vendredi, septembre 23, 2005

Il ne fait pas bon d'être noir !

Lahsen Oulhadj
Au Maroc, qui est au demeurant un pays africain, un journal régional a qualifié de crickets noirs les clandestins sub-sahariens qui transitent dans le pays pour pouvoir mettre, au péril de leur vie, les pieds -s’ils y arrivent- dans l’autre côté de la Méditerranée, à savoir l ’Europe. Mais là, c’est encore gentil. Parce qu’il n’y a pas mort d’homme.

Mais là où ça fait vraiment mal, c’est de voir tous ces Africains " cramés " en plein milieu de Paris, car, nous dit-on, ils habitaient tous des habitations insalubres. Est-ce que ces pauvres gens n’auraient pas préféré mieux ? Certainement ! Mais est-ce qu’ils en ont les moyens dans l’une des villes les plus chères au monde ? Certainement pas !

Supposons qu’ils en ont, est-ce qu’ils trouveraient ? Ce n’est pas moins sûr. Car, et c’est tout simplement regrettable pour la ville-lumière, le racisme est bel et bien une réalité très ancrée dans la culture française. Si vous avez un nom à consonance étrangère - plus précisément africaine ou musulmane-, il ne faut même pas rêver d’avoir un logement décent. Vous n’avez nullement intérêt à être noir et en même temps pauvre. Car là vous fermez toutes les portes de sorties et même de secours.

Autre lieu, autre contient. Aux États-Unis plus précisément. C’est exactement le même scénario de souffrance qui se répète. Là aussi, des masses majoritairement noires laissées sans aucune assistance, paradoxalement dans le pays le plus puissant au monde, après le passage du terrible ouragan, affabulé bizarrement d’un doux prénom féminin, Katrina. Mais bon sang, pour quelles raisons étaient-ils restées alors qu’ils avaient été prévenus, se demanderait n’importe quel crédule. Parcequ’ils n’ont pas où aller, parce qu’ils sont très pauvres . Pas d’argent, pas de voitures ; donc impossible d’aller ailleurs.

Il faut savoir qu’aux États- Unis, les plus mal lotis sont les noirs. Ils vivotent majoritairement en bas de l’échelle sociale. Une situation terrible que les politiques anti-sociales des conservateurs au pouvoir n’ont fait qu’empirer.
C’est ainsi, les Noirs vivent partout des situations très difficiles, que ce soit chez eux en Afrique et même en Occident. Quelque chose doit être fait pour ce peuple qui n’a que trop souffert –l ’esclavage, le colonialisme, la dictature- et qui continue malheureusement à souffrir.

vendredi, septembre 16, 2005

Sur la télévision de Pierre Bourdieu

Lahsen Oulhadj

Compte rendu de Sur la télévision de Pierre Bourdieu.

Par ce livre, exceptionnellement de petit format et d’un accès facile, Pierre Bourdieu a essayé de révéler, non seulement à son auditoire restreint du collège de France, mais aussi à un public plus large, les mécanismes cachés qui régissent le monde de la télévision.

Il a beaucoup dénoncé la censure invisible pratiquée par la télévision. Il faut dire qu’elle est pourvue, comme l’a démontré l’auteur, d’un système de censure très sophistiqué inhérent à sa nature, aux pressions économiques et politiques dont elle fait systématiquement l’objet. À la télévision, on ne montre pas tout, sauf si cela va intéresser le plus grand nombre. La logique de l’audimat est très déterminante.

P. Bourdieu a aussi décoché quelques flèches aux intellectuels, ou se pensant comme tels, férus de passages successifs à la télévision. De toute évidence, pour eux, le but ultime c’est de " voir et d'être vus ". Quant à leur pensée, elle est " jetable " parce que produite dans l’urgence. Et leurs débats sont loin d’être vrais…

Si Bourdieu est par moment très acerbe, c’est qu’il est contre le mélange des genres. Selon lui, le risque, à terme, est que le champ scientifique perde son autonomie sous les coups de boutoir de la logique commerciale qui sévit dans l’espace médiatique. Son cauchemar, c’est de voir un jour un sociologue parler au nom de la sociologie.

Cependant, les reproches qu’on peut faire à P. Bourdieu ne sont pas très nombreux. Tout d’abord, le manque d’exemples concrets pour étayer ses quelques affirmations abstraites. Ensuite, le refus d’évoquer, fût-ce en quelques mots, les avantages de la télévision. Enfin, le côté pamphlétaire de son ouvrage qui risque de rebuter surtout ceux qui sont habitués à sa légendaire rigueur scientifique. Par conséquent, le lecteur peut facilement avoir l’impression, en lisant cet opuscule, que c’est plus un règlement de compte qu'autre chose. D'ailleurs, tout le monde sait que les rapports entre P. Bourdieu et les médias étaient très conflictuels.

lundi, septembre 12, 2005

Chirac le démocrate

Lahsen Oulhadj
Lors des préparations des Anglo-américaines de la guerre en Irak, Chirac, par sa position courageuse, a eu de par le monde engrangé un capital de sympathie considérable. Mais avec le temps, ce capital tend à s’étioler. Car Chirac n’a que mépris pour la démocratie surtout si les intérêts de son pays sont en jeu. Il l’a montré à plusieurs reprises.

