dimanche, novembre 26, 2006

Une pluie de chaînes arabes sur le " Maghreb arabe"

Certains médias arabo-marocains ont carrément sauté de joie en apprenant que la télévision libanaise LBC lance sa chaîne destinée au " Maghreb arabe ". Ils en feront probablement pareil lorsqu’ils sauront que la société émiratie Dabi, elle aussi, va faire de même, incessamment. Pour leur grand bonheur assurément, la fameuse Al-Jazira, connue par son chauvinisme arabe exacerbé et sa promotion de l’islamisme le plus radical, a déjà lancé en grande pompe son propre journal quotidien destiné encore et toujours au même " Maghreb arabe ". Toute cette effervescence télévisuelle orientale, très inquiétante au demeurant, m’a inspiré ces quelques petites et modestes remarques.

Primo, vous n’êtes pas sans savoir que cette appellation du " Maghreb arabe ", banalisée par les médias arabes, est on ne peut plus coloniale, impérialiste, raciste, ethniciste, excluante, insultante... Mais personne n’en a cure. Il ne faut surtout pas s’attendre que l’on arrête de s’en fait l’écho. Au contraire, on continue avec un plaisir non dissimulé à la répéter sur tous les tons. Mais il y a un hic. Le mot Maghreb est déjà arabe que l’on sache, n’est-ce pas ? Pourquoi donc le qualifier encore d’arabe ? Cette insistance, pathétique du reste, est révélatrice. Elle a le mérite de montrer au grand jour qu’il y a un problème. Un gros malaise même. En effet, l’Afrique du Nord n’est pas arabe. Elle ne l’a jamais été. Mais il y a un risque important qu’elle le devienne. Pour mener à bien ce " noble objectif civilisateur" dans le far west amazigh, les monarchies pétrodollarisées du Golfe- où paradoxalement les Arabes deviennent de plus en plus dangereusement une minorité- ne lésinent jamais sur les moyens. Il suffit juste de lever le petit doigt et vous serez noyé sous des tonnes de billes verts, sans condition, illico presto.

Secundo, il ne faut pas en fin de compte reprocher aux Moyen-orientaux de qualifier notre région de " Maghreb arabe " et même nous intégrer bien malgré nous à leur nation et autre patrie arabes. Il faut savoir que tout ce que nous avons comme élite autoproclamée n’a des yeux que pour l’arabisme et ses avatars. N’en parlons même pas des dirigeants. Ils ne ratent jamais aucune occasion pour nous rappeler que nous sommes au " Maghreb arabe ", c’est-à-dire chez eux. Qui plus est, ils n’arrêtent pas de souhaiter de voir son union se concrétiser sous la bannière de l’empire virtuel arabe (l’empire français qui l’a réalisée était, lui, bel et bien une réalité). Ce à quoi le chef des terroristes du Polisario, soutenu à bras-le-corps, rageusement et désespérément par Bouteflika et ses généraux sanguinaires, répond en écho. Sauf qu’il faut satisfaire sa plus grande lubie qu’il caresse depuis plusieurs décennies déjà : son intronisation solennelle à la tête de son ex-future république arabe très démocratique du Sahara occidental. Sinon, il n’y aurait ni union ni rien du tout. Reconnaissez quand même que c’est terriblement drôle !

Cela étant dit, quelle serait donc, si on revient à nos moutons, l’utilité des chaînes " publiques " marocaines devant raz de marée de médias arabes ? Il faut savoir qu’une grande partie de leurs programmes sont importés à coup de millions de dollars US du Moyen-Orient. Poursuivront-elles encore et toujours cette même politique fondamentalement absurde ? Continueront-elles à faire des Marocains des zombies juste bons à consommer les navets arabes ? Nul ne le sait. Mais une chose est sûre : malgré la créativité audiovisuelle dont l’amazighité a toujours fait preuve, les responsables des " médias publics " marocains ne veulent en aucun en entendre parler. Et tous les prétextes sont bons justifier cette aberration on ne peut plus raciste. Même les plus risibles et les plus loufoques.

