dimanche, janvier 30, 2011

L'hypocrisie occidentale révélée au grand jour

Après la Tunisie, c’est décidément le tour de l’Égypte. Si le premier pays ne compte pas beaucoup sur l’échiquier politique international, le deuxième est beaucoup plus important. D’où l’extrême gravité de ce qui s’y passe actuellement. En fait, les Égyptiens, et cela se voit dans leurs manifestations, ne veulent rien de moins que le départ de leur dictateur honni. Ils veulent en finir, définitivement, avec un régime qui ne leur a apporté rien de bon. Et ils sont libres de le faire.

Cependant, ce qui est tout simplement risible et vraiment pathétique, c’est l’attitude des pays occidentaux. Nous avons vu la France qui a proposé, toute honte bue, son aide policière au dictateur tunisien déchu. Et ce, bien évidemment pour le maintenir coûte que coûte au pouvoir et empêcher les millions de Tunisiens de s’en débarrasser. On connaît tous la suite des événements. En fait, la prétendue patrie des droits de l’homme s’est ridiculisée bêtement et toute seule.

À peu près la même chose se répète actuellement avec l’Égypte. Et ce sont les Américains qui en jouent les premiers rôles. Ce qui est normal, l’Égypte entre dans le cadre de leur zone d’influence. En effet, j’ai vu le président Obama affirmer, devant la presse, qu’il a appelé, personnellement, Housni Moubarak pour exiger de lui qu’il fasse des réformes politiques. Immédiatement et tout de suite. Ce n’est vraiment pas une attitude sérieuse.

Est-ce maintenant que l’Égypte est à feu et à sang qu’il faut parler de réformes politiques ? Où étaient les Américains ces derniers 30 ans où Moubarak était confortablement installé au pouvoir ? N’étaient-ils pas au courant que toutes les élections qui ont eu lieu dans ce pays étaient truquées ? Ne savaient-ils pas que la majorité des Égyptiens vivaient en dessous du seuil de pauvreté ? Arrêtons là les questions...

En réalité, les Américains sont très bien informés de la situation catastrophique en Égypte. Mais tant que le régime de Moubarak appliquait leurs politiques dans cette région explosive du Moyen Orient, ils faisaient un « blind eye » sur sa gestion tyrannique et chaotique des affaires internes de son pays. Résultat : la majorité des 80 millions d’Égyptiens vivotaient et vivotent dans la précarité la plus totale. Et celui qui ose l’ouvrir est coffré immédiatement. Pour quasiment être oublié dans les geôles du régime.

Que pouvons retenir de ces deux cas tunisien et égyptien ? En fait, la légitimité politique de tous les régimes arabes vient essentiellement de... l’Occident. Pas plus, pas moins. Pour dire les choses plus trivialement, les présidents et les rois arabes sont simplement de vulgaires fonctionnaires, parfois extrêmement dévoués, de leurs maîtres américains et européens. D’ailleurs, et c’est vraiment révélateur, l’argument de l’administration américaine pour que Moubarak obtempère à ses ordres est la remise en question de son aide annuelle de 1,3 milliard de dollars. C’est vraiment l’illustration parfaite du rapport traditionnel entre n’importe quel employeur et son employé. En plus, dans un pays du Tiers -monde. Horripilant, n’est-ce pas ?

samedi, janvier 15, 2011

Que les Tunisiens soient vigilants !

L’Afrique du Nord a vécu ces derniers jours des moments mémorables que peu de gens vont oublier de si tôt. Comme vous l’avez vu ou entendu dans les médias, l’incroyable colère des Tunisiens a eu, finalement, raison du très long pouvoir du dictateur Ben Ali. Il s’est sauvé comme un vulgaire malfrat. Direction, l’Arabie Saoudite qui a bien voulu lui donner l’hospitalité après que ses amis français ont refusé, sèchement, de l’accueillir sur leur territoire.

Et justement, en parlant de la France, il faut savoir que les tyrans arabes qui s’accaparent le pouvoir, tous les pouvoirs, en Afrique du Nord tirent leur légitimité non pas d’une quelconque élection démocratique ou même pseudo démocratique, mais juste d’une seule et unique chose : le soutien indéfectible de la France - voire de l’Occident d’une manière générale. Le jour où celle-ci remet en question cette politique indigne, il est plus que certain qu’ils vont tous tomber, l’un après l’autre. Le lâchage de Ben Ali est-il un début ? Nul ne le sait. Passons !

Maintenant que les Tunisiens se sont débarrassés, enfin, de leur président à vie, que peut bien leur cacher l’avenir ? Parce que c’est cela, pour le moment, la grande question. La première des choses, c’est qu’aucune alternative politique crédible n’est disponible. Et ce n’est pas vraiment un hasard. Car, comme tout dictateur arabe qui se respecte, Ben Ali a fait des efforts formidables pour créer du vide autour de lui. Par voie de conséquence, aucun mouvement politique ne peut prétendre parler au nom des Tunisiens. En fait, nous avons là un vrai désert politique aussi immense que celui de l'Arabie - que Ben Ali s'est choisi comme destination finale. Et c’est extrêmement dangereux.

Reconnaissons qu’il y a quand même ici et là des opposants très actifs, mais ils n’ont aucune assise populaire. Plus grave encore, et il ne faut pas être aveugle pour le voir, les régimes arabes voisins voient d’un très mauvais œil le cas tunisien. Car ils ne sont pas mieux que le régime de Ben Ali. Ils sont même pires. Pour tout vous dire, je n’exclurai pas le fait qu’ils fassent tout pour perturber et même empêcher toute transition pacifique à Tunis. Car la logistique est déjà fin prête : l’argent et les terroristes à gogo. Ça ne m’étonnerait nullement que la petite Tunisie devienne un immense champ de guerre.

Il ne faut pas non plus omettre le rôle trouble de l’Occident- la France en particulier, parce que c’est sa zone d’influence. Pensez-vous qu’en ce moment du côté de l’Élysée c’est la joie après le départ précipité de Ben Ali ? Je ne pense pas. Car la France a toujours eu à cœur la stabilité dans le flanc sud de la Méditerranée. Un euphémisme pour désigner les dictatures implacables et impitoyables dans cette partie du monde.

Et les dégâts qu’elles peuvent engendrer ? On s’en fout comme de l’an quarante. Tant qu’elles maintiennent avec une main de fer leurs nombreuses populaces, tout va pour le mieux. En tous les cas, aux yeux de l'establishment français, la démocratie, le respect, la dignité..., ce n’est pas vraiment pour les Nord Africains. Il faut juste qu’ils aient du pain à manger-dixit Chirac. Mais le pire, c’est que même le pain, ils n’en ont plus. Marrant, n'est-ce pas ?