lundi, mai 26, 2008

Rekia Talbensirt: "j'ai chanté plus de 400 chansons"

Peu de gens peuvent prétendre qu’ils ne connaissent pas Rekia Talbensirt (Demsiriya). Et pour cause. Cette grande diva a marqué de son style, de sa voix et de sa présence l’évolution de la chanson « tarrayst » ses 40 dernières années. Khadija Bouâchrine, encore elle, l’a inteviewée pour notre grand plaisir. Ça a donné cet échange -que j’ai traduit en français- pas toujours réjouissant. Il faut dire que la vie de Talbensirt n’a pas été toujours rose. Et c’est vraiment le cas de le dire.

Cela fait plus de 40 ans que vous avez commencé votre carrière de chanteuse professionnelle, quel bilan faites-vous de ce très long parcours ? (Elle sourit).

Pour parler franchement, je n’ai jamais pensé à toutes les années que j’ai passées sur la scène musicale amazighe et a fortiori en faire le bilan. Parce que je me considère toujours comme une débutante. C’est peut-être cela le secret de mon succès, ma constance et ma longévité. Par ailleurs, je me rappellerais toujours mes débuts avec leurs bons et leurs mauvais souvenirs. Je suis l’une des artistes qui a le plus souffert en raison de ma grande passion pour la chanson. Mais mes sacrifices n’ont pas été vains. Jusqu’à maintenant, j’ai à mon actif pas moins de 400 chansons.

Quels sont les poètes qui vous ont le plus influencé ?

Tout d’abord, je préfère les appeler non pas des poètes mais tout simplement des rways. Pour ce qui me concerne, il faut savoir que j’ai grandi dans un milieu rural. Il va sans dire que son influence sur ma formation et mes goûts a été pour le moins déterminante. Il en va de même des rways auprès de qui j’ai énormément appris. D’ailleurs, je vais en citer feu Mohamed Albensir et Zahra Talbensirt entre autres. Mais je tiens quand même à préciser que j’ai été toujours fascinée par la poésie des grands maîtres : Lhaj Belâid, Boubakr Anchad et tant d’autres. L’une de mes premières chansons a été justement un petit hommage et une marque de reconnaissance vis-à-vis de tous ces immenses rways.

Vos rapports avec feu Mohamed Albensir n’étaient pas toujours au beau fixe, qu’elles en sont les raisons ?

Rassurez-vous, je ne ressens aucune animosité envers cet homme. Bien plus, je n’ai pour lui que respect et déférence. Je n’oublierais jamais l’aide qu’il m’a apportée à mes débuts. Tout ce qu’il y a, c’est qu’un jour il a commis un impair envers moi. Il a composé une chanson, interprétée par Fatim Tihihit meqqourn lors de l’une de leurs tournées en France, où il a été extrêmement critique envers moi. Même s’il n’a jamais revendiqué la paternité de cette chanson, je sais que c’était de lui. Connaissant très bien son style, il ne peut s’agir que de lui. Se rendant compte après coup de tout le mal qu’il m’a fait, il a essayé de se faire excuser. Il a donc décidé de m’écrire une autre chanson où, cette fois-ci, il s’en prenait à Tihihit. Ce que bien sûr j’ai refusé. Car juste après, j’en ai écrit une moi-même : je les ai attaqués, violemment, lui et Tihihit. Mais notre antagonisme n’a pas duré longtemps, puisque nous nous sommes réconciliés juste quelque temps après, grâce aux bons offices d’amis rways.

Et qu’en est-il de vos relations avec Fatim Tihihit meqqourn ?

Tout ce qui se dit à notre propos n’est que rumeur et racontar. À vrai dire, j’ai toujours un immense respect pour cette grande dame. D’ailleurs, j’ai énormément pleuré lorsqu’elle a décidé de se marier et de se retirer. En fait, l’émulation qui avait entre nous deux a été, à certains égards, extrêmement positive. Elle nous a poussées à se surpasser. Pour le plus grand bien de la chanson amazighe.

Est-t-il obligatoire de faire ses classes dans l’ahwach avant de prétendre faire carrière dans la chanson des rways ?

