Consciemment
ou inconsciemment, l'agitateur d'idées bien connu, Ahmed Aassid, toujours lui,
a encore frappé un gros coup. Il a été à l'origine d'un débat pour le moins
salutaire parce que considéré jusqu’à récemment comme un vrai tabou. Les Arabes
sont-ils des colonialistes ou non ? En d'autres termes, les Amazighs sont-ils
des colonisés ou pas ? J'ai survolé presque tout ce qui a été écrit en réaction
aux propos- même les commentaires des lecteurs ne m'ont pas échappé- de M. Aassid
sur l’arrivée des Arabes au Maroc et même en Afrique du Nord. Tous ont discuté,
avec force détails d'ailleurs, cette période historique pour le moins trouble.
D'aucuns
doivent certainement trouver cet effort de recherche historique on ne peut plus
intéressant. Mais c’est quoi exactement son utilité surtout actuellement ? Est-ce
que, en toute objectivité, savoir que les Arabes se sont installés
pacifiquement ou pas au Maroc – et en Afrique du Nord d’une manière générale-
va changer quoi que ce soit à la situation dramatique et tragique des Amazighs
? Absolument pas du tout. Le plus important, c'est que ces mêmes Arabes sont là
et qu'ils ont tous les pouvoirs politiques et économiques. Et les Amazighs ?
Ils n'ont absolument rien. Si, si, ils ont de très grands yeux qui leur servent
à pleurer leur pays où ils sont devenus de vrais étrangers. Voilà leur terrible
situation que certains des leurs se démènent comme des petits diables à ne pas
voir ou à passer sous silence.
Si donc
les autochtones amazighs n'ont absolument rien, c'est qu'il y a un problème, un
sérieux problème. Car ils sont simplement dépossédés de leur pays, de leur
histoire, de leur culture... En toute logique, la déduction que l’on peut tirer
de ce constat c’est qu’ils ne peuvent être que colonisés. D'ailleurs, à moins
d'être frappé d'une cécité chronique, les massacres, les exactions, les
humiliations et les racismes en tout genre dans ils sont quotidiennement et systématiquement
victimes le prouvent amplement.
Comme
toujours, certains ne manqueraient pas à s’opposer à cet état des lieux malgré
son évidence plus que claire. Puisque c’est ainsi, qu’ils daignent répondre à ces
simples interrogations ! Est-ce qu'un peuple libre quémande sa propre
reconnaissance et celle de sa culture dans son propre pays, sur sa propre
terre, depuis des milliers d'années ? Est-ce que l'on interdit, si bizarre que
puisse être cette situation, à un peuple libre l'usage de sa propre langue dans
l'administration, l'école et dans les médias ? Est-ce que l'on bannit le plus
simplement et le plus normalement du monde les prénoms de ce même peuple libre
? Est-ce que l'on exproprie, sans aucune base juridique légale, de ses terres
ancestrales ce même peuple que l'on dit libre- même les impérialises français
n’ont pas osé aller plus loin ? Est-ce qu'on le dépossède impitoyablement de
ses énormes richesses naturelles (allez voir les gens de Tafraout, Imider ,
Bouazar, Imini... !) ? Est-ce que l'on arabise à tout va ses toponymes vieux comme le
monde ? Que l'on arrête parce que la liste est longue, très longue !
Malgré
cette longue litanie d’injustices, certains vont encore justifier l’injusitifiable
en disant que nous vivons, tous, sous un régime dictatorial, corrompu et
raciste et que même les Arabes vivent les mêmes situations. Soit. Mais
avez-vous déjà entendu un seul Arabe se plaindre parce que l'on parle que le
tamazight dans l'administration, les médias et l'école ? Avez-vous déjà eu vent
d’un seul cas de prénom arabe interdit par le Makhzen ? Avez-vous déjà vu un seul
Arabe se faire humilier en public parce qu'il ne parle pas la langue amazighe -la
députée et la chanteuse bien connue, Fatima Tabaâmarante, en a eu ce privilège
au parlement du Makhzen ? Présente-t-on sur la scène internationale le pays de
ces mêmes Arabes comme un pays uniquement amazigh- c’est ce qu’il est en
réalité ? Se font-ils, en guise de provocation, appeler systématiquement des
Amazighs habitant le Tamazgha ? Absolument pas. Rien de cela n'existe bien
naturellement.
Pire, un
peu plus au sud, les terroristes arabes du Polisario disent à qui veut les
entendre qu'ils sont colonisés par d'autres Arabes, le Makhzen et ses sbires,
aidés en cela à coup de milliards de dollars par les Arabes galonnés d’Algérie.
Même si cela relève du burlesque le plus pitoyable que seuls les Arabes savent
très bien produire, pas plus qu'il y a quelques jours, le président Bouteflika,
qui est littéralement à l’article de la mort, a trouvé la force pour écrire une
très longue missive de doléance pour vilipender, violemment, le régime de
Rabat. Et ce, pour ameuter la planète entière contre lui, car, apparemment, il
ne respecte pas les droits de l'homme arabe au Sahara occidental- comme si
l’Algérie qu’il est censé gouverner est la Suède ou la Suisse. Si donc certains
Arabes, venus d'Arabie, quelque 6000 km vers l’est que ce soit dit en passant,
affirment, le plus fièrement du monde, sans avoir froid aux yeux, qu'ils sont
colonisés par d'autres Arabes en Afrique du Nord, que dire alors des
autochtones amazighs qui ne sont venus de nulle part, qui étaient toujours là,
depuis la nuit des temps ?
Comme
toujours, malgré la clarté et la logique implacables de ce qui vient d’être dit
précédemment, les habituels tenants de la mauvaise foi vont bien naturellement
balayer, promptement, d’un revers de la main l'idée que les Amazighs sont bel
et bien colonisés. Mais la réalité dramatique et catastrophique de ces derniers
les désavoue plus que violemment. Qu'ils se plaisent éternellement donc dans
leur dénégation ! Car, apparemment, c’est tellement extatique d’être aveugle,
sourd et muet dans le pays colonisé par les tentaculaires mafias rapaces du
Makhzen arabe.