Il y a 11 ans, à la succession de Mohamed VI a son père, beaucoup lui ont suggéré de suivre l’exemple espagnol et mettre en place, sans trop tarder, une véritable monarchie parlementaire où le roi règne, mais ne gouverne pas. C’est ce qu’il ne fallait pas faire, car on a eu droit à une levée de bouclier hystérique de tous les makhzeniens du monde pour refuser catégoriquement et totalement cette option. Leur argument qu’il répétait à souhait, c’était que le Maroc a ses propres spécificités. Comprenez que c’est un pays arabo-islamique et qu’il ne doit en aucun cas être considéré autre que cela. En d’autres termes, la situation telle qu’elle est la meilleure qui puisse lui arriver. En fait, passons, il n’y a absolument rien à y changer.
Avec le vent chaud des révolutions pacifiques qui balaient, actuellement, toute l’Afrique du Nord, on voit se profiler, sous nos yeux, le même scénario. Encore une fois, on invoque les spécificités extrêmement particulières du Maroc. En fait, les tenants, fort nombreux, de cette intenable posture s’efforcent de nous expliquer, parfois doctement, que le pays n’a absolument rien à voir la Tunisie et l’Égypte, mais sans apporter aucun argument tangible. Car tout simplement ils n’en ont pas. En vérité, ils nous ont jamais expliqué les différences, s’ils existent, entre ces deux pays et le Maroc.
En tous les cas, ils ne peuvent plus invoquer, à moins d’être la risée du monde entier, le caractère arabo-islamique unique du Maroc pour s’enfermer, ad vitam aeternam, dans un status quo désespérant. Car la Tunisie et l’Égypte, qui ont viré successivement leurs dictateurs, sont plus arabo-islamiques que le Maroc. On peut même dire que les problèmes qui ont provoqué les révolutions dans ces deux pays existent s’ils ne se sont pas accentués au Maroc.
En plus de corruption, de népotisme, de gabegie, de mauvaise gouvernance, de clientélisme, de chômage massif de la jeunesse.... Dans le cas du Maroc, il faut ajouter le régionalisme exacerbé, l’ethnicisme arabo-andalous, le racisme institutionnel anti-amazigh, l’exclusion de millions d’Amazighs... Pire, le pays, ce qui n’est nullement le cas de l’Égypte et de la Tunisie, fait face, depuis trois décennies, à un mouvement sécessionniste armé jusqu’aux dents, le Polisario, soutenu à coup de milliards de dollars par l’Algérie voisine et même, selon ses intérêts, par la droite espagnole.
En fait, il faut vraiment se rendre à l’évidence et arrêter de prendre les vessies pour des lanternes. La situation du Maroc est dangereusement explosive. Mais que faut-il donc faire ? L’attentisme est-il encore tenable ? Le cousin du roi, le prince Hicham, a suggéré qu’il faut une évolution du régime vers une monarchie parlementaire. Soit. Mais est-ce que réellement le Makhzen est réformable ? Je n’en suis vraiment pas sûr. Car ses structures sont extrêmement anciennes. Vouloir les changer, c’est remettre en question, directement, des intérêts bien ancrés de plusieurs segments puissants au sein du système. Laisseraient-ils facilement faire ? Ça m’étonnerait vraiment.
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