Absolument. Pour exceller dans la musique amazighe, il faut impérativement passer par la case ahwach. C’est une école très formatrice qui permet aux femmes de maîtriser non seulement l’art de la composition poétique, mais aussi la rythmique chorégraphique, plus qu’essentiels dans le métier de chanteuse.

Un événement qui s’est passé dans une danse d’ahwach a été décisif dans votre vie, pouvez-vous en parler ?

En effet, même si cela remonte à très loin, je me le rappelle comme si c’était hier. Dans une joute poétique fort célèbre, j’ai pu tenir tête aux danseurs qui critiquaient les danseuses. En fait, j’ai eu pour la première fois l’occasion de donner libre court à tout mon savoir-faire et mon talent poétiques. Ce jour-là, c’était mon petit jour de gloire. Carrément séduits, beaucoup de spectateurs sont venus me féliciter juste après. Depuis, tout le monde m’appelait « tarrayst».

Est-t-il vrai que votre père s’est beaucoup opposé à votre passion ?

Mon père était très attaché aux valeurs religieuses et traditionnelles. Ayant perdu ma mère alors que je n’avais que quatre ans, il s’est donc remarié. Mais sa nouvelle femme a été une vraie sadique. Elle a massacré littéralement mon enfance. Dans le sens elle a toujours fait preuve d’un grand esprit imaginatif pour me torturer et me faire souffrir. Elle me faisait les travaux les plus difficiles. Pire, elle m’empêchait d’aller dans les soirées d’ahwach et les fêtes qui sont organisées dans notre région. Mon père, qui était tout ouïe pour son épouse, en rajoutait en m’enfermant carrément à la maison. Mais, en prenant du recul vis-à-vis de cette période de ma vie, d’une manière indirecte, mon père m’a en fait encouragé à passer outre toutes les barrières culturelles et sociales. Car je faisais tout ce qui était en mon pouvoir pour m’échapper et aller exprimer ma passion dans les fêtes d’ahwach. Voyant qu’il ne servait strictement à rien de m’entraver, il m’a laissé faire.

Saviez-vous que votre passion allait vous séparer d’avec votre père, vos enfants et toute votre famille ?

Je ne savais pas du tout qu’elle en serait ainsi. Je me suis mariée deux fois. Avec le premier mari, je n’avais pas eu d’enfant, car j’étais extrêmement jeune. Je n’avais même pas 12 ans. Avec le second, j’ai eu deux filles et un garçon, mais la nature de mon travail m’empêche de les voir souvent. Eux, ils habitent à Casablanca et moi, je suis à Dcheira, dans le Souss. Ils me manquent terriblement. Je souffre énormément de ne pas les voir le plus souvent. Heureusement que la poésie existe, car elle m’est d’un grand secours. Elle apaise mes peines et mes chagrins.

Pouvez-nous parler de votre fameuse chanson, tudert (la vie) ?

Cette chanson est un concentré de tous les malheurs et les détresses que j’ai tant endurés. J’aurais pu facilement basculer dans une vie dissolue ou la débauche, mais j’ai décidé de devenir une tarraysat respectée et respectable à force de volonté et de travail. Pour vous parler sincèrement, à chaque fois que je veux interpréter cette chanson, les larmes et l’émotion m’en empêchent. Tellement que c’est dur. C’est vous dire.

Votre mère a une grande place dans votre poésie, pouvez-vous nous parler ?
Ma défunte mère a une grande présence dans ma poésie. Elle m’a inspiré beaucoup de belles choses. Même si elle n’était pas avec moi, elle m’a appris énormément. J’ai aussi parlé de ma belle-mère qui a été la raison d’une grande partie de mes souffrances.

Vous n’avez pas non plus ménagé votre premier mari…

En fait, ma poésie révèle des pans entiers de ma vie. J’ai beaucoup évoqué mon premier mariage. D’ailleurs, j’en ai parlé ainsi :

Pourquoi me marie-t-on à quelqu’un je ne connais même pas ?
Je n’ai jamais supporté notre vie commune
Mon cœur ne l’a jamais aimé
J’ai prié Dieu pour qu’il fasse que l’on se sépare
J’ai préféré quitter le domicile conjugal sans connaître le chemin
Je me suis rappelé les propos du fquih
La femme n’avait pas le droit de voyager toute seule
Mais Dieu est miséricordieux et je ne discute pas ses décisions
Depuis longtemps, je ne sais à quel saint me vouer
J’étais comme un agneau, d’aucuns me lorgnaient
Ils aiguisaient leurs poignards pour m’égorger
Mais grâce à ma volonté et à Dieu, je suis sauvée
Aucun mal ne m’a jamais atteint

Que pouvez-nous dire sur les rways qui vous ont appris le métier ?

