lundi, juin 11, 2007

L'Europe est-elle une chance pour les Amazighs ?

Comme c’était attendu, et avec une longueur d’avance plus que confortable par rapport à sa rivale Ségolène Royal, le très controversé Nicolas Sarkozy est élu président de la république française. En formant son gouvernement, il a surpris plus d’un en confiant l’important portefeuille de la justice à celle qui a été sa porte-parole lors de sa compagne électorale, la très dynamique Rachida Dati.

D’origine extrêmement modeste, cette fille d’immigrés algéro-marocains a gravi tous les échelons à force de travail et un brin- il faut quand même le reconnaître- de pragmatisme et d’opportunisme. Elle a compris très tôt que cela ne sert à rien de remettre indéfiniment en équation le système, mais tout simplement de l’intégrer. Par tous les moyens. A ce propos, Rachida Dati a écrit à plusieurs reprises à celui qui va devenir son mentor, Sarkozy, avant qu’il veuille bien la recevoir. La suite, on la connaît tous. La voilà garde des sceaux dans cette vieille démocratie qu’est la France, connue jusqu’à alors par son extrême méfiance vis-à-vis de l’immigré et sa progéniture.

Faisons un peu dans la fiction, est-ce que cette jeune femme aurait le même destin si jamais elle était restée au Maroc ? Assurément non. Car il faut savoir que les immigrés nord africains en France viennent généralement des régions les plus moins loties et les plus miséreuses, peuplées le plus souvent de populations amazighes : la Kabylie, le Rif, le Souss... Si l’on excepte les Kabyles qui jouent les premiers rôles dans la politique algérienne et dont la présence est très importante dans toutes les strates de l’Etat- pour des raisons historiques qui seraient longues à expliquer-, les Amazighs originaires du Maroc sont loin d’être dans la même situation.

Traités presque comme des parias chez eux, leurs enfants en Europe sont en train de prendre leur revanche. Dans leurs pays d’accueil, certes plus décomplexés par rapport à l’immigration, ils sont on ne peut plus présents dans les conseils municipaux, aux parlements et même aux gouvernements. C’est le cas d’Ahmed Aboutaleb, d’origine rifaine, qui a été nommé secrétaire d’Etat aux affaires sociales dans le gouvernement hollandais actuel. C’était le cas aussi en Belgique d’une jeune femme rifaine, Anissa Temsamani, nommée adjointe du ministre du travail et des pensions avant d’être poussée à la porte pour une sombre affaire de diplômes.

Toujours est-il que les jeunes amazighs en Europe ne se contentent plus de percer dans le sport et les arts, mais, depuis quelques temps, ils ont la politique dans leur point de mire. L’on ne peut que s’en féliciter. Cela ne peut que permettre de changer la perception, le plus souvent négative, que certains se font hélas d’eux ! Qui plus est, en accédant aux postes de responsabilités, ils peuvent toujours jouer aux ambassadeurs qui expliqueraient à leurs propres gouvernements la situation catastrophique des leurs restés au pays. Même si ce n’est pas une chose acquise. " Car peu d’entre eux, comme le dit si bien un militant amazigh vivant en hollande, sont réellement conscients des enjeux identitaires. Le reste, lui, a épousé depuis longtemps, avec l’énergie du désespoir, des idéologies exogènes qui l’enfoncent plus qu’autre chose. " Mais à qui le dire ?

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