jeudi, novembre 03, 2005

Azekka : une ONG modèle

Lahsen Oulhadj
Bouleversante a été, pour moi, une photographie dégotée par le plus grand des hasards dans un petit site Internet. Elle a immortalisé, comme le précise sa légende, quelques écoliers démunis du sud marocain. Ils serraient très fort contre leurs petits corps chétifs leurs tout nouveaux cartables que l’on vient de leur offrir. Un peu comme s’ils avaient peur qu’on les leur arrache. De leurs regards se dégage cette souffrance indicible propre à l’enfance confortée précocement aux affres de la vie.

Qui sont les bons samaritains derrière ce geste humanitaire , ô combien précieux, envers ces bambins ? Trois françaises : Karine, Céline et Bénédicte, par le biais de leur association humanitaire, Azekka -demain en berbère-, qu’elles ont fondée à la suite d’ " un coup de foudre pour le sud marocain et ses gens ", selon les propres mots de la présidente Mlle Karine Aubry.

Férues de randonnées pédestres, elles ont eu tout le loisir de découvrir et d ’apprécier, lors d’un premier circuit, la beauté magique des paysages des régions de l’Atlas ; mais aussi de constater de visu l’envers du décor, à savoir l’état du dénuement total des populations locales. C’était là qu’elles ont eu le déclic. Il fallait agir et immédiatement. Sensibles à la misère humaine qu’elles sont, il ne peut pas en être autrement, pourrait-on dire. D’ailleurs, elles n’ont pas traîné en longueur pour mettre la main à la pâte.

Dans un premier temps, elles ont acheminé, personnellement, des dons de toutes sortes à chacun de leurs déplacements au Maroc. Conscientes des limites de leur démarche et dans un souci d’efficacité " nous avons décidé de créer Azekka ", souligne Mlle Karine. Chemin faisant, l’association s’est beaucoup agrandie et pour cause. D’une structure locale, elle s’internationalise de plus en plus. Les Azekkis, c’est ainsi que les membres sont joliment appelés, sont quelque 65 personnes, répartis entre la France, la Belgique et le Maroc.

Ne laissant rien au hasard et conscientes qu’il faut donner à leur petite ONG un nom judicieux et surtout qui parle aux bénéficiaires de leurs actions, elles n’ont pas hésité à lancer un appel mondial sur l’un des multiples forums réservés à la culture amazighe. Le choix s’est arrêté sur Azekka car, selon Mlle Karine, c’est " un nom berbère simple, afin d’être identifié par toutes les populations des régions concernées ".

le hic

Il ne suffit pas d’être animé par les bons sentiments pour que tout coule de source. Derrière toute action humanitaire, il y a beaucoup d’efforts à fournir en argent, en temps, en prospection, en récupération, etc. Certains pensent, à tort, que c’est simple. Oh que non ! Si les membres de l’association d’Azekka se décarcassent, à fond, à ramasser tous les dons, il faut par la suite les transporter aux bénéficiaires qui se trouvent non pas dans la ville ou la région voisine, mais à quelque trois mille kilomètres. Et c’est là que le bât blesse. D’aucuns seraient déjà tentés de baisser les bras avant même d’avoir commencé tellement les efforts à fournir sont titanesques.

Paradoxalement, dans le cas des Azekkis, c’est le contraire qui s’est passé. On dirait que toutes ces difficultés sont source de motivation qui les incite à pousser les feux. Vu que l’association n’a pas trop les moyens et ne peut se permettre d’envoyer les dons par le truchement du transport international, ce sont ses membres, en personne, qui s’en chargent avec tous les risques que cela comporte.

Ce n’est que dernièrement, comme nous le confie Mlle Karine, que l’on a fait appel aux voyageurs solidaires, via les forums de discussion et le site Internet de l’association ; ce sont " des Français ou des Belges qui partent au Maroc en nous faisant gentiment une petite place dans leur véhicule ou dans leur valise ". Pour que les envois arrivent à destination, les Azekkis sont capables de déployer des trésors d’ingéniosité qui ne peuvent nous laisser, et c’est le moins qu’on puisse dire, qu’admiratifs devant tant de dévouement.