Avant de rejoindre la troupe de Abdellah Ben Driss, originaire d’Ounzoud, non loin de Marrakech, mais installé à Casablanca, j’ai fait mes débuts dans le groupe de Khadouj Tawrikt. J’ai acquis beaucoup de connaissances en côtoyant ces artistes. Une fois que j’ai senti que je pouvais voler de mes propres ailes, j’ai enregistré ma première cassette en 1967. Elle a été vendue comme des petits pains tellement le public l’appréciait. Ainsi, beaucoup de rways m’ont demandé de les rejoindre même s’ils étaient très réticents, le poids des traditions expliquant cela, à ce qu’une femme fasse partie de leurs orchestres respectifs.

Que vous a appris Hmad Bizmaouen ?

Beaucoup de choses. Notamment, la manière de faire de la poésie et comment traiter les sujets via le duo que nous avons formé plus d’une fois.

Quelle direction avez-vous suivie après la constitution de votre propre groupe ?

J’ai fait beaucoup d’efforts dans la création poétique et dans la recherche musicale. Pour preuve, mon groupe est actuellement parmi les meilleurs dans tout le Maroc.

Avez-vous un procédé particulier pour composer vos chansons ?

J’enregistre les paroles sur une petite radio-cassette. Je les réécoute plusieurs fois de suite pour bien les mémoriser. Mais, parfois lorsque je suis sur scène, ma longue expérience aidant, j’improvise le plus simplement du monde.

Vous avez beaucoup traité les problèmes sociaux, mais vous avez toujours évité de parler de la politique, pour quelle raison ?

Les problèmes sociaux me sont plus familiers alors que la politique, pour être tout à fait sincère, je n’y comprends pas grand-chose. C’est aussi simple que cela.

Est-il vrai que la chanson « lbaz », composée par feu Mohamed Albensir, a été la raison de votre célébrité ?

Je reconnais qu’elle y a grandement participé. En tous les cas, Albensir ne m’a pas écrit que cette chanson. Elle m’en a offert plusieurs que mon public n’a de cesse d’apprécier et de demander, à chaque fois que je me produis quelque part.


Pour la voir et l’écouter :

dimanche, mai 25, 2008

Les prénoms amazighs : Al-Jazeera ridiculise le régime de Rabat

C’est une évidence, Al-Jazeera fait presque systématiquement dans l’arabisme le plus extrémiste et le plus sectaire, mais parfois, dans l’un de ses moments de faiblesse probablement, cette chaîne peut surprendre et faire son travail, à savoir le journalisme. Le plus simplement du monde. Sans aucun a priori idéologique.

Il y a quelques jours, le régime raciste de Rabat a nié catégoriquement, par la voie de son ministre de l’Intérieur, celui-là même qui avait trouvé tout à fait normal la dissolution du seul parti amazigh au Maroc, l’existence d’une quelconque interdiction des prénoms amazighs. Et pourtant, ce n’est pas, hélas, les cas qui manquent. Il y en a à la pelle. Dans toutes les régions du Maroc.

Mais voilà qu’Al-Jazeera dit le contraire et se permet même le luxe de lui damer le pion. Mais ce qui est extraordinaire, c’est le fonctionnaire du ministre de l’Intérieur- il intervient à un moment dans le reportage- qui s’entête à dire que son régime n’a aucun problème avec le tamazight et les Amazighs. À d’autres cher ami !

Pire, il affirme même que son département a interdit 75 prénoms dont juste un tiers est amazigh. Un tiers dites vous ? Ne pensez-vous pas que ce n'est plus qu’un petit problème, mais carrément un gros problème, un vrai scandale ? Mais à qui le dire ? À des racistes sans aucune conscience !

