dimanche, novembre 10, 2013

Et alors, colonisés ou pas ?


Consciemment ou inconsciemment, l'agitateur d'idées bien connu, Ahmed Aassid, toujours lui, a encore frappé un gros coup. Il a été à l'origine d'un débat pour le moins salutaire parce que considéré jusqu’à récemment comme un vrai tabou. Les Arabes sont-ils des colonialistes ou non ? En d'autres termes, les Amazighs sont-ils des colonisés ou pas ? J'ai survolé presque tout ce qui a été écrit en réaction aux propos- même les commentaires des lecteurs ne m'ont pas échappé- de M. Aassid sur l’arrivée des Arabes au Maroc et même en Afrique du Nord. Tous ont discuté, avec force détails d'ailleurs, cette période historique pour le moins trouble.

D'aucuns doivent certainement trouver cet effort de recherche historique on ne peut plus intéressant. Mais c’est quoi exactement son utilité surtout actuellement ? Est-ce que, en toute objectivité, savoir que les Arabes se sont installés pacifiquement ou pas au Maroc – et en Afrique du Nord d’une manière générale- va changer quoi que ce soit à la situation dramatique et tragique des Amazighs ? Absolument pas du tout. Le plus important, c'est que ces mêmes Arabes sont là et qu'ils ont tous les pouvoirs politiques et économiques. Et les Amazighs ? Ils n'ont absolument rien. Si, si, ils ont de très grands yeux qui leur servent à pleurer leur pays où ils sont devenus de vrais étrangers. Voilà leur terrible situation que certains des leurs se démènent comme des petits diables à ne pas voir ou à passer sous silence.

Si donc les autochtones amazighs n'ont absolument rien, c'est qu'il y a un problème, un sérieux problème. Car ils sont simplement dépossédés de leur pays, de leur histoire, de leur culture... En toute logique, la déduction que l’on peut tirer de ce constat c’est qu’ils ne peuvent être que colonisés. D'ailleurs, à moins d'être frappé d'une cécité chronique, les massacres, les exactions, les humiliations et les racismes en tout genre dans ils sont quotidiennement et systématiquement victimes le prouvent amplement.

Comme toujours, certains ne manqueraient pas à s’opposer à cet état des lieux malgré son évidence plus que claire. Puisque c’est ainsi, qu’ils daignent répondre à ces simples interrogations ! Est-ce qu'un peuple libre quémande sa propre reconnaissance et celle de sa culture dans son propre pays, sur sa propre terre, depuis des milliers d'années ? Est-ce que l'on interdit, si bizarre que puisse être cette situation, à un peuple libre l'usage de sa propre langue dans l'administration, l'école et dans les médias ? Est-ce que l'on bannit le plus simplement et le plus normalement du monde les prénoms de ce même peuple libre ? Est-ce que l'on exproprie, sans aucune base juridique légale, de ses terres ancestrales ce même peuple que l'on dit libre- même les impérialises français n’ont pas osé aller plus loin ? Est-ce qu'on le dépossède impitoyablement de ses énormes richesses naturelles (allez voir les gens de Tafraout, Imider , Bouazar, Imini... !) ? Est-ce que l'on arabise à tout va ses toponymes vieux comme le monde ? Que l'on arrête parce que la liste est longue, très longue !

Malgré cette longue litanie d’injustices, certains vont encore justifier l’injusitifiable en disant que nous vivons, tous, sous un régime dictatorial, corrompu et raciste et que même les Arabes vivent les mêmes situations. Soit. Mais avez-vous déjà entendu un seul Arabe se plaindre parce que l'on parle que le tamazight dans l'administration, les médias et l'école ? Avez-vous déjà eu vent d’un seul cas de prénom arabe interdit par le Makhzen ? Avez-vous déjà vu un seul Arabe se faire humilier en public parce qu'il ne parle pas la langue amazighe -la députée et la chanteuse bien connue, Fatima Tabaâmarante, en a eu ce privilège au parlement du Makhzen ? Présente-t-on sur la scène internationale le pays de ces mêmes Arabes comme un pays uniquement amazigh- c’est ce qu’il est en réalité ? Se font-ils, en guise de provocation, appeler systématiquement des Amazighs habitant le Tamazgha ? Absolument pas. Rien de cela n'existe bien naturellement.