Malgré son jeune âge, il serait fastidieux de citer la liste, déjà très longue, de toutes les réalisations d’Azekka : distributions de kits de cartables en 2004 et 2005 pour les enfants démunis d ’Idikl et d ’Aït Ali, fourniture d’une bibliothèque de plus 1200 livres, réalisation d’une étude de faisabilité d’un projet hydraulique à Aoulouz par un ingénieur dépêché de France spécialement pour cette tâche, dons de fauteuils roulants à des enfants handicapés de Skoura …

Quant aux projets, ce n’est absolument pas cela qui manque. Si le cœur vous en dit et désirez ajouter votre pierre à cet édifice humanitaire, il ne faut pas trop hésiter. En tous les cas, les Azekkis vous accueilleront toujours les bras ouverts !

Du baume dans les cœurs

" Partout où nous allons, nous sommes très bien accueillis. À Aït Ali et à Aoulouz, nous avons rencontré des gens qui étaient très ravis de notre visite, car ils vivent très isolés toute l’année ", se réjouit Mlle Karine. Ce que confirment les photographies mises en ligne sur le site de l’association où l’on voit des hommes, des femmes et des enfants, vivant dans des conditions parfois très pénibles, qui, tout sourire, sont on ne peut plus heureux que des gens venant de contrées très lointaines viennent leur apporter de l’aide.

La philosophie d’Azekka est originale. Les membres de l’association sont animés par la volonté de toujours respecter l’autre dans sa dignité en lui faisant comprendre que malgré sa pauvreté, il est riche par sa culture et par son humanité. " Dans nos échanges, ajoute Mlle Karine, nous essayons toujours de chercher la rencontre interculturelle et l’enrichissement mutuel. Nous n’arrivons jamais en héros providentiel qui peut résoudre tout avec un coup de baguette magique. De plus, nous avons un principe : nous n’aidons que ceux qui s’aident entre eux-mêmes et notre apport est un coup de pouce qui leur permet d’aller plus loin ".

Et les problèmes surgissent !

Azekka fait face à des tracasseries administratives pour le moins absurdes. Un exemple : il faut savoir, précise Mlle Karine, que " la douane nécessite une demande de franchise avec déplacement obligatoire des bénéficiaires jusqu’à Tanger ". Lorsqu’on connaît leur extrême pauvreté, autant dire que l’administration marocaine cherche à mettre fin à cette belle aventure humaine.

Nonobstant cette course d’obstacles, les Azekkis tiennent bon. Sauf que, à la fin, c’est tellement devenu décourageant qu’il faut impérativement agir. Il y a quelques jours, une pétition planétaire a été lancée pour dénoncer le comportement pour le moins intolérable des agents de la douane. Parmi les griefs : leur mauvaise foi en feignant ne pas recevoir de franchise, les demandes répétitives de pots-de-vin et autres bakchichs, l’intimidation et l’abus de pouvoir. Résultat : on bloque pendant des heures les convoyeurs, souvent, bénévoles. En d’autres termes, pour ceux qui la connaissent déjà, l’administration marocaine est fidèle à elle-même. En ce sens qu’elle réussit merveilleusement bien, comme à son accoutumée, à tailler des croupières à cette belle initiative qui permet de soulager un tant soi peu les souffrances des pauvres parmi les pauvres dont, et c’est une évidence, elle n’a cure. Désespérant !

vendredi, octobre 07, 2005

Le Québec: le racisme dans les ondes

Chronique:

Le grand écrivain, Albert Memmi, a noté dans son fameux livre Le racisme qu’il est très difficile de trouver un raciste qui assume ouvertement son attitude. Vous aurez toujours droit à cette phrase d’étonnement : moi raciste ? Jamais ! Mais cela n’empêche que le racisme existe et bel bien.

Autre monde, autre attitude. Au Québec, on assume son racisme en vous regardant droit dans les yeux. Pire, on le justifie même par la science. Plus grave encore, on ne s’embrasse même pas de le soutenir dans une émission de télévision à succès.

