dimanche, mai 18, 2008

Me Adgherni interdit de quitter le Maroc

Après avoir dissous son parti pour des raisons pour le moins fallacieuses, il paraît que Me. Ahmed Adgherni dérange encore et toujours le Makhzen.

À en croire le site Tamazgha Presse, habituellement très bien renseigné, il a été purement et simplement interdit, la matinée du 15 mai, d’embarquer à Casablanca vers Madrid.

Et ce, pour l’empêcher d’animer une conférence, organisée par l’association amazigho-espagnole, Tamazgha.

Me Adgherni devait y donner une communication sur les multiples violations des droits civils et identitaires amazighs par le régime de Rabat.

N’eût été l’intervention du Cortès espagnol -le parlement-, qui a adressé une lettre de protestation au ministère des affaires étrangères marocain, le remuant Ahmed Adgherni n’aurait jamais quitté le territoire national.

Comme toujours dans ce genre de cas, les autorités marocaines ont fait marche arrière et ont obtempéré à l’injonction espagnole.

Me Adgherni a ainsi pu prendre, tranquillement, son avion vers Madrid.

jeudi, mai 08, 2008

Iggout : ‘’amazighement’’ farouche

D’aucuns peuvent soutenir, à bon droit d’ailleurs, qu’Iggout est indiscutablement un phénomène des plus uniques de notre scène artistique. C’est même une rareté on ne peut mieux précieuse, une valeur plus que sûre. Il va sans dire qu’il a la bosse de la musique, la sienne propre : le « tazenzart ». En témoigne son très long parcours et son immense production. En effet, Iggout – dont le nom, par un heureux hasard, signifie beaucoup en tamazight- a beaucoup apporté au reverdissement de la culture amazighe. Pour le plus grand bonheur de tous ceux qui ont une haute idée de l’art et qui savent, somme toute, apprécier les belles choses bien faites.

Si vous êtes suffisamment au fait de la chose amazighe, vous n’aurez guère besoin de creuser longtemps les méninges pour savoir de quoi le mot « tazenzart » tourne. Il s’agit, en effet, de ce style musical bien connu, crée, développé et quintessencié même par les non moins mythiques Izenzaren. Ces authentiques guérilleros du Souss, armés seulement et uniquement de leurs instruments de musique, qui, nonobstant les nombreuses décennies au compteur et l’exclusion savamment organisée par les teigneux médiatiques makhzeniens, continuent d’émouvoir des générations entières de mélomanes. Ceux-là même qui n’ont de cesse d’apprécier non seulement leur poésie, mais aussi leurs inimitables mélodies, lumineusement exubérantes, sorties des tréfonds de ce vieux peuple on ne peut plus désabusé, indistinctement méprisé, constamment « noyé » - pas seulement traîné hélas !- dans la fange pestilentielle de l’opprobre, les Amazighs. Espérons de tout cœur que cette situation, plus qu’indigne d’un peuple qui se dit libre, ne durera pas ad vitam aeternam.

Génération ignée

Ayant grandi à une époque où la faune arabiste pouvait se permettre, comme bon lui semble, de couver et même mettre à exécution toutes sortes de conspirations anti-amazighes, le jeune Iggout -avec d’autres compagnons de route-, a protesté, regimbé et même rué dans les brancards. À sa manière. L’on conviendra que ce n’est pas vraiment étonnant. C’est tellement humain de dénoncer l’injustice, dirions-nous. Encore plus, si les siens en sont les premières victimes. D’où sa révolte aux accents éminemment musicaux. Celle qu’il a parfaitement personnifiée et magnifiquement exprimée au travers de sa seule et unique art. Sans jamais compter que sur lui-même. Il est bien connu qu’il a tout appris tout seul ou presque, en véritable autodidacte qui en voulait. Beaucoup. Énormément. Si bien qu’il est devenu l’un des enfants du Souss les plus doués. Que dire, l’un des plus emblématiques de cette exceptionnelle et terrible génération des années soixante et soixante-dix du siècle écoulé. Celle-là même qui a accouché de Khaïr-Eddine, Ali Azaykou, M’barek Ammouri, etc. pour ne citer que les plus célèbres et les plus appréciés.