Pire, un peu plus au sud, les terroristes arabes du Polisario disent à qui veut les entendre qu'ils sont colonisés par d'autres Arabes, le Makhzen et ses sbires, aidés en cela à coup de milliards de dollars par les Arabes galonnés d’Algérie. Même si cela relève du burlesque le plus pitoyable que seuls les Arabes savent très bien produire, pas plus qu'il y a quelques jours, le président Bouteflika, qui est littéralement à l’article de la mort, a trouvé la force pour écrire une très longue missive de doléance pour vilipender, violemment, le régime de Rabat. Et ce, pour ameuter la planète entière contre lui, car, apparemment, il ne respecte pas les droits de l'homme arabe au Sahara occidental- comme si l’Algérie qu’il est censé gouverner est la Suède ou la Suisse. Si donc certains Arabes, venus d'Arabie, quelque 6000 km vers l’est que ce soit dit en passant, affirment, le plus fièrement du monde, sans avoir froid aux yeux, qu'ils sont colonisés par d'autres Arabes en Afrique du Nord, que dire alors des autochtones amazighs qui ne sont venus de nulle part, qui étaient toujours là, depuis la nuit des temps ?

Comme toujours, malgré la clarté et la logique implacables de ce qui vient d’être dit précédemment, les habituels tenants de la mauvaise foi vont bien naturellement balayer, promptement, d’un revers de la main l'idée que les Amazighs sont bel et bien colonisés. Mais la réalité dramatique et catastrophique de ces derniers les désavoue plus que violemment. Qu'ils se plaisent éternellement donc dans leur dénégation ! Car, apparemment, c’est tellement extatique d’être aveugle, sourd et muet dans le pays colonisé par les tentaculaires mafias rapaces du Makhzen arabe.


mardi, juillet 23, 2013

Tirra s ikwlan, une vraie grande réussite musicale



Je connaissais Ali Faiq depuis ses albums qu'il a réalisés avec le groupe Dounia Amarg. C'est là que je me suis dit que ce gars-là avait un potentiel énorme. Et je ne m’y suis pas trompé. Car c'est simplement un rrays au sens vrai du terme. Il faut dire qu'il a un incroyable sens du rythme et de la mesure – métrique bien sûr- que l'on trouve presque rarement chez la nouvelle génération de nos chanteurs. 

D'ailleurs, ça s'est confirmé -et de quelle manière !- avec les deux terribles albums d'Amarg Fusion. Des succès absolument mémorables que les mélomanes amazighs ou pas ne sont pas près et encore moins prêts d'oublier. Pour preuve, il faut juste faire un petit tour sur Youtube ou Dailymotion pour voir de visu leurs taux d'écoute ou de visionnement. 

Malgré ses soucis de santé, Ali Faiq n'a jamais voulu lâcher prise. Son amour de l'amarg est plus fort que jamais. C'est pour cela qu'il a voulu tenter d'autres expériences. Solo par exemple ! D’où son nouvel albmu, Tirra s ikwlan (les écritures/les écrits en couleurs) réalisés avec ses propres moyens, selon une déclaration qu'il a faite à une radio agadiroise. 

Ce nouvel opus comporte en tout et pour tout neuf titres. Si le style est aisément reconnaissable, avec ses influences pour le moins nombreuses (reggae, saharien, gnawa...), dans sa dernière chanson, Ali Faiq a voulu faire un retour aux sources. Il a rassemblé un nombre de ses amis rways pour interpréter la chanson d'amzwag dans la plus pure tradition de tirruysa. Un clin d’œil bien naturellement à tous les nostalgiques de ce style traditionnel, encore fort nombreux, qui tend de plus en plus à céder le pas devant la vague de modernisation/occidentalisation galopante que connaît, actuellement, la musique amazighe. 

En tous les cas, notre terrible chansonnier d’Achtouken n'a absolument pas déçu. Comme à son habitude, il n'a rien laissé au hasard. Tel un ciseleur perfectionniste, tout est millimétré avec précision. Même s'il n'a plus rien prouver, il faut reconnaître qu'il a réussi, avec cet énième album, un vrai coup de maître. Que ce soit au niveau de la recherche musicale ou de la thématique des différentes chansons (l'écologie, le personnage de la mère, la peinture, l’amour...). 

Il va sans dire que les vrais mélomanes vont apprécier ! Et la meilleure des manières de le montrer est d'aller chez n'importe quel disquaire qui se respecte pour s'en procurer un ou même plusieurs. C'est ce que j'ai fait personnellement. Même je suis très loin, trop loin du pays natal.