Et comme si cela ne suffisait pas, Tel Quel n’a pas résisté au plaisir d’entrer dans la mêlée. Et ce, pour jouer sa propre partition faite de discrédit et de désinformation. Selon ce très respectable et non moins déroutant hebdomadaire, les défenseurs de l’amazighité à la télévision ne sont rien de moins que des aigris en mal de publicité. Rien que cela. Présentée presque comme un scoop, la raison de leur dernier tohu-bohu presque déplacé est dû au refus de leurs projets télévisuels. Sidérant, n’est-ce pas ? En fait, pas tant que cela. Après sa logorhée délirieille aux accents "attajdidistes " fustigeant, à la limite de l’obscénité, encore et toujours ce serpent ennuyeux de "l’extrémisme amazigh " (le vrai terrorisme arabiste avec ses effroyables dégâts humains et matériels, nul n’a encore pensé à le dénoncer), publiée dernièrement dans la version arabe du même canard, il ne faut pas s’attendre à mieux.

Avant de reprocher aux autres d’être atteints de schizophrénie, il serait peut-être judicieux de commencer une petite cure pour en guérir soi-même. N’est-ce pas messieurs les responsables de Tel Quel ?

mercredi, novembre 15, 2006

Hommage à Al-Jabiri : l’UNESCO est piégée

L’UNESCO s’apprête à honorer Mohamed Abd Al-Jabiri, l’un des théoriciens les plus connus de la tristement célèbre idéologie baâthiste. Ce qui a scandalisé plus d’un. Surtout les Amazighs qui n’ont pas hésité à le faire savoir. En lançant une pétition. Pour en apprendre plus, nous avons contacté l’un de ses initiateurs, le militant amazigh bien connu, Ali Khadaoui.

Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques lignes ?

Je m'appelle Ali Khadaoui, natif d'Ajdir (à l'Est de Khénifra) au Moyen-Atlas, vers 1953, sous une tente traditionnelle. Inspecteur principal de l'Enseignement secondaire à la retraite; poète en français et amazigh, peintre et anthropologue, spécialiste de la question amazighe. Conférencier sur la même question. Militant de la cause amazighe depuis plus de vingt ans. Ancien membre du Conseil Fédéral du Congrès mondial amazigh (1999-2002) et du Bureau national de l'AMREC depuis 1996 (Association marocaine de recherche et d'échanges culturels) : j'y ai démissionné en juillet 2006 après 15 ans d'intenses activités associatives pour divergences de vue quant à la stratégie à suivre pour amener le pouvoir à reconnaître pleinement l'amazighité du Maroc.

Vous avez été aussi membre de l’Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) ...

J’ai été un ex-membre du Conseil d'Administration de l'IRCAM, duquel j'ai démissionné également avec six autres membres en avril 2005 pour protester contre l'absence de volonté politique réelle du gouvernement à prendre en charge l'amazighité dans toutes ses dimensions. Notre démission avait un double objectif : d’une part, montrer au Pouvoir qu'il existait encore dans ce pays des Amazighs qu'on ne peut pas acheter ; d’autre part, introduire une rupture épistémologique dans le discours du Mouvement amazigh après la crise provoquée par la création de l'IRCAM (la cooptation de la majorité des grands militants par le Pouvoir a fini par désorganiser tout le mouvement amazigh), afin que ce dernier puisse repartir sur des bases plus solides qu'avant. En tout cas, c'est ce que nous croyons et nous faisons tout pour y arriver.

Pensez-vous que l'UNESCO ne connaît pas assez Al-Jabiri pour l'honorer ou est-ce une provocation ?

Nous pensons que l'UNESCO a été induite en erreur par le lobby arabe très influent au sein de cette organisation, surtout le lobby andalou marocain. Je pense également qu'il s'agit d'une opération politicienne (l'autre candidate à l'hommage est une juive allemande) qui s'inscrit dans les efforts que certains déploient pour rapprocher les Israéliens et les Arabes. Dans ce cas, l'UNESCO a été piégée.

Pensez-vous que l'UNESCO va vous entendre ?

Si nous avions disposé de plus de temps et de moyens (surtout humains), l'UNESCO nous aurait sûrement entendu car notre cause est on ne peut plus juste, et M. Al-Jabiri est on ne peut plus raciste du point de vue des principes des instances internationales elles-mêmes.

Al-Jabiri est un anti-amazigh primaire même s'il est amazigh lui-même, que pouvez-vous nous dire sur ce genre de personnes qui sont malheureusement très nombreux ?