Si vous habitez au Québec, vous devez certainement savoir de qui il s’agit. Sinon, je vais vous le dire. Il s’agit d’ un psychiatre de profession qui répond au nom très académique de docteur Mailloux. Il a sa propre émission sur la station de radio CKAC où il anime depuis des années une tribune libre. Il y répond, en direct, aux questions psychologiques de ses nombreux auditeurs.

Lors de son passage dans Le monde en parle, une copie de la fameuse émission française et diffusée sur la télévision de Radio-Canada, ce docteur Mailloux a tenu des propos absolument choquants en expliquant le plus calmement du monde que les Noirs et les autochtones avaient un quotient intellectuel plus faible que la moyenne. Il s’est appuyé, semble-t-il, sur une étude américaine faite par des sociologues américains.

Cependant, ce que notre docteur ne sait pas. C’est que la biologie n’explique pas ce retard, si retard il y a. Le niveau social est déterminant dans la réussite scolaire. Ce que le grand sociologue français, Pierre Bourdieu, a démontré depuis des lustres avec son concept de capital culturel. Un fils de médecin, parce que ses parents sont cultivés, est toujours avantagé par rapport à un fils d’ouvrier. Ce qui est tout à fait normal.

Regardons la situation des Noirs et des autochtones en Amérique du Nord ! Si les premiers sont rejetés dans les périphéries des villes, parce que en bas de l’échelle sociale, les deuxièmes sont parqués dans des réserves où ils vivent dans des conditions extrêmement pénibles. Il est donc tout à fait normal que leurs enfants aient moins de chance de réussir leur scolarité. Parce que exclus, discriminés et défavorisés par le système social en vigueur.
Il est certain que si on offre les mêmes conditions de vie des petits blancs aux enfants des Noirs et des autochtones, ils auraient le même taux de réussite scolaire, et partant sociale. Je ne pense pas que cette situation a un quelconque lien avec la biologie comme docteur Mailloux essaye de l’insinuer, qui n’est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il a déjà tenu des propos nauséabonds contre les Sikhs en les traitant d’un communauté de bozo (idiots). Il s’est aussi illustré en s’insurgeant contre l’immigration qui vient du tiers-monde et des " pays arriérés " en appelant à favoriser les Européens de l’Ouest et les Scandinaves.

Là, il semble que le docteur Mailloux n’est pas très bien renseigné. Il ne sait pas que les Scandinaves ont les niveaux de vie les plus élevés au monde. Ils dépassent et de loin le Québec. Il faut qu’ils soient fous pour venir au Québec et endurer des conditions difficiles d'une nouvelle vie et surtout les propos d’un xénophobe, doublé d'un raciste notoire, comme lui.
Lahsen Oulhadj

mardi, octobre 04, 2005

L'arganier : une destruction tous azimuts



Dans mon enfance au fin fond du Souss - une région berbérophone se trouvant au sud-ouest marocain -, ce qui n'était pas bien vieux car il s'agissait juste de la fin des années 70 du siècle passé, je n’oublierais jamais cette épaisse et dense forêt de l'arganier, toujours verdoyante, qui se trouvait non loin de la maison familiale. Mes cousins et moi, aussi hardis que nous étions, nous n'osions même pas s'y aventurer, tellement qu'elle nous impressionnait par son immensité et sa densité.

Maintenant, de l'inoubliable arganeraie de mon enfance, il ne subsiste plus - hélas ! - que quelques arbres épars et d'aspect chétif, qui seraient tôt ou tard abattus. Le même scénario se répète malheureusement un peu partout dans la région. On peut parler, sans vouloir exagérer, d'un véritable " génocide écologique ", qui a fait perdre au Souss et au-delà au pays, une grande partie d'un patrimoine forestier unique au monde et pour cause. Cet arbre ne se trouve nulle par ailleurs sauf dans ce coin du Maroc.

Vieux comme le monde

L'arganier a commencé à pousser il y a quelque 80 millions d'années. Sa zone dépasserait et de loin son emplacement l'actuel. Car on trouve quelques colonies dans la région de Khémisset au nord non loin de la capitale Rabat, à Aït Iznassen au nord-est et même au sud-est dans les environs de Tindouf, en Algérie.

