale de l’actuel chef du PJD de la culture amazighe.
Pour preuve, M. Farid Zinedine rappelle que son père, le défunt Mohamed Othmani, dans un livre, consacré aux planches de Tagizoult, publié en 1970 déjà -que normalement M. Benkiran est censé lire car il en possède, à en croire M. Farid, plus d’une copie dans sa bibliothèque personnelle- parlait, à la page 46, de l’alphabet originel de la langue amazighe, le tifinagh, dans ses termes
«La langue amazighe possède son propre alphabet qui ressemble aux formes et aux éléments de la nature. Ses lettres, appelées le tifinagh dont le sens serait les lettres révélées, ne sont pas plus de 14. Il possède des déclinaisons, appelées « tidbakatin ». Ses utilisateurs avaient toute la latitude de l’écrire de gauche à droite et inversement ; et de haut en bas et inversement. En fait, chaque tribu a son propre usage du tifinagh. »
Et comme si ce témoignage écrit ne suffisait pas, M. Farid Zinedine enfonce un peu plus M. Ben Kiran en lui rappelant que son père a toujours considéré le tifinagh comme partie prenante de la langue amazighe. Bien plus, il s’amusait même à l’écrire. S’il était vivant, ajoute M. Farid Zinedine péremptoire, il est sûr et certain qu’il serait le premier à l’utiliser.
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