M. Al-Jabiri n'est pas amazigh même s'il dit avoir vécu à Figuig et parlé le tamazight jusqu'à l'âge de 12 ans. M. Al-Jabiri se définit comme étant un chérif descendant des "Al-Jaber du Koweit" ; de plus, être amazigh aujourd'hui relève de la conscience qu'historiquement, anthropologiquement et génétiquement, l'Afrique du Nord est amazighe. Eu égard à ces vérités, l’étude de la colonisation peut nous éclairer à bien des égards. Et comme dans toute situation coloniale, les Amazighs anti-amazighs relèvent de ce que Paul Nizan appelait déjà "le complexe du colonisé".

Réalisé par Lahsen Oulhadj

dimanche, novembre 12, 2006

Maroc : enfin une ONG amazighe des droits humains

25 ans, enseignant, Said Ezzaoui est un fervent militant qui n’a de cesse de lutter pour les droits du peuple amazigh. Il a été membre des plus grandes organisations amazighes avant de décider avec ses amis- tout aussi actifs- qu’il est temps de mettre sur pied une ONG amazighe des droits humains. Il faut dire qu’elle en manquait terriblement. Ce qui fut concrétisé en peu de temps. Et c’est en tant que son coordinateur général que nous l’avons contacté pour répondre à quelques-unes de nos interrogations. À lire impérativement !


Pourquoi une Ligue amazighe des droits humains ( LADH) ?
Nous sommes un groupe de jeunes militants, pratiquement tous issus du mouvement culturel amazigh (MCA), qui étaient conscients, depuis longtemps, de la nécessité de créer une structure organisationnelle à même de défendre le peuple amazigh non seulement au Maroc, mais dans l'ensemble des pays du Tamazgha. Ainsi, le plus logiquement du monde, la Ligue amazighe des droits humains (LADH) a vu le jour dans le courant de mois juillet dernier. Les raisons sont les suivantes : les violations continues des droits du peuple amazigh (droits culturels, droits linguistiques, droits économiques, droit à la vie et à l'existence...) ; le mutisme total de toutes les associations et autres organisations des droits de l’homme- d’obédience arabiste- œuvrant au Maroc par rapport à la situation inique que vivent les Amazighs ; la participation dans la dynamique internationale du mouvement des droits de l'homme. Ce qui passe, à mon avis, par le biais de deux modes d’emploi : intégrer, d’une part, les revendications amazighes dans le processus mondial de défense des droits humains et, d’autre part, les faire connaître le plus possible aux organisations internationales comme l’ONU…

Pour quelle raison vous dites que les ONG des droits de l’homme sont d’obédience arabiste ?

Nous, membres de la Ligue amazighe des droits humains, ne nions en aucun cas le rôle historique important de ces organisations dans la défense et l’amélioration des droits de l’homme au Maroc. Mais nous nous sommes rendu compte qu’elles font totalement litière des droits culturels, linguistique et historique du peuple amazigh. Leur vision de la défense des droits de l’homme est théoriquement globale et n’exclue personne, mais dans la réalité, c’est tout autre chose. Et ce, pour des raisons idéologiques plus qu’évidentes. Nous n’oublierons jamais l’attitude scandaleuse de Abderrahman Ben Amrou, l’ex-président de l’Association marocaine des droits de l’homme ( AMDH) et l’un des ténors du parti de l’Avant-garde socialiste lors du congrès de la Confédération internationale des droits de l’homme (FIDH) tenu à Casablanca en janvier 2001. Il avait refusé catégoriquement de soutenir une proposition appelant le régime marocain à officialiser la langue amazighe. Pire encore, lors des Congrès de ses ONG marocaines, nous savons également que bon nombre de nos militants amazighs y sont souvent l’objet de pressions tous azimuts et d’intimidations diffuses. En fait, ces ONG restent encore et toujours tributaires des courants arabo-baâthistes, qui dominent toutes leurs structures et tous leurs appareils exécutifs. À telle enseigne qu’il est parfois très difficile de les distinguer de tous ces partis arabo-islamistes présents sur l’échiquier politique marocain. Des partis qui ne ratent jamais aucune occasion de s’enorgueillir d’être très dépendants du Moyen-Orient. Vous pouvez en juger vous-même. Lisez juste leurs communiqués pour savoir à quel point, pour ces organisations, seuls les problèmes arabes ou des Arabes sont dignes d’être évoqués !