Lors du dernier déplacement du nouveau président chinois en France, Hu Jintao, Chirac lui a offert tous les fastes de la république. Ce qui est tout à fait normal, vu que la Chine est un grand pays. Mais ce qui ne l’est pas, c’est tout le discours qui a accompagné cette visite officielle. J’ai trouvé très choquant l’extrême timidité avec laquelle le président français a évoqué la question des libertés dans ce pays. Sa vague allusion aux droits de l’homme assortie "de l’assurance que le régime chinois va dans leur affermissement " n ‘est absolument pas digne d’un président d’un grand pays démocratique, la France. On aurait aimé que Chirac mette le doigt sur quelques sujets brûlants : l’inexistence de la liberté d’expression, l’impossibilité de créer des associations ou des partis politiques, la peine de mort encore largement pratiquée, le Tibet qui a été simplement annexé, etc. Autrement dit, la Chine est une dictature léniniste dirigée par un parti-État, qui a obtenu de très bons résultats économiques certes, mais dont les pratiques sont arbitraires voire totalitaires.

En outre, Chirac a surpris tout le monde par des propos très virulents tenus contre Taiwan, qui compte organiser, le 20 mars prochain, une consultation référendaire de ces citoyens sur l’attitude à adopter face à la menace chinoise sur l’île. De fait, Chirac, par ses déclarations condamnant les initiatives d’une petite démocratie, donne le feu vert à une puissance brutale et surarmée de décider contre elle des représailles au moment où elle le voulait.

Bien pire, la France lève en même moment l’embargo sur la vente d’armes à la Chine décidée par la communauté européenne depuis le massacre de Tien An Men en 1988. Surtout que l’on sait tous que la Chine ne fait pas mystère de ses intentions : elle va utiliser à coup sûr les Mirages français qu’elle compte se procurer pour une éventuelle agression de Taiwan. Car, elle a toujours évité de renoncer publiquement d’utiliser la force contre la petite île. Pourquoi le président français n’a pas au moins exigé que la vente des armes françaises soit subordonnée à un engagement dans ce sens ? Là aussi, les intérêts purement économiques expliquent tout.

Déjà lors de sa visite en Tunisie en décembre 2003, Chirac n’a pas hésité à prendre fait est cause pour le régime très répressif du président Ben Ali. Il a avait fait une déclaration mémorable sans aucun respect aux militants tunisiens des droits de l’homme en grève de la faim : "le premier droit de l'homme, c'est de manger, d'être soigné, de recevoir une éducation, d'avoir un habitat " en ajoutant que "la Tunisie est très en avance sur beaucoup, beaucoup de pays. "
Une façon de soutenir le régime en place, et, de dire que les Tunisiens, et au-delà tous les Nord Africains, peuvent s’estimer heureux si déjà ils ont quelque chose à se mettre sous la dent. La démocratie en quelque sorte est un luxe que seul les Occidentaux peuvent se permettre. Drôle conception de la démocratie ! Ce qui a choqué tous les démocrates d’Afrique du Nord. Mais c’est mal connaître Chirac qui a dit en 1990 que "le multipartisme est un luxe que les pays en développement n’ont pas les moyens de s’offrir. "

En juin 2003, et dans un pays qui n’a pas brillé non plus par ses acquis démocratiques, la Russie, Chirac alors qu’il inaugurait avec le président Poutine, une académie polaire à Saint-Pétersburg, a eu cette déclaration : " cette initiative met la Russie au rang des démocraties pour le respect dû au peuple premier, pour le dialogue des cultures et tout simplement pour le respect pour l’autre ". Les massacres perpétrés par le régime Poutine en Tchétchénie sont allègrement passés sous silence. Là aussi, la France a signé un accord de "partenariat stratégique " avec la Russie . Autrement dit, les intérêts passent avant tout autre chose.

Il est regrettable de constater que les principes démocratiques qui ont présidé à la fondation de la France, sont sacrifiés sur l’autel des intérêts purement économiques. Mais ce n’est pas nouveau, loin s’en faut. Un certain De Gaulle, dont Chirac se dit un digne successeur, avait affirmé un jour que : " la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts ". Voilà pour ceux qui se font encore des illusions sur la droite française.