En digne fils de Dcheira (mais originaire d’Achtouken, connus pour avoir déjà donné les défunts mousquetaires de tarrayst : Anchad, Janti et Said Achtouk), Iggout a commencé très tôt à gratter tout ce qui lui tombait sous la main. Au fond, il n’a pas vraiment dérogé à la règle. Dans la mesure où il a suivi le même cheminement que celui de tous ses prédécesseurs. Enfant, c’étaient des instruments rudimentaires, fabriqués à base des matériaux de récupération ; adolescent, des instruments traditionnels dont l’indétrônable « lotar »- probablement l’ancêtre lointain du banjo. Mais ses liens avec Tabghaynuzt, l’un des premiers groupes modernes dans tout le Maroc, fort connu dans tout le Souss pendant les années cinquante et soixante, allaient lui être plus que fructueux. D’un point de vue professionnel s’entend. Car, c’est en son sein qu’il a été initié au violon par exemple. La suite, on la connaît. Il l’a maîtrisé. Excellemment. À la perfection même. Sceptique peut-être ? C’est votre droit, mais si vous voulez en avoir le cœur net, écoutez sans trop tarder les albums où il l’a judicieusement utilisé.

Banjo, au pinacle

Quant aux instrument à cordes, ils n’avaient, depuis belle lurette déjà, plus aucun secret pour lui : le « lotar » que nous avons déjà évoqué, la guitare bien sûr et surtout le banjo. Cet instrument qui ne rappelle que de bons souvenirs. Et pour cause. Ce sont les esclaves africains qui l’ont trimbalé avec eux dans le Nouveau Monde. Avant que les doigts de fée de la technologie ne l’effleurent et lui donnent, incidemment, sa forme actuelle. Pour plus ou moins participer, des décennies après, par le biais du chant engagé, à la « libération » des ces mêmes Africains. Est-ce qu’il en sera autant de nos pauvres amazighs qui souffrent, eux aussi, de toutes les avanies possibles et imaginables ? Il ne coûte jamais rien d’espérer. Surtout que nos artistes se le sont appropriés ou réappropriés. Définitivement me semble-t-il. Parce qu’originellement de chez nous, de notre continent. Toujours aussi noir, mais de misères, d’injustices et de dictatures.

Reste qu’Iggout en est, sans trop se perdre dans trop digressions pas forcément utiles, un indiscutable virtuose, pour ne pas employer un qualificatif propre aux universitaires, une véritable sommité, spirituellement respectée, musicalement adulée. Ce n’est pas pour rien que l’on appelle le roi du banjo. En fait, il suffit de lui prêter l’oreille un laps de temps pour s’apercevoir que ses compositions sont bien élaborées, très rechechrées. Je dirais même diablement sophistiquées. À tel point que peu de gens peuvent les rejouer. Sauf quelques très rares initiés. Et encore ! D’ailleurs, l’on ne compte même plus ceux qui ont mordu la poussière, lamentablement, dans leurs tentatives de l’égaler. Le surpasser, disons ce qu’il y a, c’est tout bonnement de l’ordre de l’impossible. En fait, sans vouloir jouer les flagorneurs niais, il ne sert strictement à rien d’essayer.

Lors de ses spectacles, avec toujours cette implacable rigueur qui le caractérise tant, il y a toujours là entassé, un tas de banjos de toutes sortes et de toutes les couleurs. Il y en a à quatre cordes, à six cordes… En fait, chaque chanson est jouée avec un type différent de banjo. Chacune de ses compositions a sa propre identité sonore. Encore faut-il avoir une oreille connaisseuse pour s’en rendre compte. Ce qui n’est donné qu’à quelques rares passionnés. Pour autant, tant que l’on n’a pas vu Iggout sur scène, on ne mesurera pas assez tout son savoir-faire. Toujours en bandoulière, il gratte son instrument fétiche comme pas un. Et ce, dans une extase cadencée indescriptible. Mieux encore, dans une furie vertigineusement rythmique à vous couper le souffle. À telle enseigne que l’un et l’autre – Iggout et son banjo bien entendu- finissent presque par se confondre. Pour ne plus être qu’un. Dans une ambiance vertigineuse qui transbahute hors du temps. Le nôtre. Et s’en va, tambour battant – c’est le cas de le dire-, dans un autre temps, fondamentalement, poétique, onirique, « izenzarement » magique.