Peut-on dire que ce sont donc des ONG pour la défense des droits de l’homme " arabe " ?

Malheureusement oui. Ces organisations n’ont jamais démontré qu’elles défendent les droits du peuple amazigh. C’est un sujet qui ne les intéresse guère. Contrairement au problèmes des Arabes et du Moyen-Orient. D’ailleurs, elles ne parlent que de cela. Dans ces conditions, on ne pouvait indéfiniment rester les bras croisés et les attendre qu’elles changent d’attitude. Nous devions agir et nous prendre nous-mêmes en charge. Nous avons donc pensé créer notre propre organisation qui aura pour tâche principale la défense des droits du peuple amazigh non seulement au Maroc, mais dans tout le Tamazgha.

Ne pensez-vous pas qu’une telle organisation devait exister depuis longtemps déjà, vu la multitude d’injustices dont est victime le peuple amazigh ?

En effet, il fallait que les militants amazighs créent une organisation des droits de l’homme propre à eux depuis longtemps. Puisque les violations des droits du peuple amazigh ne datent pas d’aujourd’hui. Si ce n’était pas fait, c’est pour ces raisons. Une bonne majorité d’entre eux ont plutôt opté pour le travail associatif qui, comme vous le savez, a toujours oeuvré d’une manière concomitante sur trois domaines : le culturel, le politique et les droits de l’homme. En parallèle, une partie de nos militants a plutôt tablé sur un changement à venir des organisations existantes au Maroc par rapport à la question de l’amazighité. Comment ? Par l’entrisme au début et en y créant des groupes de pression, par la suite, afin de les amener à s’intéresser à la situation désastreuse du peuple amazigh. Mais en vain. Nos espoirs ont été déçus, car elles sont toujours restées crispées et insensibles par rapport à tout ce qui a trait à l’amazighité. Nous n’avions plus le choix. Il nous fallait notre propre organisation. Nous avons attendu que les conditions soient réunies pour passer à l’ " acte ". Ce qui fut fait. La LADH a vu effectivement le jour. Et ce pour défendre les droits de l’homme dans leur globalité, tels qu’ils sont définis par tous les traités internationaux.

Et l'administration marocaine, ne s'est-elle pas opposée à votre projet ?

Cela fera bientôt trois mois que notre organisation est née, et à ce jour nous n’avons aucun problème avec les autorités. Il faut dire que nous avons fait les choses dans les règles. Nous avons préparé minutieusement notre dossier en respectant scrupuleusement les exigences de la loi. Nous avons reçu en conséquence notre récépissé provisoire. Sans aucun problème.

Vous habitez dans l'arrière-pays du Souss ( Bouizakarn, Taghjjijt et Timoulay…), n'est-il pas difficile de travailler dans de telles conditions ? Ne serait-elle pas mieux que vous soyez dans une grande ville comme Agadir par exemple ?

Il est vrai que les fondateurs de la Ligue amazigh sont loin des grands centres urbains du Souss, mais sachez que cette situation a du bon. Car là nous sommes des témoins directs des terribles souffrances de nos populations rurales complètement exclues. Je suis d’avis que les conditions de notre combat seraient probablement meilleures dans les villes, mais l’évolution technologique impressionnante des moyens de communication et leur accessibilité ont fait que les distances se sont grandement rétrécies. Je tiens quand même à faire une mise au point : notre combat est celui de tout un peuple. Il ne doit en aucun cas être monopolisé par nos seules élites citadines. C’est l’affaire de tous les Amazighs, sans exception aucune.

Quelles sont les réactions des autres organisations marocaines des droits humains par rapport à l’avènement de la LADH ?

La création d’organisations telles que la nôtre est un droit que protègent tous les traités et toutes les conventions internationales des droits de l’homme. Si ces organisations y croient réellement et s’y inspirent, normalement, elles sont obligées de nous respecter et même de nous encourager. Mais jusqu’à présent, nous n’avons aucune réaction, ni positive ni négative. Par ailleurs, beaucoup de militants amazighs au Maroc, dans les pays du Tamazgha et dans la diaspora se sont manifestés pour nous souhaiter leur soutien le plus ferme.