Aujourd’hui, il ne couvre plus, approximativement, qu'une superficie de 830.000 hectares avec quelques 21 millions arbres. Plus être plus précis, son aire géographique, en plus de la vallée du Souss, va du versant sud du Haut-Atlas au versant nord de l'Anti-Atlas jusqu'au massif de Siroua à l'est. Au Sud, il s'étend jusqu'à la région d'Agoulmim, aux confins du désert saharien.

Cet arbre, qui peut vivre jusqu'à 250 ans, est un moyen puissant de protection du sol grâce à ses racines qui pénètrent les profondeurs de la terre, jusqu'aux nappes phréatiques. Il enrichit aussi la terre par ses feuilles, ses fruits et surtout par toute une végétation exubérante qui pousse à ses pieds. Un vrai bonheur pour les ovidés. Et surtout les caprins, qui vont jusqu’à escalader ses branches avec une dextérité surprenante, pour manger ses feuilles éternellement vertes. Idem pour les camelins qui en raffolent. D'ailleurs, chaque année, leurs propriétaires, qui remontent du Sahara à la recherche des pâturages, ont souvent maille à partir avec les populations locales à cause des énormes dégâts qu’ils provoquent lors de leur passage.

L'arganier est surtout une barrière naturelle contre la progression de la désertification qui, malheureusement, avance lentement, mais sûrement à cause de la destruction dont il a fait et fait encore l'objet, souvent avec une férocité inégalable.

Huile magique

L'Arganier, dont le bois est un combustible, produit une huile qu'on ne trouve nulle part ailleurs. Son extraction, qui à ce jour a échappé à toute mécanisation, demande un savoir-faire traditionnel extrêmement complexe dont la femme berbère garde jalousement les secrets. Il serait fastidieux de raconter tout en détail. On va donc se contenter juste de l’essentiel.

Tout d’abord, il faut ramasser des fruits secs auxquels il faut enlever une espèce de cosse ( tafyyoucht ), pour pouvoir avoir les noyaux ( aqqayen) extrêmement durs. Il faut ensuite les concasser pour avoir finalement des graines oléagineuses ( tiznin) qu'il faut torréfier sur un plat en argile dans une température bien précise. À la différence des olives, ce n'est pas la pulpe qui donne de l'huile, mais plutôt ces magiques graines blanc pâle.

Ensuite, il faut tout moudre dans un moulin traditionnel ( azergg) spécialement destiné à cette tâche. En récitant des phrases rituelles, la pâte ainsi obtenue est versée dans un grand récipient. Il faut donc la malaxer et la presser avec les mains en y versant de temps en temps de l'eau tiède jusqu'à ce que se forment des grumeaux pareils à des grains de couscous.

Enfin, en les remuant lentement, commence à voir une huile écarlate d'une odeur très agréable et pourvue d'un goût très particulier et des propriétés diététiques indéniables.

À noter que ce n'est pas aussi simple que cela. Pour l'avoir essayé, c'est un travail extrêmement pénible, harassant. Il faut au bas mot 20 longues heures de travail pour extraire juste un litre de cette précieuse huile.

Arbre sacré

Dans la mémoire collective des populations locales, l'arganier est une bénédiction divine. On prête même à certains de ces arbres des pouvoirs magiques. Il n'est pas rare, pour celui qui sillonne le Souss, de tomber sur un arganier immense et solitaire au milieu de nulle part. S'il n'était pas arraché, c'est qu'il est intouchable parce que pourvu de pouvoirs sacrés. Le toucher, c'est s'attirer les foudres de ses esprits protecteurs.

D'ailleurs, on racontait qu'un Caïd- le représentant du pouvoir central- dans les environs de Biougra, à quelques encablures d'Agadir, a été excédé par la présence d'un de ces immenses arganiers où les villageois alentours viennent, chaque année, y faire une fête rituelle, appelé lmaârouf , certainement les restes d'une tradition païenne encore vivace.

Toujours est-il que le Caïd en question, et dans la plus pure tradition autoritaire du régime marocain, a décidé de le déplumer totalement de ses longues branches, sans tenir compte des protestations " silencieuses " des habitants. Son forfait commis, en rentrant chez lui, il a eu un accident de voiture extrêmement grave. " Les foudres de la malédiction ne l'ont pas raté ", avaient pensé les gens que cet incident n'a fait que confirmer dans leurs croyances. Et depuis, le dit arganier trône toujours, avec majesté, à sa place. Personne ne penserait même pas s'en approcher et à plus forte raison le couper.