Mbark Ayssar est de retour

Mbark Ayssar est un immense artiste. Que dire, une icône de la chanson amazighe. Après une longue et terrible maladie, il revient pour notre plus grand plaisir. La journaliste Khadija Bouâcrhine a eu l’intelligence et l’amabilité d’aller le voir et s’entretenir avec lui. Qu’elle en soit infiniment remerciée. Voilà le résultat de leur échange, traduit en français par mes soins. À lire et à relire.


Vous vous rappelez encore vos débuts dans le monde de la musique ?

Bien évidemment. Malgré mes problèmes de santé chroniques, je me souviens encore de tout et en détail. Je n’avais même pas encore 12 ans lorsque j’ai découvert tout l’amour que j’avais pour la musique. Et parallèlement à mon apprentissage assidu du Coran dans la mosquée, je m’évertuais à apprendre à jouer le « ribab ». D’ailleurs, parmi mes premiers maîtres dans ce domaine que je n’oublierais jamais, Mohamed Outassourt. En fait, j’ai été un brillant élève. J’ai appris extrêmement vite.

Est-ce que vous avez encore votre premier ribab?

Oui. Je l’ai toujours, car il est exceptionnel. Il ne me rappelle que de bons souvenirs. Je l’ai acheté à l’époque à un prix dérisoire. Mais maintenant, il coûte extrêmement cher. Car il est très bien fabriqué. D’ailleurs, de pour de trop l’user, j’en ai acheté un autre.

Vous étiez paralysé pendant plus de deux ans, pouvez-vous nous dire comment avez-vous vécu votre incapacité à jouer vote instrument fétiche ?

Extrêmement durement. Ma maladie m’a beaucoup ébranlé, psychologiquement parlant. Il va sans dire que jouer le ribab est pour moi est une activité plus que vitale. C’est comme de la nourriture. En fait, j’étais comme un exilé. Car, j’avais trop l’habitude de manier quotidiennement mon instrument. D’ailleurs, pendant ma maladie, j’aurais aimé que mes collègues artistes viennent me rendre visite, pour alléger un peu mes souffrances, mais une bonne partie d’entre eux m’ont tout simplement oublié. Le seul qui était régulier dans ses visites est mon grand ami Mohamed El-Khatabi, le président de la section régionale du syndicat des musiciens à Agadir. Avec le temps, grâce à ma volonté et à ma patience, je m’en remettais de plus en plus. ET malgré ma grande faiblesse physique, j’ai commencé à tenir mon ribab, et même à en jouer.

Que faut-il pour jouer au ribab ?

Le ribab est un instrument essentiel et central chez les rways. Pas tout le monde peut en jouer. Car pour le faire, il faut beaucoup d’efforts. D’autant plus que physiquement, il faut impérativement être en grande forme. En fait, le secret du ribab se trouve dans les doigts du musicien. Il faut savoir que, à chaque fois, que j’en joue une force incroyable sort de mes doigts. En plus, convenons-en, si ce n’était pas ce même ribab, je ne pense que vous serez venu me voir.

Quels sont les autres instruments des rways ?

Le naqqus, le lotar, le tam-tam. Les nouveaux rways utilisent même le derbouka .

Vous avez travaillé avec beaucoup de chanteuses, quel gendre de rapports entretenez-vous avec elles ?

Tout d’abord, je tiens à dire que je suis l’un des rares rways à encourager la femme soussie à embrasser la musique. D’ailleurs, bon nombre d’entre elles ont fait leur classe dans mon groupe. Si quelques-unes ont préféré se retirer purement et simplement, d’autres ont passé outre toutes les interdictions et ont fondé leurs propres formations musicales.

Avez-vous déjà chanté en duo (tanddamt) avec une chanteuse ?

Bien sûr. D’ailleurs, mon expérience avec Fatima Tamouzount, qui a mis fin à sa carrière musicale, est de loin la meilleure.

Qu’en est-il de votre père, est-il lui aussi porté sur la musique ?

Mon père était un simple agriculteur. Mais il ne s’est jamais opposé avec à mes choix professionnels. Bien au contraire, il m’a toujours souhaité tout le succès du monde.

Combien de chansons avez-vous écrit et interprété?

Énormément. Mais je serais incapable de vous dire le chiffre. En tous les cas, pour moi, un professionnel est quelqu’un qui sait très bien jouer le ribab et qui traite un certain nombre de sujets dans ses chansons.