Pouvez-nous faire un bref topo sur l’essentiel de vos actions jusqu’à aujourd’hui ?

Malgré le jeune âge de notre organisation, elle a pu quand même suivre avec une attention particulière toutes les violations des droits du peuple amazigh que ce soit au Maroc ou dans tout le Tamazgha. Ces cas ont été signalés aux responsables gouvernementaux et ont fait également l’objet de communiqués de dénonciation, diffusés via la presse nationale et internationale. On peut en citer : l’interdiction des prénoms amazighs, l’expropriation de notre peuple de ses terres ancestrales et de ses richesses naturelles, l’empêchement scandaleux de la troupe libyenne, Ussan, de participer au festival de Tanger, la lâche tentative d’assassinat dont a été victime Dda Hmad Adgherni… Pour rehausser le niveau de ses militants, la LADH a organisé plusieurs ateliers de formation dans le domaine des droits de l’homme. Dans le courant du mois de novembre 2006, sera organisé son premier conseil national, qui est la plus importante structure en son sein après le congrès national. Il sera l’occasion pour que les membres du bureau exécutif et les coordinateurs régionaux ( 10 comités régionaux ont vu le jour dernièrement ) pour discuter et étudier les derniers développements de la situation de droits de l’homme au Maroc, la situation du peuple amazigh, les stratégies à venir de la LADH…

Quels sont les projets que vous vous êtes fixés ?

Ce n’est pas cela qui nous manque vraiment. Même si la liste est longue on peut les résumer ainsi : organiser des journées d’études et ateliers sur la situation des droits de l’homme en général, et du peuple amazigh en particulier ; préparer des rapports réguliers sur les violations flagrantes des droits de l’homme ; fonder un centre médiatique spécialisé dans la question des droits de l’homme ; mettre sur pied des rencontres avec d’autres organisations nationales et internationales qui œuvrent dans le même domaine…

Vous parlez souvent du peuple amazigh, quel sens lui donnez-vous ?

En tant que marocains, nous appartenons géographiquement et politiquement à un pays, le Maroc. Le peuple qui habite ce pays et tout le Tamazgha est amazigh par excellence. D’ailleurs, toutes les sciences ( sciences humaines, archéologie, Histoire, anthropologie…) le prouvent et le démontrent. Or au cours de l’Histoire, les royaumes amazighs ont vécu des périodes de déclin qui ont vu la venue de bon nombre de peuples ( Phéniciens, Roumains, Byzantins, Vandales, Arabes, Français…) à des fins coloniales ou pour trouver refuge chez nous. Ces groupements humains, aussi forts qu’ils pouvaient être, n’ont jamais pu imposer aux Amazighs leur culture ou leur manière de vivre. De tout temps, notre peuple a préservé farouchement ses spécificités identitaires et culturelles.

Et le peuple arabe ?

Dire qu’il y a un peuple arabe en Afrique du Nord est complètement non fondé et ne résiste pas devant les preuves de la science et de l’Histoire. Le peuple arabe existe bien évidemment, mais chez lui, en Arabie, alors que l’Afrique du Nord est la terre du peuple amazigh. Quant au fait que le Maroc est totalement islamisé, là aussi c’est un mythe plus qu’autre chose. Un mythe que les barbus et les tenants d’un État religieux savent maintenir à dessein. Notre pays a toujours connu une pluralité confessionnelle. Il y a effectivement des religions qui ont disparu, mais leurs influences est toujours aussi vivaces. En tous les cas, et c’est mon point de vue, la religion est changeante. On ne peut donc la considérer comme un paramètre stable définissant l’identité de tout un peuple. Par ailleurs, je m’étonne toujours de ceux qui parlent, à souhait, du peuple arabe, turc, perse, mais se refusent à évoquer les Amazighs, comme un peuple à part entière avec son Histoire, son identité et sa culture. Ceux qui nous considèrent comme des Arabes et intègrent notre Tamazgha à leur monde arabe montrent, de ce fait, au grand jour leur vraie nature de colonialistes et d’impérialistes.

Réalisé par Lahsen Oulhadj