Engagement ‘’ferme’’

Quid de la matière musicale à proprement parler ? Il va de soi que le banjo ne suffit pas, tout seul, à expliquer le succès d’Iggout. Et c’est le moins que l’on puisse dire. En fait, il s’est beaucoup inspiré du riche patrimoine du Souss. Il est évident qu’il en a exploité intelligemment les ressources. En fait, il s’est servi de ce que nous avons déjà. Sans succomber à la facilité en allant, bêtement, « quémander » ailleurs. De fait, il l’a « contextualisé », avec sa minutie habituelle, en lui imprimant sa propre marque.

Ainsi, comme beaucoup de musiciens de sa génération, Iggout s’est d’abord nourri, abondamment, de l’héritage des premiers groupes modernes de la scène soussie, Tabghaynuzt que l’on a déjà évoqué, Imurigen, Laqdam, et, les rways dont les plus grands et les plus célèbres ont élu domicile à Dcheira même ; mais aussi « ahwach » dans sa diversité et surtout « ajmak ». Cette unique tradition poético-chorégraphique pratiquée dans une grande partie du pays d’Achtouken. Et même au-delà, chez les Idaou Ousmlal et Idaou Baâkil, vers la région de Tafraout ; mais avec quand même quelques petites nuances. En tous les cas, Iggout, qui n’a jamais oublié ses racines, est probablement le seul à en employer les longs rythmes ! Pari plus que réussi, car le résultat est plus que probant.

D’ailleurs, si anciennes que puissent être ses odes et autres ballades, aussitôt qu’elles effleurent nos oreilles, on dirait que c’est la première fois. Elles ne vieillissent guère. Elles sont statiques, inoxydables, intemporelles. Dit plus prosaïquement, elles sont éternellement jeunes. De cette jeunesse propre aux grandes œuvres de l’humanité. Écoutez immi henna, wad itmuddun, takndawt, tixira… ! Et que dire des paroles ? Lardées de mots et armées d’expressions que la mémoire collective n’a jamais vraiment omis, et interprétées avec sa voix sublime, elles suggèrent- et ne disent pas- un nombre infini de sens ! Mieux que cela, ils sont « sens ». Car, en plus de l’immémoriale geste amazighe qu’elles charrient, elles sont telles des flèches qui titillent, taquinent, à coups de paraboles, d’allégories et de métaphores en tout genre, dans un désintéressement permanent, les plus rétifs au questionnement- et Dieu sait qu’ils sont fort nombreux chez nous. D’autant que leur côté hermétique et abscons, les disposent à une foultitude d’interprétations. Tout le monde peut y avoir ce qui l’arrange. Bien pire, et c’est franchement pathétique, même les loosers arabistes y ont vu un soutien de leurs causes moyen-orientales.

De fait, pour saisir les chants d’Iggout, les décrypter, il faut être pourvu de suffisamment de ressort pour supporter les affres d’un vrai chemin de croix. Dans son acception intellectuelle bien entendu. Car une démarche péniblement réfléchie, philosophique même, est plus qu’une impérieuse nécessité. Sans omettre qu’il est impératif d’être versé dans l’heméneutique des Amazighs. Un auditeur lambda ne pourra jamais en percevoir les signes et encore moins les messages. Ce qui est en fin de compte tout à fait normal. Il faut savoir que c’est Mohamed Hanafi - entre autres-, qui en est l’auteur : un versificateur hors pair, très discret, furieusement timide. En d’autres termes, un homme de l’ombre, artisan surdoué du verbe, tailleur génial du vers et épanneleur tatillon de la rime, qui a toujours brillé par son anonymat. Le plus total. Comme si au fond la poésie, la bonne poésie, la meilleure des poésies, ne s’accommodait jamais avec les feux de la rampe.

Envoûtement général

Que vous soyez rassuré, Iggout ne rebute absolument pas. Loin s’en faut. La preuve, à chacune de ses présentations, ce sont des milliers d’irréductibles aficionados qui se déplacent. Une fois sur scène, c’est un délire collectif. Il suffit qu’il joue les premières notes d’une chanson pour que tout le monde la reprenne. J’ai vu rarement un chanteur que l’on « dépossède » ainsi, à la hussarde, de son répertoire. À tel point que l’on l’empêche carrément de chanter. C’est vous dire. En fait, une communion magique s’installe entre lui et la marée humaine, qui lui tient, toujours, lieu de public. Une chimie permanente, comme diraient certains, s’opère entre les deux. Comme toujours, les débordements sont vite arrivés. La flegme qui caractérise tant les Soussis est vite rangée au rang des accessoires. Oubliée même. Les étrangers présents en restaient cois. Tellement ils ne croyaient pas leurs yeux.

