Des généraux de l’armée mauritanienne, courroucés par la décision de leur président de les limoger, ont organisé le plus simplement du monde un coup d’État pour le destituer. Ainsi, ce que d’aucuns qualifient d’une expérience des plus uniques dans une région sinistrée- l’Afrique du Nord-, parce que gouvernée ad vitam aeternam par d’impitoyables dictatures, n’aura pas duré longtemps. Tout juste quelques mois. Certains pince-sans-rire diront que c’est déjà beaucoup. Et, hélas, ils ont bien raison. Pourquoi ? Continuez la lecture pour connaître la réponse !
La Mauritanie, une création ex nihilo de l’ex-puissance coloniale française, un temps revendiquée par le Maroc, charrie énormément de tares et autant d’imperfections. La notion même d’État, au sens où l’on entend en Occident, y est aussi volatile que le sable de son immense désert. D’ailleurs, ce pays a une très longue histoire avec les coups d’État, parfois d’une violence extrême. Avec ce dernier, et sans vouloir être sarcastique, il n’a fait que renouer avec une longue, très longue tradition.
La Mauritanie – qui est en fait le nom antique du Nord du Maroc- est l’un des pays les plus pauvres de la planète. Des famines y sont monnaie courante. Si ce n’était la sollicitude de la communauté internationale, beaucoup de ses habitants seraient déjà morts depuis longtemps. Les seules richesses du pays se résument à deux choses : la pêche et le fer. Le pétrole y a été découvert récemment, mais il faut peut-être attendre longtemps avant que son exploitation soit effective. En attendant, on joue à souhait aux mendiants sur la scène internationale.
La Mauritanie est aussi minée par le tribalisme. L’appartenance tribale y est toujours prépondérante, si ce n’est carrément déterminante. Autant dire que l’allégeance à l’État central y est une abstraction. Et ce n’est pas fini. Il faut savoir que l’esclavage, dont sont victimes les Noirs, y était aussi une pratique courante. Il n’a été aboli par la force de la loi que récemment, en raison principalement de la pression internationale. Mais il ne faut pas se faire d’illusions, c’est encore une pratique sociale largement répandue.
En fait, il faut bien se rendre à l’évidence, la démocratie mauritanienne est quasiment une incongruité. Parce que ni le pays lui-même avec tous ses défauts, ni son contexte régional ne lui permettent de le rester plus longtemps. Pensez-vous que tous les tyrans autour voient l’expérience de ce pays d’un bon œil ? Je n’en suis vraiment pas sûr. D’ailleurs, si étonnant que cela puisse être, le premier chef d’État à dépêcher un émissaire à Nouakchott est un modèle de « démocratie » et du « respect des droits de l’homme » : le tristement célèbre dictateur libyen, Kadhafi. C’est vous dire.
Pour conclure, disons que la démocratie, pour ne pas être une notion galvaudée, comme c’est le cas dans les autres pays nord-africains, exige avant tout un État. Et pas n’importe quel État. Un véritable État dans lequel se reconnaissent massivement les citoyens. Sans oublier qu’il faut impérativement un certain niveau de vie, une culture, une histoire… Aucun des autres pays nord-africain autrement plus riches n’ont encore atteint ce niveau et a fortiori la pauvre Mauritanie.
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