Quelles sont les caractéristiques de la danse des rways ?

La danse amazighe du Souss se base sur le mouvement saccadé des épaules et des pieds. Si le premier est « tighirt », le second est « abrdakka ». Le bon danseur, à mon point de vue, est celui qui arrive à combiner parfaitement bien les deux. Pour la fin du spectacle, il faut danser « tamssust ». C’est une forme de conclusion. Mais il vaut mieux être en forme, car c’est une danse qui exige une très grande rapidité.

Parlez-nous de votre première chanson…

Elle s’intitule : ifulki gh ass ad, iàdl, immim w awal. En fait, tout au long de ma vie d’artiste, j’ai enregistré plus de 100 cassettes.

Comment travaillez-vous vos chansons ?

Comme vous le savez, je suis malheureusement non-voyant. J’enregistre systématiquement les paroles sur une petite radio-cassette. Par la suite, je les réécoute, plusieurs fois, avant de leur trouver le rythme le plus adéquat avec mon ribab.

Avez-vous du nouveau ?

En effet. Je prépare actuellement un nouvel album. J’espère qu’il va beaucoup plaire au public.

Les rways ont un habit spécifique, pouvez-vous nous en parler ?

Les hommes enfilent le « tajllabit » traditionnel, un turban blanc ou jaune, « acherqaui » et même, parfois, une calotte aux couleurs vives. Quant aux pieds, ils leur mettent les babouches, « idukan ». Sans oublier le fameux poignard, « lkummiyt », qu’ils pendent de leur cou grâce à une épaisse cordelière appelée « tuggas ».

Pour quelle raison ne travaillez-vous plus avec les chanteuses ?

Parce qu’elles demandent des cachets importants. En tous les cas, pour l’instant, je préfère travailler avec les hommes.

Combien demandez-vous pour animer les fêtes et les mariages ?

Avant c’était 10.000 dh. Mais maintenant je ne demande plus que 5000 dh. Comme vous pouvez le remarquer, la rétribution des chanteurs est devenue, hélas, insignifiante. En raison de la concurrence. Il faut savoir que tout le monde veut chanter…

Insinuez-vous que de la chanson amazighe a beaucoup perdu de son prestige d’antan ?

Incontestablement. La chanson actuelle a beaucoup perdu par rapport à celle des grands maîtres. J’espère de tout cœur que toutes les bonnes volontés vont remédier, le plus tôt possible, à cette situation indigne.

Quels sont les rways qui vous ont influencé ?

J’ai fait connaissance en 1967 avec plusieurs grands artistes. Je vais en citer Houssaïn Boulhaoua ou Belkacem, Ahmed Amentag, Abdellah Oudid et Brahim Achtouk. En fait, j’ai énormément appris auprès d’eux à une époque où j’étais encore à la recherche de ma propre voie. Ensuite, je me suis installé à Marrakech où j’ai eu l’occasion de rencontrer d’autres grands chanteurs amazighs : feu Omar Ouahrouch et Brahim Outassourt entre autres. Nous avons travaillé ensemble pendant des années jusqu’à ce je décide de former mon propre groupe. Et dont la composition est ainsi : Moulay Hmad Ihihi, Bizmaouen, Ahmed Bounnit, Houssaïn Boulhaoua et Tayeb Ouchâib.

Des connaisseurs comparent vos chansons à celles des grands maîtres, qu’est-ce que vous en pensez ?

En effet. Beaucoup de gens m’ont dit que mes chansons leur rappellent étrangement celles de Boubakr Anchad. Et pourtant, je n’ai jamais connu et encore moins rencontré cet homme. À part, ces chansons qui, il faut vraiment le reconnaître, sont terriblement magnifiques.

Pour quelle raison l'influence d'ahwach sur votre musique est négligeable pour ne pas dire inexistante ?

Les rythmes que j’utilise me sont inspirés par l’héritage musical de ma région d’origine, Ihahan. Pour tout vous dire, j’ai tout fait pour ne pas être influencé par ahwach, de quelque manière que ce fût. Ainsi, toutes mes compositions sont on ne peut plus personnelles. D’ailleurs, tout au long de ma carrière, je me suis fait un point d’honneur de ne jamais reprendre les chansons des grands maîtres comme Lhaj Belâid et Boubak Azâri.