En tous les cas, jusqu’à ce jour, heureusement d’ailleurs, aucun dégât n’est à déplorer. Comme tous les peuples dominés avides de symboles -ce qui est plus que vrai dans le cas des Amazighs-, il n’est pas rare qu’un fan très déterminé arrive par je ne sais quel subterfuge à le rejoindre. Sur scène. Pour l’embrasser. Chaleureusement. Furieusement. Rageusement. Comme on le ferait pour un grand maître. Et même pour prendre une photo. Pire, il y en a même qui lui offrent, les mains tremblant d’émotion, une petite somme d’argent. Chose qu’il refuse systématiquement. C’est normal, il est l’un des rares artistes, si ce n’est le seul dans ce Maroc pourri par la vénalité, à avoir une haute idée de son art. D’ailleurs, beaucoup pensent que s’il voulait être argenté, il l’aurait été depuis bien longtemps. Mais ce n’est pas le cas. La preuve : depuis des années, il vit très chichement, tout seul avec son berger allemand, un peu comme un anachorète des temps modernes, quelque part entre les plages de Tifnit et d’Aglou. À en croire des gens qui l’ont croisé et avec qui il a bien voulu échanger quelques mots, car il est d’un abord des plus difficiles, c’est les seuls coins au monde où il se sent vraiment dans son élément, chez lui. Parce qu’ils se prêtent, peut-être, plus à la méditation et la réflexion.

Disons que le côté marginal, anticonformiste, lunatique du personnage, lui donne carrément un halo de mystère. Sans vouloir être hyperbolique, l’on est carrément dans ce qui a de plus profond dans l’humain : l’univers des saints et des thaumaturges. D’autant plus qu’Iggout, par sa personnalité pour le moins frondeuse, par sa musique novatrice, par sa poésie impénétrable, a eu le mérite d’avoir réussi, avec sa musique, une chose d’une extrême importance : secouer, crûment quelques fois, délicatement souvent, élégamment toujours, les arcanes de l’âme amazighe et même à en saisir le sens, tout le sens, tous les sens. Un sens qui n’admet jamais, comme vous êtes censé le savoir, la compromission et la lâcheté. Espérons au moins que son message est arrivé à « bonne oreille ».

samedi, février 02, 2008

Le Dadès : un énième acte de la tragédie amazighe

Dans l’indifférence la plus totale du régime de Rabat, à cette même période de l’année dernière dans la petite localité d’Anfgou, en pleines hauteurs du Moyen Atlas, des enfants de bas âge, des femmes faibles et des vieux élimés ont péri d’un seul coup. Quelque incroyable que cela puisse être, l’on n’a pas encore déterminé la raison pour laquelle toutes ces innocentes victimes ont perdu la vie. Puisque, jusqu’à présent, aucune enquête, si petite soit-elle, n’a jamais été diligentée ; on a donc laissé libre court à toutes sortes de supputations parfois farfelues.

Encore au jour d’aujourd’hui, chacun y va avec sa petite partition en adoptant, le plus souvent, des accents emphatiques. Histoire, bien entendu, de donner à ses propos un semblant de vérité. Toujours est-il qu’il y en a qui pointent du doigt le froid intense ; d’autres mettent en accusation une épidémie inconnue- jusqu’à présent on n’a pas réussi à la nommer. Mais, en fait, peu osent évoquer la vraie raison, à savoir le Makhzen et sa terrible incurie mâtinée avec une forte dose de racisme anti-amazigh. Plus par peur de représailles que réellement par lâcheté intellectuelle. Pour l’instant, l’on va être très gentil, accordons-leur le bénéfice du doute. En attendant des jours meilleurs.

Tu demandes tes droits…

La même chose allait certainement se produire dans le Dadès, le pays du non moins célèbre patriote Assou Ou Basslam. Et comme c’était le cas avec les habitants du Moyen Atlas, nous avons affaire aussi ici à un concentré de pauvreté, de misère et d’exclusion doublée des rigueurs de la mère Nature. Mais à la différence des premiers, les Dadesois, plus sanguins et plus coriaces aussi, ne veulent en aucun rester fatalistes. À la faveur d’une politisation plus que palpable -grâce seulement et uniquement au Mouvement culturel amazigh (MCA)- et à une prise de conscience citoyenne de plus en plus affermie, les habitants savent qu’ils ont des droits et qu’ils peuvent, au moins, les revendiquer.

