L’ambiance est conviviale à souhait. Des visages très souriants. Des regards on ne peut plus accueillants. Ce qui est tout à fait normal, nous sommes au Meetup francophone de Toronto, ces rencontres qui rassemblent, régulièrement, les francophones et les francophiles de la plus grande métropole canadienne.
À la date annoncée sur le site Internet du Meetup, je me suis pointé au lieu indiqué. Un bar comme il en existe tant d’autres dans le centre-ville. Mais avec une caractéristique propre : la lumière est tamisée pour donner à l’espace un halo de paix et de sérénité. Une invite de tous les instants pour donner libre court à sa virtuosité… française.
Agglutinée dans un coin du bar où se tient la rencontre d’aujourd’hui, une foule compacte et bigarrée discute ferme. À coup sûr il s’agit de nos mordus du français de Toronto. D’ailleurs, plus on s’approche, plus des sonorités de la langue de Molière viennent nous caresser les oreilles.
Mais avec des accents et des intonations extrêmement divers. Ce qui est tout à fait normal et pour cause. Comme toujours, dans ce genre d’activités, toutes les catégories ethniques et nationales de la francophonie et de la francophilie sont ici représentées. Il y a là de tout : des Français, des Roumains, des Québécois, des Africains, des Chinois… Un vrai melting-pot humain dont le seul lien est le français ou l’amour du français.
Jeunesse
Mais ce qui saute le plus facilement aux yeux, c’est la jeunesse du public présent. Étonnant ? Pas tant que cela. En voyant l’enthousiasme, voire même le zèle pour certains, affiché par tout ce beau monde, on peut aisément affirmer que le français a encore et toujours une cote d’enfer. Un pied de nez à ceux qui l’ont vite enterré. Et c’est le moins que l’on puisse dire.
À franchement parler, le français séduit de plus en plus de jeunes personnes d’autant plus que sa maîtrise fait toujours élégant, classe. Bref, chic. C’est du moins ce qui ressort de mes échanges plus que cordiaux avec les gens présents. « Je suis venue ici pour la première fois, nous dit Liz, une charmante canado-chinoise. Et ce, pour avoir l’occasion de pratiquer la langue française que j’ai appris lors d’un séjour d’une année passée dans l’Ouest de la France ».
Abondant dans le même sens, Margarita, sa voisine, une jeune châtaine slovaque, dit à peu près la même chose, avec une légère pointe de timidité dans le ton. « Même s’il fait un froid de canard dehors, j’ai pris mon courage à deux mains, pour venir pratiquer mon français ici pendant quelque temps. », explique-t-elle un très sourire aux lèvres.
Engagement
Non loin de là. Debout autour d’une haute et longue table rectangulaire, Pierre Gilbert, l’organisateur de ce Meetup, trône au milieu d’un autre groupe de francophones et de francophiles plus masculin que féminin. Un verre à la main, notre Québécois jusqu’au bout des ongles explique longuement les raisons de son engagement. Mais un leitmotiv revient le plus souvent : la défense et la promotion du français.
Même s’il n’a pris les rênes de ce Meetup qu’il y a deux ans, il n’a de cesse de répéter que ces rencontres lui donnent tous les plaisirs du monde. Surtout que les gens n’hésitent jamais à lui manifester leur reconnaissance.
Patron d’une école privée pour l’enseignement des langues et ex-enseignant de français, Pierre Gilbert, joint en quelque sorte avec ce Meetup francophone l’utile à l’agréable. Il permet à ceux qui maîtrisent le français de passer un bon moment – et se faire des amitiés- et à ceux qui sont en cours d’apprentissage de se confronter à la réalité du terrain.
En tous les cas, que l’on fasse partie de la première ou de la deuxième catégorie, il y a toujours quelque chose à y gagner en venant assister au Meetup francophone. Alors, comme le dit si bien, Pierre Gilbert, bienvenue chez nous ! Un chez nous en plein milieu d’une mer anglophone. En tous les cas, c’est toujours mieux que rien.