Belkacem Ihijaten, le très talentueux poète kabyle a
encore frappé un grand coup avec son recueil, Uḍhir Uffir (À travers la brume). Et c’est le moins que l’on puisse
dire. Publié chez l’Harmattan, il y a quelques temps déjà, il se lit d’une
seule traite. Tellement il est élégamment simple ! Dans le sens positif du
terme bien naturellement. Ne dit-on pas que faire simple est on ne peut plus
difficile et ardu ?
En tous les cas, à titre personnel, j’ai beaucoup aimé
cette œuvre de M. Belkacem. Car elle m’interpelle à plus d’un titre. De par les
sujets qui y sont traités, mais aussi de par cette conscience identitaire
kabylo-amazighe qui la traverse d’un bout à l’autre. Je dirais même qu’elle en
est l’ossature plus que visible. Ce à
quoi je suis bien sûr très sensible, car je suis moi-même amazigh.
Les poèmes ont tous la même forme : des strophes
de neufs vers ou des neuvains. Ils sont comme des impressions poétiques
produites par une inspiration fortuite que le poète griffonne, de son aveu
même, sur un morceau de papier pour ne pas les oublier. Au fur et à mesure une
œuvre tout entière se met en place. Il ne reste qu’à relire le tout pour le
publier. M. Ihijaten est ainsi et restera probablement toujours ainsi : un
poète de l’instant et de l’immédiat par excellence.
Quid des sujets traités dans ses poèmes ? On y trouve du
tout. Mais son pays y est une obsession permanente. En commençant par son
village natal, Gendoul. Ensuite, la Kabylie qui
a une place de choix dans ses écrits. Et enfin, l’Algérie, cette grosse
entité politique en plein milieu de l’Afrique du Nord qui englobe tout ce beau
monde.
Quant au style, je ne vous le cache pas : par
moment, il est par trop déroutant. Même si à titre personnel, j’y trouve bien
évidemment les accents de la légende poétique amazighe, Ssi Mohand Ou Mohand. Ce
qui est tout à fait normal. Ses poèmes ont bercé de bout en bout toute la vie
de l’auteur. Comme tout Kabyle qui se
respecte.
Mais, chose étrange,
par moment, le ton général me rappelle non pas celui d’un poète
quelconque, mais précisément celui d’un écrivain bien connu, je veux parler de Nietzsche,
particulièrement dans son œuvre magistrale, Ainsi
parlait Zarathoustra. Ce qui donne aux textes de M. Ihijaten une aura très
joliment spéciale et particulière, si je peux dire les choses ainsi.
Pour davantage rendre accessible son texte aux
lecteurs non-amazighophones, M. Ihijaten a tenu à ce que ses poèmes soient tous
traduits dans un français plus que châtié qui révèle, à mon humble avis, l’essentiel
de sa magie poétique. Comme quoi, chers lecteurs, vous n’avez plus aucune
excuse d’aller vous procurer, illico
presto, le recueil et le lire ! Je suis sûr et certain que vous n’allez jamais
le regretter.
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