Ayant frappé vainement à toutes les portes et faute d’un service public digne de ce nom, ils ont décidé de faire entendre leur colère en se rassemblant, spontanément, au centre de Boumal n Dadès. Comme cela se fait ailleurs, c’est-à-dire dans les pays où la citoyenneté a un véritable sens. Mais c’est peu connaître le Makhzen qui a vu dans toute cette agitation populaire un affront irrémissible à sa dictature qui, dans le cas des Amazighs, peut facilement être assimilée à une impitoyable colonisation. D’aucuns pensent qu’il aurait certainement préféré le même scénario que celui des habitants d’Anfgou, qui se sont carrément laissés mourir. Doucement. Discrètement. Très silencieusement.

Les diabétiques " très compétents " du régime marocain ont donc agi non pas en ouvrant le dialogue avec les manifestants. Il ne manquerait plus que de discuter avec les ‘’singes’’- je ne savais pas que l’on nous appelle aussi ainsi -, comme diraient certaines de leurs " bouches " nauséabondes mais ô combien très autorisées. En fait, ils ont vite fait -en prenant soin de couper Internet à toute la grande région d’Ouarazate- de mobiliser leur arsenal répressif pour casser tout ce qui ressemble de loin ou de près à un Amazigh. À dessein bien évidemment. Si tous les Amazighs- ils se comptent par millions- réagissent comme ceux du Dadès, eux qui ont subi pendant plus de 60 ans une exclusion diaboliquement organisée, ce serait sans l’ombre d’un doute une véritable catastrophe. Rabat serait noyé en un clin d’œil sous un tsunami de revendications : culturelles, sociales, identitaires…

Tu vas " lmmouk* " en prison

Ce qui est d’ailleurs on ne peut plus vrai. Les Amazighs manquent de tout. Et ce n’est pas pour rien qu’ils sont à la tête de toutes les contestations qui traversent tout le pays. A défaut donc de les stopper, il faut les décrédibiliser. Tout de suite. Car à terme, ils deviendraient une terrible menace. D’où la fallacieuse accusation du drapeau chérifien brûlé et même du portrait du roi piétiné. Un vrai " coup de maître " dont seul les cerbères du Makhzen sont capables, car le résultat est plus que probant. Même si ce n’est vraiment pas une surprise, déjà dans les forums arabo-marocains, les réactions sont unanimement vindicatives. Florilège : brûlez ces hors-la-loi sur un bûcher, que ces séparatistes ne voient plus la lumière du jour, que ces fauteurs de trouble soient guillotinés sur la place publique, sans oublier la phrase qui tue : même les Chleuhs manifestent maintenant… Et j’en passe et des meilleures.

En d’autres termes, ce n’est pas demain la veille que les Arabes du Maroc, prompts à aboyer comme des dingues pour leurs frères palestiniens et irakiens et à brûler à souhait des drapeaux américains et israéliens- et même pour certains à faire carrément don de leurs corps sous-alimentés aux oracles enturbannés d’El-Qaida-, se rendraient compte des terribles souffrances dont sont victimes leurs " compatriotes " amazighs. Il faut dire qu’une telle situation faite d’un déni systématique les arrange très bien. En fait, ils y trouvent tout à fait leur confort. Il faut dire que c’est carrément lénitif de ne jamais voir sa propre misère, n’est-ce pas ?

Pendant ce temps-là, des dizaines de Dadesois de tous les âges, arbitrairement écroués, sont en train de moisir dans les geôles " très accueillantes " du Makhzen après avoir- comment peut-il en être autrement ?- séjourné au rayon des bons soins où exercent, avec beaucoup de zèle, des humanoïdes aux formes étrangement gendarmesques, connus pour avoir une haute idée de la dignité humaine. Après une telle ‘’catharsis’’ à la sauce arabo-makhzenienne, il doit y avoir forcément certains parmi eux qui doivent penser que la mort aurait probablement été mieux. Ne dit-on pas, en faisant légèrement violence à ce fameux dicton, qu’il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses " chorfas " ?


* C'est une insulte que tous ceux qui ont eu maille à partir avec le Makhzen connaissent très bien.