Beaucoup de gens se sont emballés en entendant que la reconnaissance de la langue amazighe est effective. Au vu de la constitution circulant sur Internet (même si certains affirment qu’elle n’est pas la version définitive), ils risquent d’avoir une vraie douche froide. Qu’ils lisent le préambule en arabe de la dite nouvelle ! En fait, c'est une vraie bizarrerie linguistique nullement digne de rédacteurs sains d’esprit et à plus forte raison de vrais constitutionnalistes. Car, en fait, elle n'officialise aucunement la langue amazighe, comme on l’a entendu ici et là. Loin s’en faut.
J'ai donc quelques remarques :
1- La seule langue officielle du Maroc reste encore et toujours l'arabe. La preuve, la formule ''langue officielle'' en arabe est au singulier alors que normalement elle doit être « au » duel (المثنى). On se demande presque que fait la langue amazighe dans cette phrase pour le moins bizarroïde. Je pense même qu'elle est de trop. Pire, c'est carrément une grossière faute grammaticale. Pour la logique et le bon sens n’en parlons même pas. Comme quoi l’on peut se permettre de massacrer allégrement la langue arabe, qui est censée être sacrée pour certains, juste pour ne pas officialiser, clairement et ouvertement, la langue amazighe.
2- Les Amazighs ont toujours exigé l’égalité des cultures au Maroc. Mais que fait la nouvelle constitution ? Elle fait littéralement le contraire et d’une manière abjecte, ignoble et condamnable. En vérité, elle renforce l’inégalité plutôt dans le sens où elle confirme la supériorité indiscutable des Arabes et de leur culture et maintient, en même temps, les Amazighs dans une position inférieure. Celle bien naturellement des esclaves et des serfs. Bref, au lieu d’une constitution réellement démocratique et moderniste, nous avons eu droit à une constitution raciste et fasciste. En d’autres termes, on n’est pas près de sortir de l’auberge.
3-Plus grave encore, les rédacteurs nous mettent bien malgré nous dans leur Maghreb dit arabe. Et je pense que c’est fait à dessein. Je dirais même que la culpabilité explique parfois beaucoup de choses. En fait, il faut bien se racheter après avoir juste évoqué précédemment, et d’une manière des plus timides, des plus ambiguës et des plus absconses, cette langue « indigne » et « honteuse », le tamazight. Fidèle donc à son anti-amazighisme viscéral et historique, le makhzen a montré, une nouvelle fois, son vrai visage hideusement amazighophobe.
Pour conclure, cette énième constitution est encore une fois, comme les précédentes, un non-événement. Que les Amazighs continuent donc à être des étrangers sur leur propre terre... !
Aucun commentaire:
Publier un commentaire