A l’entrée de l’université de Meknès, un drapeau amazigh, dessiné d’ailleurs grotesquement à même la terre, a été mis à côté de celui d’Israël. Non sans oublier de mettre un petit ‘’= ‘’entre les deux. Le message est donc on ne peut clair : le mouvement amazigh n’a rien à envier à Israël. Rien que cela ! Et lorsqu’on sait que ce pays est la personnification du mal absolu dans l’imaginaire des baâthistes et tous les mordus de l’arabisme, on peut donc deviner à quel point les disciples marocains de Saddam portent les Amazighs dans leur cœur.
Des Amazighs, et il faut vraiment le rappeler encore et encore, dont le mouvement revendicatif partout sur leur bonne terre de Tamazgha a toujours été pacifique. Et il entend bien le rester, coûte que coûte, malgré les multiples provocations dont il fait régulièrement l’objet. Car tout simplement convaincu, et cela depuis toujours, que la violence n’a jamais rien résolu et ne résoudra jamais rien.
Toujours est-il que cette histoire de drapeaux montre à quel point ses auteurs ne sont capables d’analyser les choses qu’à l’aune des problèmes du Moyen-Orient. Leur conditionnement massif par les médias et l’école y est certainement pour quelque chose. Incapables de procéder à une analyse rationnelle et réfractaires à toute altérité, gare à celui qui ne pense pas comme eux. Il sera illico presto assimilé à un horrible sioniste qu’il faut liquider. Tout de suite. Sans aucune forme de procès.
C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les attaques sanglantes dont ont été victimes les jeunes militants amazighs dans les universités marocaines. Appliquant le principe de la violence révolutionnaire- sans blague- et sous l’œil bienveillant du Makhzen, les énergumènes d’Annahj stalinien et les apprentis terroristes du Polisario se sont associés pour casser allègrement de l’Amazigh. Résultat : deux morts et plusieurs blessés graves.
Si l’on regarde la situation de plus près, est-ce que c’est vraiment approprié de parler de sionistes dans le cas des Amazighs ? Absolument pas. Car cela relève d’une mauvaise foi abyssale, d’une effronterie sans limites et d’une ignorance effroyable. Mais pour mettre les choses au clair, il est toujours impératif d’être un tantinet didactique.
Selon le Trésor de la langue française, le sionisme est un " mouvement politique et religieux né de la nostalgie de Sion, permanente dans les consciences juives depuis l'exil et la dispersion, provoqué au XIXe s. par l'antisémitisme russe et polonais, activé par l'affaire Dreyfus, et qui, visant à l'instauration d'un Foyer national juif sur la terre ancestrale, aboutit en 1948 à la création de l'Etat d'Israël ". Est-ce que cette définition s’applique réellement aux Amazighs ? Je vous laisse, cher lecteur, de vous faire votre propre jugement.
Par ailleurs, une autre accusation, farfelue du reste, est adressée régulièrement aux militants amazighs : le chauvinisme. Pour tout vous dire, je n’y trouverais rien à redire si elle vient de la part de démocrates aux valeurs humanistes reconnues. Mais que ce soit de la part d’ethnicistes dont la seule et l’unique idéologie ( si réellement on considère leur amas d’idées sans queue ni tête comme une idéologie) est l’arabisme totalitaire, est tout simplement risible, ridicule, pathétique même.
Que doit-on faire alors ? Rester impassible et ne jamais renoncer aux principes universels qui ont fondé le mouvement amazigh. L’amazighité étant forte par sa légitimité historique, elle n’a besoin d’aucune violence pour s’imposer. Et c’est justement cela qui indispose au plus haut point ses nombreux contempteurs. La perte de leur sang froid n’en est qu’un symptôme. Tant pis pour eux !