Résistance

Beaucoup de poètes et d'écrivains, originaires de la région, ont évoqué cet arbre noble en soulignant sa capacité extraordinaire à surmonter les pires des sécheresses. L'enfant terrible du Souss et le phénomène de la littérature marocaine d'expression française, Mohamed Khaïr-Eddine, l'a évoqué ainsi dans l'un de ses poèmes : " Arbre magique et vénérable, tes racines forent le roc et scellent avec la terre un pacte irrévocable ; tu es le végétal le plus résistant et sans doute le plus beau ... "

En effet, l'arganier n'a pas besoin de beaucoup d'eau ; il peut se contenter d'une pluviométrie très basse. Il n'est pas non plus exigeant au niveau de la terre ; il n'est pas rare de le voir se tenir, coûte que coûte, même dans les falaises les plus raides. Il peut pousser n'importe où pourvu que le climat soit un " hiver chaud ou tempéré, une humidité de l'air toujours forte et une fréquence élevée de brouillards ", selon l'expression de Nada Radi, une scientifique qui a rédigé toute une thèse de doctorat sur cet arbre qu'elle considère, à juste titre, comme appartenant à la famille des " arbres de fer ", à cause certainement de son entêtement indémontable à survivre dans un milieu parfois très hostile.

Inconscience

Plusieurs facteurs concourent à détruire l'arganier dont la nature elle-même. La sécheresse endémique qui sévit dans la région depuis des siècles et surtout les fortes tempêtes du vent qui ne sont pas, heureusement, régulières. Mais lorsqu'elles soufflent, elles provoquent un véritable massacre, une hécatombe.

Au début des années 80, une tempête d'une violence inouïe a frappé une grande partie de la vallée du Souss. J'ai vu de mes propres yeux des centaines et des centaines d'arbres tomber pour le plus grand bonheur des animaux et surtout des hommes. En quelques semaines, tous les arganiers ont complètement disparu, car coupés et vendus dans les marchés de la région et même d’ailleurs.

L'État aussi a une grande part de responsabilité. Du temps déjà de la présence française, des milliers et des milliers d'arbres ont été transformés en charbon de bois. Pour vous donner une idée de ce crime impardonnable : 2000 hectares sont sacrifiés chaque année entre 1918 et 1924.

Pire, après l'indépendance la destruction a suivi son bonhomme de chemin. À cause de l'extension galopante de l'urbanisation et de l'agriculture intensive. Le développement des villes comme Biougra, Aït Melloul et Agadir par exemple se fait de plus en plus au détriment de la forêt ou ce qui il en reste.

Plus grave encore, en plein milieu de la forêt d'Admim, l'une des forêts les plus importantes du Souss, il a été érigé, au plus grand dam des habitants de la région, un aéroport et deux autoroutes, la première reliant Aït-Melloul et l'aéroport et la deuxième reliant cette même ville à Taroudante. Résultat : des milliers d'arbres à jamais perdus.

Et last but not least, les autorités n'ont pas trouvé mieux que de brader à un Saoudien une grande partie de cette même forêt, qu'il a entourée d'une muraille longue de plusieurs mètres, pour y pratiquer, semble-t-il, son sport favori, la fauconnerie. Un véritable scandale qui n'émeut pas grand monde malheureusement.

Et cerise sur le gâteau, le Maroc a perdu depuis belle lurette l'exclusivité de la marque d'" argan " au profit d'une entreprise française. Le journal marocain l' Économiste nous l'a rappelé récemment tout en se scandalisant devant ce fait accompli et surtout devant le terrible silence des officiels marocains qui ont montré, une fois de plus, qu'il font peu de cas de ce symbole distinctif de leur pays.

Il faut vraiment avoir le cœur bien accroché en voyant le sort réservé à cette richesse inestimable qui a été, depuis toujours, une source précieuse de vie pour tout un peuple authentiquement africain, les Berbères, qui s'accroche vaille que vaille à la vie un peu comme ce même arbre mythique.